Première femme Premier ministre de Slovaquie et ancienne ministre de la Défense et du Travail
Intervention lors d’une table ronde intitulée « Les femmes au leadership, l’expérience de la résistance iranienne» – Tirana, 8 Mars 2017
Chaque jour, je regarde ce qui se passe dans le monde et je me pose une seule question. Comment est-ce possible au 21ème siècle? J’essaie de trouver la réponse. Parce que si vous regardez autour de vous, il y a toujours le pire, de plus en plus d’armes au lieu d’amitié.Dans le monde entier, on vote pour des politiciens très éloignés de ce qu’on peut appeler des démocrates à la recherche de leurs propres perspectives, sans doute celles des grandes entreprises mais pas celles des citoyens. Dans le pays voisin, en Ukraine, la guerre fait rage. Tous les autres voisins, en Hongrie, en Pologne, il y a des forces politiques populistes et anti-libérales qui se nomment elles-mêmes « illibérales ». Elles considèrent la sécurité comme la chose la plus importante et paient le prix de la sécurité avec les droits humains. Ceux qui sont du côté des droits humains sont désormais écartés, dans leur coin, et parlent des rêves que nous ne pouvons pas réaliser en raison de la sécurité. [Mais] la sécurité contre qui et pour qui ? La seule sécurité dans notre vie est celle fondée sur la liberté. Il n’y a pas d’autre sécurité. Tous les autres types de sécurité sont fondés sur des meurtres, des attaques, des exécutions, des emprisonnements et par conséquent sont opposés aux êtres humains.La seule chose qui soit sûre est la dignité humaine, la liberté et la démocratie.Alors, [quand] je pense à ce qu’il faut faire, je regarde ce que vous pouvez faire. Peut-être qu’en Europe, nous avons oublié que nous devons nous battre chaque jour pour les droits humains. Nous avons peut-être oublié que nous sommes interconnectés avec toutes les autres parties du monde. Nous avons oublié que compter uniquement sur le comportement des consommateurs n’est pas un mode de vie. Nous avons oublié où nous étions il y a cent ans. Nous avons sans doute oublié le prix des vies humaines pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Il y a des millions d’immigrants dans le monde parce qu’ils ne peuvent pas vivre en Europe. Peut-être que nous avons oublié que si un enfant pleure, alors le monde n’est pas le meilleur endroit pour vivre.Alors, ce que je peux vraiment dire, c’est que vos espoirs, vos rêves sont quelque chose dans laquelle nous pouvons espérer et à laquelle nous pouvons rêver encore une fois. Pour moi, ces jours-ci m’ont permis de renforcer ce en quoi je crois et que je ne dois jamais oublier ce qu’est le plus important dans la vie. Et cette chose la plus importante est la même en Iran, en Syrie, au Liban et partout ailleurs. Nous devons avoir la liberté non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes, parce que nous vivons ensemble.Donc, quand je rentrerai chez moi, je répèterai ce message. Vous pouvez me croire. Vous pouvez me faire confiance. Et je suis prête à en faire davantage. Je commencerai par le mouvement basé sur le Forum de la liberté et de la démocratie en Europe. Il est grand temps. Il est temps parce qu’un beau matin, nous nous réveillerons et nous verrons encore une fois qu’il y a davantage de frontières, de murs, de sociétés fermées sans possibilité de jouir de la citoyenneté et d’un mode de vie fondé sur l’égalité.Nous devons donc nous battre. Et vous m’avez donné le but, l’espoir et l’énergie.Merci beaucoup.