Je m’appelle Azam Fatemi. Je viens de Saveh, une belle ville de la province centrale d’Iran. Ces jours-ci me rappellent l’été 1981. Ils me ramènent aussi aux jours de la révolution de 1979.A cette époque, j’étais au lycée.
J’aimais étudier et je passais la majeure partie de mon temps à étudier et à lire. Dans notre famille et chez les voisins on avait pour habitude de tisser des tapis, et un grand nombre de filles de mon âge y travaillaient. Mais ça ne me plaisait pas.Une voix intérieure me disait d’aller découvrir ce que je ne connaissais pas, d’apprendre de nouvelles choses, d’avoir de nouvelles expériences et d’acquérir des connaissances sociales.Quand j’ai eu 13 ans, plusieurs de mes amies ont été arrêtées par la Savak, la police politique du chah. Tout le monde connaissait ces filles parce qu’elles étaient très différentes, d’apparence, d’attitudes. Tout ce qu’elles faisaient me semblait si intéressant. Elles n’étaient pas comme les autres collées à une vie ordinaire. Elles essayaient d’avoir leur mot à dire dans les événements politiques, au collège et à l’université. Elles voulaient l’égalité et la liberté dans la société. Je pouvais voir mes propres idéaux et mon avenir en elles.Alors, en suivant leur modèle, j’ai aussi commencé mon propre parcours.Avec ma soeur qui était plus jeune que moi de deux ans, nous lisions des livres avec des amis et nous parlions de l’avenir et de ce qu’il devrait être. Nous parlions de nos objectifs, de nos ambitions et de nos idéaux. J’étais tellement heureuse, surtout parce que deux de mes frères plus âgés étaient comme moi et suivaient les mêmes idéaux.Après la Révolution de 1979, je me suis familiarisée avec les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), une organisation démocratique d’opposition au chah, à travers mes frères et en lisant leur journal. Peu à peu, j’ai commencé à mener des activités pacifiques, à distribuer des tracts et des brochures. Cependant, au fur et à mesure que les libertés sociales se limitaient, il devenait plus difficile pour les gens comme moi d’avoir une liberté d’action …Puis le 20 juin 1981 est arrivé. J’ai été arrêtée dans une manifestation dans notre ville, Saveh. J’ai été emprisonnée pendant près d’un an jusqu’à ce que ma mère ait réussi à hypothéquer notre maison et à emprunter de l’argent à la banque pour payer ma caution et obtenir ma libération.Après ma sortie de prison, la vie était complètement différente. Tout avait une signification différente. Je ne tenais pas en place, il me fallait agir constamment.Je sentais que ma place n’était pas à la maison alors qu’il n’y avait pas de liberté, où un nombre incalculable de jeunes étaient tués chaque jour, sous la torture ou fusillés.Ma place était dans les rangs d’un grand mouvement de résistance qui voulait renverser le régime.Je ne pouvais plus rester silencieuse et spectatrice. Je ne pouvais pas rester indifférente à l’arrestation des femmes, à leur licenciement et à leur marginalisation.Néanmoins, le jour où j’ai pris ma décision de quitter la maison et ma famille, a été vraiment une journée difficile …J’ai passé en revue les visages de ma mère, de mon père, de mes soeurs et de mes frères et j’ai décidé de les laisser pour une bonne cause. J’ai quitté mes proches pour un avenir rempli d’espoir et entrer dans un monde nouveau inconnu.Il faut quelques secondes pour prendre une telle décision, mais elle affecte toute notre vie.Quand j’ai voulu leur dire adieu, j’étais submergée par l’émotion. Mes souvenirs ont commencé à défiler devant mes yeux comme un film. Les moments de bonheur et de chagrin avec ceux que j’aimais le plus.Mais il y avait une voix qui m’avait dit que ces beautés pouvaient être encore plus grandes avec la liberté en Iran et, pour y parvenir, j’ai dû me battre.Avec l’aide et le soutien de mes amies, j’ai pris ma décision finale sans réfléchir davantage. J’ai pris mon sac et je suis partie à la maison pour un voyage dans l’avenir.31 ans après, je peux résumer ma vie et ma lutte en une seule phrase.Celles qui cherchent la liberté, la trouvent en luttant pour elle et, bien sûr, en payant le prix.