Golrokh Iraee toujours plus déterminée que jamais pour contribuer à un changement en Iran

La prisonnière politique Golrokh Ebrahimi Iraee en Iran, qui a mis fin à sa grève de la faim de 81 jours le 24 avril 2018, a été renvoyée à la prison d’Evine, comme elle l’avait réclamé. Voici des extraits de la première lettre qu’elle a envoyée après son retour à Evine.

Elle commence par saluer la mémoire de Farzad Kamangar, enseignant kurde exécuté le 9 mai 2010, avec quatre autres prisonniers politiques kurdes. Le reste de sa lettre est rempli de gratitude envers celles et ceux qui l’ont soutenue pendant sa grève de la faim et de promesses de poursuivre sa lutte pour un Iran libre.

Voici des extraits de sa lettre ouverte :

C’est une période tumultueuse. Chaque gorge qui crie est percée de balles.

On doit gémir à l’intérieur. Nous devons crier à l’intérieur de nous-mêmes.

Nos mains cherchent, mais plus elles le font, moins elles trouvent l’avenir pour lequel, depuis plus d’un siècle, nous nous sacrifions, mettant nos vies en jeu et nos cous dans le nœud coulant.

Parce que celles et ceux qui s’engagent sur ce chemin ne sont pas nombreux, et que les autres préfèrent se taire pour ne pas perdre la tête.

C’est pourquoi, se trouver dans cette sinistre prison est le plus grand honneur. Nous ferions mieux de monter sur nos chevaux sellés et partir vers notre destinée.

Je suis reconnaissante à chacun d’entre vous, même si ma gratitude ne peut être exprimée par des mots. Votre soutien m’a donné de l’énergie et de la puissance dans tous les jours difficiles que j’ai traversés.

J’espère être digne de prendre vos mains et de marcher avec vous sur ce chemin tortueux qui mène à un avenir libre, à la liberté des prisonniers politiques comme Zeinab (Jalalian) et de Ramine (Hossein Panahi), et à une société où il n’y aura plus de pauvreté, plus de censure.

En dehors de mes camarades et de mes proches qui m’ont soutenue, je suis également reconnaissante à toutes les prisonnières de la prison de Qerchak à Varamine, qui se sont tenues à nos côtés, Athena et moi, et qui ont partagé leurs expériences avec nous.

Ces chères amies étaient elles-mêmes victimes de pauvreté et de discrimination, victimes de la répugnante différence de classe sociale, victimes du manque de conscience et victimes de lois draconiennes, irrationnelles et archaïques.

Chacun d’entre elles pourrait écrire un chapitre entier du livre des maux de cette société explosive.

Ayant ressenti leurs douleurs, je suis de plus en plus déterminée à apporter ce changement majeur qui n’était qu’un murmure hier, mais qui aujourd’hui est un tumulte qui secoue tout le pays.

Golrokh Ebrahimi Irayi

20 mai 2018

Quartier des femmes de la prison d’Evine

Exit mobile version