(Voir le PDF) Le mois de mai en Iran a été marqué par de nombreuses arrestations, des mariages forcés d’enfants, des pressions très dures sur les prisonnières politiques et des peines de fouet. Il est aussi marqué par la crise économique en Iran dont les femmes sont les premières victimes.
Le 1 mai
Chômage au féminin
Dans la province du Golestan dans le nord de l’Iran, seules 18.2% de la population féminine active ont un emploi. C’est ce qu’a annoncé Kolthoum Ghaffari, la directrice des affaires des femmes et de la famille au gouvernorat de la province le 1 mai. “Etant donné que les femmes forment 52% de la population du Golestan et que nous avons 54.000 mères idolées, 18.2% des femmes ont un emploi et c’est vraiment très peu.
(agence Fars – 1 mai 2016).
Le 1 mai
Récits de travail
Les femmes qui travaillent en Iran racontent :
“Sarveh, 28 ans, travaille dans une agence de voyage à Sanandaj dans l’ouest de l’IIran. Aux heures de pointe, elle se retrouve seule au bureau. Elle est sans doute la plus travailleuse de l’agence. Mais comme elle est une femme, elle ne reçoit qu’un sixième du salaire de ses collègues hommes Ils touchent 900.000 tomans par mois et elle seulement 150.000. Elle n’a pas d’assurance maladie ni chômage et n’a pas réussi à en avoir malgré de nombreux efforts.
Leila, 25 ans, est secrétaire médicale chez un dentiste. «Mon salaire équivaut à l’argent de poche des gosses de riches. J’étais bonne élève mais je n’ai pas pu aller à l’université. Mon père est malade et handicapé et j’ai dû travailler pour aider ma famille. Mais je ne peux pas l’aider beaucoup avec ce salaire. Je gagne 300,000 tomans (environ $90) par mois. Les transports me coutent 100.000 tomans et le reste n’est qu’un pansement sur nos problèmes.
(Source , agence Irna, 1 mai)
Le 3 mai
Atena Faraghdani libérée
Hourra ! Atena Faraghdani a été libérée le 3 mai en Iran ! La jeune dessinatrice avait été emprisonnée pour douze ans pour ses dessins. Merci à toutes celles et tous ceux qui ont cliqué pour la soutenir et pour sa libération. Restons mobilisés pour la libération de tous les prisonniers politiques et de conscience en Iran.
Le 5 mai
Un violeur d’enfant relâché
En Iran, le violeur d’une petite fille de 9 ans, Neda, en Iran a été relaxé par le tribunal des mollahs.
Cet instituteur de 30 ans est marié et père de deux enfants. «Le médecin légiste a constaté les cicatrices, les hématomes et le reste sur le corps de la fillette indiquant qu’elle avait été agressée. C’était aussi écrit dans le rapport médical», a dit un parent de la petite Néda.
«Mais le tribunal a ensuite envoyé une lettre disant qu’une enquête spéciale avaient montré qu’il ne s’agissait que de coups et pas de viol. Et c’est la raison pour laquelle l’instituteur a été relaxé et que le mandat lancé contre lui a été annulé.»
Ce parent continue : «La cour ne nous a pas écoutés. Notre situation financière n’est pas bonne alors que l’instituteur est riche. Un de ses frères est banquier et un autre appartient aux gardiens de la révolution. IIs ont même envoyé quelqu’un pour nous dire qu’ils nous donneraient 60 millions de tomans et une voiture et qu’ils nous financeraient à vie. Si l’instit n’avait pas violé la petite, ils nous auraient fait ce genre de propositions?»
Le 9 mai
Les actrices doivent se couvrir les poignets
Les actrices iraniennes devront désormais se couvrir les poignets avec des chaussettes et cacher leur cou.
C’est ce qu’a révélé dans une interview Ali Nassirian, un acteur de longue date du cinéma et du théâtre iranien. Il a critiqué le régime en place pour ces restrictions et cette censure. “C’est exagéré, pourquoi ces extrêmes? Il est tout à fait évident que le public ne peut suivre.»
Récemment, 30 actrices en Iran ont protesté contre la corruption et la discrimination sur les chaines de télé iranienne.
Le 9 mai
Elles manifestent contre les coupures d’eau
Une cinquantaine de femmes ont protesté plusieurs jours à Nichapour dans le nord-est de l’Iran devant le gouvernorat contre les coupures d’eau et de gaz.
“ça fait 13 jours qu’ils nous ont coupé l’eau et le gaz et en réponse à nos plaintes, ils avancent que nous ne sommes pas dans les limites de la ville alors que nos maisons sont à 300 m de la cité universitaire Azad”, dit la représentante des manifestantes.
«Nous avons écrit au gouverneur plusieurs fois, mais personne ne veut en prendre la responsabilité.
Nous sommes 50 femmes et nous sommes là pour réclamer nos droits. Notre quartier compte 700 habitants et on se dispute pour de l’eau potable.»
(Source : agence ILNA, 9 mai 2016)
Le 9 mai
Interdites de jouer
Les musiciennes de l’orchestre de Hafez Nazeri ont été interdites de jouer pour la troisième représentation de leur concert intitulé “Nagofteh» (non-dit) qui doit avoir lieu à Ispahan, dans le centre de l’Iran les 19 et 21 mai. Hafez chantera avec son père, le célèbre chanteur Shahram Nazeri.
Un musicien remplacera la soliste Atena Eshtiaghi. Le choeur féminin de Shiva Soroush, Mahnaz Shah-Mohammadi et Elaheh Heydari a aussi été interdit à ce concert d’Ispahan. C’est la politique officielle du ministère de la «culture et de l’orientation» dans l’Iran des mollahs.
Le 9 mai
La ségrégation sexuelle
La ségrégation sexuelle s’installe dans les restaurants en Iran. A Téhéran l’un d’entre eux vient d’écrire sur ses additions : “les hommes recherchent la vérité mais les femmes sont superficielles” (photo).
L’établissement a aussi imprimé des menus différents pour les hommes et pour les femmes. Il agit en toute impunité, encouragé par les lois misogynes des mollahs.
Le 13 mai
Arrêtée pour être entrée dans un stade
Une ado de 15 ans, déguisée en garçon, a été arrêtée à l’entrée du stade Azadi à Téhéran où elle voulait assister à un match de football.
La jeune fille avait déjà réussi à se faufiler dans les tribunes le mois dernier pour y voir le match Perspolis-Esteghlal.
Le régime des mollahs en Iran a interdit aux femmes l’entrée des stades, ce qui oblige beaucoup d’entre elles, fans de sport, à changer d’apparence pour pouvoir suivre leurs clubs favoris.
(Source : site sportif Varzesh 3, du 13 mai 2016)
Le 14 mai
Les femmes à vélo créent de l’insécurité
“Les femmes à vélo dans diverses parties de la ville, créent de l’insécurité dans la société», a estimé Youssef Tabatabaï-Nejad, brontosaure de son état et représentant du guide suprême des mollah dans la ville d’Ispahan, en Iran.
Citant les propos de Khamenei, le guide suprême en question, il a souligné que les femmes à vélo étaient une brèche dans la sécurité, qui s’inscrit au même titre que le trafic de drogue. Rappelons que dans l’Iran des mollahs tout ce qui a rapport à la drogue est puni de pendaison. La comparaison que fait ce mollah n’est pas anodine.
(Source: le site Aftab du 14 mai 2016)
Le 18 mai
10 ans de prison pour sa défense des droits humains
L’injustice des mollahs en Iran a condamné ce 18 mai la prisonnière politique Narguesse Mohammadi à 10 ans de prison. Elle est accusée d’avoir lancé la campagne «Legam» contre la peine de mort et d’association et collaboration contre le pouvoir, et bien sûr de propagande contre le régime.
Narguesse Mohammadi, Vice-présidente de la Ligue des défenseurs des droits humains, a été arrêtée le 5 mai 2015, chez elle, sans le moindre mandat d’arrêt et incarcéré à la prison d’Evine à Téhéran.
Elle souffre des poumons et de paralysie musculaire. Le régime a forgé contre elle une nouvelle accusation : «outrage à officier à l’hôpital», parce qu’elle protestait contre le traitement inhumain qu’on lui imposait.
Le 20 mai
Chrétienne en prison
La prisonnière de conscience chrétienne Maryam Naghash Zargaran détenue à la prison d’Evine de Téhéran en Iran, souffre de graves douleurs à l’oreille et de vertiges permanents.
Les médecins de la prison lui ont prescrit de ne pas tourner la tête pendant deux semaines et que si le problème persiste, il lui faudra se faire opérer. Mais le procureur refuse de lui délivrer un permission de sortie pour suivre un traitement hors des murs de la prison.
Cette chrétienne a été condamnée à 4 ans de prison pour atteinte à la sécurité via sa collaboration avec une association.
Le 23 mai
Une victime d’agression à l’acide abandonnée
Ameneh Bahrami, une victime des agressions à l’acide en Iran, est confrontée à de multiples problèmes pour vivre et se soigner car les autorités l’ont abandonnée à son sort.
Dans une lettre au procureur général, Ameneh Bahrami se plaint de n’avoir pas été entièrement indemnisée et qu’elle a dû s’endetter auprès de nombreuses personnes pour pouvoir se soigner. Par ailleurs, sa mère a cessé son travail pour s’occuper d’elle et n’a pas touché d’allocation chômage. Elles se retrouvent aujourd’hui dans de grandes difficultés.
Ameneh Bahrami a été vitriolée par un homme qui voulait l’épouser. L’homme a été condamné par la loi du Talion à être aveuglé à l’acide, mais Ameneh l’a gracié. Elle n’a demandé que des dommages et intérêts pour pouvoir se soigner.
(Source : agence Tasnime, du 23 mai 2016)
Le 24 mai
Sans nouvelles d’une prisonnière politique
«On reste sans nouvelle du sort réservée à une prisonnière politique kurde quelques semaines après l’arrestation d’Afsaneh Bayazidi et de son frère Chahou, la famille reste sans nouvelles sur leur sort.
Les parents ont déployés de vastes efforts pour retrouver leurs enfants. On leur a dit que leur fils était incarcéré à la prison des services de renseignement de Boukan, Mais rien n’a filtré sur Afsaneh.
Cette dernière a été arrêtée sans le moindre mandat, à son domicile le 24 avril 2016. Elle avait déjà été convoquée et arrêtée plusieurs fois.
Le 24 mai
Mannequins arrêtés
Les mannequins arrêtées au mois de mai en Iran pour avoir posté des photos sans foulard sur les réseaux sociaux comme Instagram risquent deux ans de prison ou une amende en liquide de 4 millions de tomans.
L’avocat Abdossamad Khorramshahi a expliqué : “Selon les articles 638 et 742 du Code pénal, toute personne postant des photos affreuses et crues de soi sur internet encourt jusqu’à deux ans de prison ou une amende de 4 millions de tomans (1000 €) en liquide.»
Huit mannequins iraniens ont été arrêtées début mai accusées de diffusion de culture anti-islamique pour leurs photos sur internet.
(Agence Mehr du 24 mai 2016)
Le 25 mai
Une militante écologiste arrêtée
La militante écologiste Zakieh Neissi, qui appartient à la minorité ethnique arabe de l’Iran, a été arrêtée le 17 mai par les services de renseignements de la ville d’Ahwaz dans le sud-ouest du pays, qui ont apporté plusieurs démentis …
Son frère a révélé que les services de renseignement avaient convoqué leur père le 18 mai pour lui demander de démentir l’arrestation de sa fille devant les caméras, ce qu’il a refusé. Depuis, plus aucune nouvelle de Zakieh.
Le frère a aussi affirmé que pendant la détention de sa sœur, un message est apparu sur sa page Facebook disant : “j’ai été convoquée par les services et je suis rentrée chez moi. Ils m’ont interrogée sur mes activités écologiques et comment je devais les mener dans le cadre des lois de ce pays.»
Son frère insite sur le fait que ce n’est pas du tout le style de sa sœur et que les agents ont pris son ordinateur et ont eux-mêmes posté ce texte sur son compte Facebook.
C’est une tactique bien connue des services de sécurité pour tromper la famille et les amis, afin de leur soutirer des informations
Zakieh Neissi, 26 ans, est ingénieur agronome et milite pour la préservation de la culture de la minorité arabe et surtout la préservation de l’environnement. Depuis des années les gardiens de la révolution dévient les eaux du fleuve Karoun. Cela a soulevé de nombreuses protestations et manifestations. C’est un point sur lequel Zakieh est très active, car ce détournement des eaux a confronté la région à une forte sécheresse.
Le 25 mai
Tabassée et arrêtée chez elle
Soheila Kargar, une militante des droits civils de la ville de Qazvine, dans le nord-ouest de l’Iran, a été violemment tabassée à son domicile avant d’être arrêtée par les forces de sécurité le 15 mai 2016.
Son frère Jafar Kargar a écrit sur sa page Facebook : «les services de renseignement ont frappé à la porte en se faisant passer pour des agents de la compagnie d’électricité venus relever le compteur. Ensuite ils l’ont poussée par terre et se sont mis à lui donner de violents coups de pieds. Ils ont fini par la menotter et l’emmener. Ils ont tout cassé dans la maison et ont emporté son ordi, son téléphone, ses CD et ses livres.»
Soheila Kargar s’était présentée à la candidature lors des dernières législatives, mais a été disqualifiée. Pour être candidat, il faut jurer allégeance et prouver «dans les actes et dans le cœur » fidélité au guide suprême. Et même après ça, il faut passer par toute une série de filtres qui ne gardent que le jus pur et dur des partisans de ce régime ….
Le 26 mai
Deux syndicalistes kurdes dans le viseur
Deux syndicalistes kurdes ont été convoquées par les services de renseignements en Iran. Elles ont été interrogées pour avoir tenu une cérémonie du 1er mai.
Sholeh Goudarzi et Rozhine Ibrahimi doivent retourner dans les bureaux des services de renseignements pour continuer leur interrogatoire dans les jours qui viennent.
D’autres participants à cette cérémonie du 1er mai, interdite en Iran, avaient été arrêtés peu avant.
Le 26 mai
Des étudiants fouettés
Plus d’une trentaine de jeunes, filles et garçons, ont été arrêtées dans la ville de Qazvine en Iran, parce qu’ils fêtaient ensemble leur réussite aux examens. Ils ont reçu chacun 99 coups de fouet.
Le procureur de la ville a annoncé que dans une comparution immédiate ils ont été condamnés au fouet et que la sentence a été appliquée le jour même.
Il a rappelé qu’être arrêté dans des fêtes mixtes, la mise en examen qui suivra et la peine infligée seront inscrites dans le casier judiciaire des jeunes et affecteront leur avenir et leur carrière.
(Source le site officiel Alef website – 26 mai 2016)
Le 28 mai
Plus d’un millier d’ados devenues mères
Plus d’un millier d’adolescentes sont devenues mères en Iran l’an dernier, selon l’état civil iranien, 1511 ados de moins de 15 ans exactement.
37.117 filles de moins de 15 ans ont été mariées et 96.351 filles entre 15 et 19 ans ont eu un enfant pendant la même période.
L’âge légal du mariage pour les filles est de 13 ans en Iran, mais une fille de moins de 10 ans peut être mariée avec l’aval de son père et du juge … deux hommes.
Le 28 mai
Privées de contact avec leurs familles
Les détenues de la prison d’Evine ont été privées de correspondre avec leurs familles. Toutes les permissions de sorties ont été annulées jusqu’à prochain avis.
Les nouvelles restrictions leur ont été annoncées par les autorités. La section féminine est entièrement politique. Contrairement à tous les autres détenus de la prison, ces femmes étaient déjà privées de téléphoner à leurs familles.
La raison de ces nouvelles directives est inconnue mais sur la base de l’expérience, ce genre de restriction prépare la voie à des crimes contre les détenues.
La commission des Femmes du CNRI a publié un rapport en mars 2016 sur la situation des prisonnières et de la prison d’Evine en Iran.
Le 31 mai
Révoquée sur ordre du Guide suprême
Une femme «élue» au parlement des mollahs révoquée sur ordre de Khamenei en Iran. Le dossier de Minou Khaleghi a été clos sur les ordres du guide suprême des mollahs Ali Khamenei, le 31 mai 2016. Minou Khaleghi s’était présentée aux législatives à Ispahan. Elle a été disqualifiée par le Conseil des gardiens après son élection.
Un député des mollahs, Mohammad Javad Fat’hi a dit que la décision avait été annoncée au président du parlement Ali Larijani et finalisée. Mme Khaleghi n’est plus députée. On comprend pourquoi on parle de mascarade électorale sous le régime des mollahs.
Elle avait protesté contre des propos injurieux d’un député sur la présence de femmes au parlement. Pour être candidate, elle avait dû prouver et jurer qu’elle était loyale dans le cœur et en acte au guide suprême. Les mollahs sont tellement misogynes, qu’ils ne supportent même pas les femmes qui leur sont fidèles.
(Source agence ILNA, 31 mai 2016)