Maryam Hosseini

Endurante et résistante

 

Date de naissance: 1964

Lieu de naissance: Téhéran

Etudes : baccalauréat

Activisme politique: 30 ans

Années de prison: 4 ans

Tombée au champ d’honneur : 1 septembre 2013

 

Maryam est née à Téhéran à une famille de classe moyenne. Dès son plus jeune âge, elle s’est initiée à la politique par le biais de ses deux frères qui étaient prisonniers politiques.

Elle était une élève brillante. Elle était gentille et sympathique et essayait toujours d’aider ceux qui l’entouraient. Elle avait l’habitude durant ses vacances d’été de donner des cours de rattrapage à ses camarades de classe moins compétentes. Les sentiments purs et modestes de Maryam la faisaient toujours se préoccuper des personnes frappées par la pauvreté.

Durant la révolution contre le chah en 1978 et 1979, elle a participé activement aux manifestations, malgré ses 14 ans. En raison de son jeune âge et de sa petite taille, les gens l’évacuaient des zones de conflit et la ramenaient chez elle. Mais Maryam repartaient dans les rassemblements quelques jours plus tard.

Avec la libération des prisonniers politiques, elle a retrouvé ses deux frères, ce qui lui a permis de connaître l’organisation des Moudjahidine du peuple de l’Iran (OMPI), l’opposition démocratique au chah puis aux mollahs. Gholam-Hossein, l’un de ses frères, lui a alors expliqué les objectifs de l’OMPI.

Maryam a rejoint les partisans de l’OMPI à l’âge de 15 ans et a commencé à promouvoir et à vendre des livres et des journaux à l’école. Elle a été expulsée à plusieurs reprises de son établissement en raison de ses activités politiques. Cependant, avec un effort persistant, elle a pu s’inscrire dans une autre école et continuer avec encore plus de passion.

Lors d’une manifestation pacifique le 23 juin 1981, tout en endurant les coups de pied et de poing des matraqueurs de Khomeiny, Maryam a continué à crier « à bas les intégristes » jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée avec une fracture du crâne et le corps couvert de blessures.

Elle a ensuite été emmenée dans une prison hors de Karadj, dans la banlieue ouest de Téhéran. Les tortures et les exactions en prison n’ont pu briser Maryam. Elle n’a même pas divulgué son vrai nom aux tortionnaires.

Maryam était l’une des prisonnières les plus endurantes et résistantes de la prison de Ghezelhessar, où elle a été transférée en 1984 dans l’ignoble quartier connu sous le nom de l’unité résidentielle, conçu pour anéantir l’identité humaine des femmes1. Cependant elle a persévéré et résisté à toutes les tortures vicieuses, fatiguant ses interrogateurs et tortionnaires, et devenant une modèle pour le reste des détenues.

Maryam a finalement été libérée après avoir subi quatre années de torture et de pression dans les prisons de Ghezelhesar et d’Evine. Entretemps, Gholam-Hossein et Abbas, ses deux frères, avaient été exécutés. Alors, Maryam est revenue à la maison pour retrouver sa mère âgée laissée seule. Le reste de la famille avait été exécuté, avait rejoint le mouvement de résistance, ou était dans la clandestinité.

Elle a fait de grands efforts pour rétablir ses contacts avec l’OMPI. Finalement, elle a réussi à quitter l’Iran en 1988 et à rejoindre l’OMPI à Achraf.

La force de Maryam était qu’elle acceptait n’importe quelle responsabilité avec enthousiasme et l’accomplissait rapidement et de la meilleure manière, souvent sans disposer de ressources adéquates. C’est avec un esprit aussi élevé que Maryam est restée au camp d’Achraf parmi les 100 habitants chargés de protéger les biens du camp quand tous les autres ont été transférés au camp Liberty.

Le 1er septembre 2013, Maryam a été abattue à bout portant par les forces spéciales de Maliki à Achraf dans une attaque ordonnée par le régime iranien. Elle a été menottée et on lui a bandé les yeux en raison de sa forte résistance, avant de lui tirer une balle dans la tête.

Maryam Hosseini et ses 51 camarades ont ainsi rejoint la galaxie de 120 000 martyrs de l’OMPI. Leur mémoire et leurs noms continuent d’illuminer la lutte contre le régime des mollahs, devenus source d’inspiration pour le peuple et la jeunesse en Iran, les appelant à se dresser et résister contre la dictature religieuse.

 

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1 – L’unité résidentielle était une section de torture de la prison de Ghezel-Hessar spécialement conçue pour les prisonnières de l’OMPI dans le but d’altérer leur santé mentale. C’est ce qu’on appelait le massacre blanc puisqu’elles y étaient torturées au point de tomber dans une folie irréversible via divers traitements sadiques mentaux et physiques cruels. La méthode de torture la plus courante était de les garder éveillées pendant plusieurs jours pour qu’elle perdre totalement le sens d’elles-mêmes, leurs repères de temps et de lieu, ce qui les faisait souffrir d’hallucinations et de dépression.

Les prisonnières avaient les yeux bandés toute la journée et les tortionnaires surveillaient constamment l’unité. Des attaques inattendues sur les prisonnières aux yeux bandés, accompagnées de coups de pied, de coups de bâton et de tête frappée contre le mur, étaient également une pratique courante.

Les gardiens obligeaient les prisonnières à se fouetter les unes les autres. Si une détenue refusait, les gardiens torturaient sévèrement l’autre prisonnière afin que la première soit forcée de fléchir et de fouetter sa camarade pour réduire ses souffrances.

Ils les contraignaient aussi à imiter les sons des animaux. Si quelqu’un désobéissait, ils battaient ses codétenues jusqu’à ce qu’elle soit forcée de faire ce que les gardiens ordonnaient, afin de sauver la vie de ses codétenues. Les prisonnières étaient humiliées régulièrement.

Tout cela visait à les briser. Le mot d’ordre des tortionnaires était : « vous devez vous décomposer ».

Lajevardi, l’ignoble tortionnaire en chef des prisons d’Evine et de Ghezelhessar, avait déclaré à cette unité : « Notre intention n’est pas de vous tuer afin que vous puissiez devenir des héroïnes. Il n’y a que deux façons dont vous pourrez sortir d’ici : soit vous vous repentez (trahison) soit vous devenez folles pour n’être plus utiles à l’organisation. » Cela donnait aux interrogateurs et aux tortionnaires carte blanche pour appliquer toute forme de tortures mentales pour les conduire à la folie.

Seule une poignée de prisonnières ont pu se remettre relativement de l’unité résidentielle. La majorité n’est jamais revenue à la normale, et malgré le passage de 30 ans, elles ne sont toujours pas en mesure de se rappeler et d’exprimer à quoi elles ont été exposées au quotidien.

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