Iran : Les femmes, victimes d’une discrimination institutionnalisée dans le monde du travail

La discrimination sexuelle est institutionnalisée dans les lois du pouvoir en place et le recrutement des femmes est contrecarrée par la législation.

Le statut des femmes dans le monde de l’emploi, ne se conforme à aucune des normes internationales et ne respecte aucunes des conventions et protocoles qui existent dans ce domaine dans le monde entier. En ce qui concerne l’embauche des femmes, la loi iranienne n’a rien à voir avec l’esprit d’autonomisation économique des femmes prescrit par les Nations Unies, ni les règles de l’Organisation mondiale du travail.

Bien que membre de la Commission des Nations Unies pour les femmes, le régime iranien n’a adopté aucune des mesures recommandées pour améliorer l’autonomisation économique des femmes. Pire encore, on peut dire qu’il agit dans le sens inverse. Au lieu de supprimer les « barrières structurelles et les lois discriminatoires » et de créer des « opportunités économiques égales », ce régime a accentué la discrimination contre les femmes et leur marginalisation.

Ali Khamenei, le chef suprême du régime clérical, énonce clairement l’esprit qui régit ces lois: « Dieu a créé les femmes pour un domaine particulier de la vie … l’emploi n’est pas un problème majeur pour les femmes ».

En conséquence, les femmes qui sont obligées de travailler pour soutenir leur famille, se soumettent à des circonstances de travail inhumaines, où elles travaillent pour des revenus insignifiants, sans le moindre droit à l’assurance, ni aux autres protections sociales ; des circonstances qui sont souvent celles de « l’esclavage », confirment certains experts nationaux.

La plupart des femmes qui travaillent sont chefs de ménage

La plupart des femmes chefs de ménage travaillent avec des salaires dérisoires et leurs conditions de vie s’aggrave chaque jour davantage.

Le 28 mars 2018, dans un débat sur le budget de l’État, Zahra Saei, la porte-parole de la commission parlementaire des affaires sociales, a révélé qu’à partir de l’automne 2017, les allocations familiales ont tout simplement été supprimées des revenus des femmes chefs de ménage et ont été soustraites des salaires qui avaient déjà été versés (le site Salamat news, 28 mars 2018).

Parvaneh Salahshouri, la présidente de la fraction des femmes au Parlement, a déclaré que dans le budget de 1997, le système des crédits a plutôt accru la précarité. Elle révèle que la prime d’assurance des femmes mères de plus de trois enfants ont diminué de plus de 30% (Agence de presse Isna, 18 décembre 2017)

En Iran, environ 3,5 millions de femmes chefs de ménage sont confrontées à de graves problèmes d’emploi et seulement 180 000 d’entre elles sont couvertes par l’organisme de protection sociale et touchent une pension mensuelle de 70 000 (soit moins de 10% du smic). Ces circonstances poussent beaucoup d’entre elles à avoir recours à des solutions extrêmes pour gagner leur vie, comme la vente des membres de leur corps, devenue de plus en plus courante en Iran. Beaucoup encore, sont contraintes de choisir une vie de sdf.

Les travailleuses, premières victimes de la faillite économique en Iran

Dans les circonstances actuelles de l’économie iranienne om les dépôts de bilan se suivent chaque jour, les travailleurs sont démunis de la moindre sécurité dans leur embauche. Les femmes sont les premières victimes de ces circonstances. Elles sont les premières qui sont visées par les licenciements dues à la baisse des effectifs dans tous les mous et remous de la crise économique.

Les femmes mariées sont les premières victimes de ces licenciements. La plupart des femmes sont expulsées dès qu’elles demandent le congé de maternité, et elles sont remplacées par des travailleurs(ses) célibataires.  Selon des chiffres fournis par un professeur d’Université, Fatma Sadeghi, sur une période de 10 ans, 74 000 femmes ont été licenciées après l’accouchement (Agence de presse Fars, 16 juin 2017).

L’année dernière le pouvoir en place a même aboli officiellement aboli le congé d’allaitement.

Un haut directeur du ministère du Travail avait émis un directif interdisant le licenciement des femmes dans la période des deux ans où elles allaitent, mais le tribunal général de la Cour de justice administrative a aboli ce directif dont la source a été jugée « sans compétence » (l’Agence de presse Tasnim, 15 septembre 2017).

Travailler sans contrat ni assurance

La discrimination institutionnalisée dans l’emploi a rendu quasi-impossible le progrès des jeunes femmes dans le monde du travail. En l’absence d’un emploi décent et face à un esprit patriarcal qui prévaut dans le marché du travail, beaucoup de femmes issues des universités sont réduites à des emplois insignifiants. « Au cours de ces 20 dernières années, 2 millions de filles ont été diplômées des universités du pays, ce qui représente 60% des diplômés du pays, mais le taux de chômage des femmes a augmenté », reconnaît un officiel du gouvernement.

La presse gouvernementale écrit que les femmes issues des universités se caractérisent par des salaires plus bas que ceux prescrits par la loi et pour un travail sans contrat, ni assurance.

Un rapport bouleversant publié dans le journal Shahrvand le 28 juin 2017, révèle qu’une femmes titulaire d’une maîtrise en sciences politiques et d’un Master en génie informatique, peut au mieux espérer vendre des sandwichs ou devenir secrétaire dans un bureau, ce qui lui ferait gagner entre 30 à 60€ par mois !

Le smic a été établi à 200€ par mois, alors que le seuil de pauvreté a été fixé à 800€ par mois.

Nombreux sont les femmes issues de grandes universités du pays qui se converties en marchandes ambulantes. Ce phénomène de marchand ambulant est devenu de plus en plus courant en Iran, surtout chez les femmes. Ces marchands ambulant(e)s sont souvent attaqué(e)s par les vigiles des Mairies qui les passent au tabac et qui confisquent une partie de leurs marchandises. Ces femmes sont donc en effet considérées comme des victimes d’une violence institutionnalisée. En même temps, le gouvernement de Hassan Rouhani a introduit le nombre des femmes, marchandes ambulantes, dans le bilan des emplois créés par le gouvernement !

Vente des organes de son corps : dernière chance pour la survie

Le taux de chômage des femmes augmente rapidement. Abu al-Hassan Firouzabadi, vice-ministre du Travail du cabinet de Hassan Rouhani a reconnu que 100 000 femmes sont licenciées chaque année. D’autres sources indiquent qu’au moins 900 000 femmes ont été licenciées au cours des 10 dernières années.

Ces chiffres désastreux aboutissent soit à la vente des organes de son corps pour survivre, soit à une vie de sdf, soit à la vente des bébés et enfants, et une panoplie d’autres maux sociaux qui secouent le pays.

Sous l’actuel régime, les femmes n’ont non seulement pas le moindre espoir de progresser dans leur activité professionnelle, mais elles ont encore à combattre régulièrement le licenciement, le chômage et une précarité galopante.

Cette institutionnalisation de la discrimination n’a cependant pas réduit en silence les femmes qui sont à l’avant-garde des luttes de la classe ouvrière et des autres couches de la société pour acquérir leurs droits. Au cours de 2017, elles ont participé à environ 200 mouvements de protestation, sans compter la part active qu’elles ont eu dans les révoltes de décembre et janvier dernier. Les femmes y ont joué un rôle de premier plan, notamment pour encourager la continuité du mouvement.

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