Farideh Goudarzi: Torturée pendant sa grossesse en Iran

Voici les extraits d’un discours de Farideh Goudarzi, ancienne prisonnière politique, prononcé le 26 novembre 2016 lors de la conférence « Appel à la justice » à Paris, en présence de la présidente élue de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi :

Je m’appelle Farideh Goudarzi. Je suis sympathisante de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI – opposition démocratique aux mollahs). J’ai quitté mon pays il y a deux mois.

J’ai connu l’OMPI pendant la révolution antimonarchique. J’ai été arrêtée en été 1983 et j’ai passé cinq ans et demi à la prison d’Hamedan (ouest de l’Iran). Je suis un des témoins du massacre de 1988.

J’ai été arrêtée avec mon mari et mon frère. J’étais enceinte et sur le point d’accoucher.  Malgré tout, dès mon arrivée en prison, ils m’ont emmenée dans la salle de torture. C’était une pièce sombre avec un banc au milieu et une variété de câbles électriques pour frapper les prisonniers.

Un de ceux qui étaient présents lors de ma torture était Ebrahim Raïssi, alors procureur en chef d’Hamedan et membre du Comité de la mort du massacre de 1988.

Quinze jours plus tard, j’ai donné naissance à mon fils, Iman, alors que j’étais dans de terribles conditions physiques et psychologiques. Après sa naissance, ils nous ont placés en isolement. C’était des jours horribles. J’avais plusieurs interrogatoires par jour avec mon nouveau-né. Parfois, je n’avais pour le nourrir que de l’eau et du sucre pendant 48 heures. Et il était très malade. Le silence de la section était souvent brisé par les pleurs de mon fils Iman, ce qui faisait pression sur les autres prisonniers.

Au bout de six mois ma famille a été informée de mon arrestation. Et comme j’étais dans le couloir de la mort, j’ai confié mon bébé à ma famille lors d’un parloir. Ma séparation avec lui a été terriblement difficile, car il ne voulait pas me lâcher, il criait et pleurait. Plus tard, j’ai appris qu’il était tombé gravement malade et que le médecin avait dit à ma famille d’obtenir un morceau de mes vêtements pour qu’il me sente et se calme.

Mon mari, Behzad Afsahi, a été pendu en juin 1984 après avoir subi de nombreuses tortures. Et ma soeur, Fariba Goudarzi, a été tuée dans l’opération Lumière Éternelle par les hommes du régime.

En 1988, j’étais en isolement à la prison des gardiens de la révolution, et sous la torture pendant trois mois. Je ne savais pas ce qui se passait à l’extérieur. Plus tard, j’ai appris que tous les soirs, des prisonniers étaient exécutés et que cela se faisaient sans problèmes, dans des conditions de sécurité spéciales. Mon frère, Parviz Goudarzi, figure au nombre des premières victimes du massacre de 1988 à Hamedan.

Quand au bout de trois mois je suis sortie de l’isolement, j’ai constaté que beaucoup de prisonniers avaient été exécutés. Lorsque ma famille est allée au tribunal pour savoir où était mon frère, elle a rencontré un grand nombre de familles venues poser des questions sur leurs enfants. C’est là que tout le monde a appris qu’ils avaient été exécutés.

Tout au long des années qui ont suivi ma libération de la prison, j’ai vécu dans des conditions de sécurité sévères imposées par le régime et nous n’avons jamais bénéficié de droits sociaux. Mon fils Iman a également été arrêté pour son soutien à l’OMPI. Aussi après sa libération, nous avons décidé de quitter l’Iran et nous sommes maintenant avec vous. 

Chère Maryam Radjavi, je tiens à vous remercier pour la campagne d’appel à la justice pour les victimes du massacre de 1988. Vous êtes la voix de toutes les familles endeuillées et la réponse à leurs douleurs et leurs souffrances.

Je suis venue rejoindre le Mouvement en quête de justice pour les 120 000 victimes d’exécutions politiques, comme mon frère, ma sœur, mon mari et mes meilleurs amis. Avec votre appel, nous sommes maintenant assez forts pour demander justice pour nos proches, jusqu’à ce que chacun des criminels de ce régime sanguinaire soit traduit en justice.

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