Les femmes koulbars et les difficultés auxquelles elles sont confrontées en Iran

Koulbar

Koulbar est un terme utilisé par les habitants de la région kurde d’Iran pour désigner les colporteurs et les personnes qui transportent des marchandises à travers la frontière pour gagner leur vie. Les koulbars sont surtout à l’œuvre dans les provinces iraniennes de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan, du Kermanshah, du Sistan-et-Baloutchestan. En raison du chômage endémique dans le pays, ils n’ont trouvé d’autre choix que de transporter à pieds de marchandises via la frontière en échange de salaires dérisoires.

Travailler en tant que koulbar n’est pas un choix, mais une obligation qui est un sous-produit de la discrimination et de l’oppression sous le régime des mollahs ; c’est une conséquence de 40 ans d’une politique destructrice.

Le manque d’opportunités d’emploi, le manque d’usines et d’installations industrielles, le manque d’investissements dans les villes frontalières et en particulier au Kurdistan, et l’exclusion de ces régions des projets de construction, sont parmi les facteurs qui contribuent au nombre croissant des personnes qui doivent recourir à ce travail littéralement épuisant dans ces régions.

L’incapacité du gouvernement à créer des emplois décents pour les habitants des zones frontalières les a poussés vers des emplois de colporteurs, car c’est la seule façon pour eux de nourrir leurs familles pauvres.

Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes sont impliqués dans ce travail dans les provinces frontalières de l’Iran.

Dans le village de Sheikh Saleh, près du comté de Salas-e Babajani, dans la province de Kermanshah, on peut rencontrer des femmes et des filles qui supportent le fardeau des cargaisons beaucoup plus lourdes que leur propre poids, afin qu’elles puissent nourrir leur famille. Avec le peu d’argent qu’elles gagnent, les femmes portières essaient d’aider leur père, leur mari et elles-mêmes quand elles sont seules.

Tahmineh, 37 ans, est porteuse depuis plusieurs années. Elle dit : “C’est douloureux pour une femme célibataire koulbar d’endurer les épreuves. Les femmes kurdes n’ont jamais honte de travailler dur, mais la difficulté de travailler comme koulbar se voit rapidement sur nos visages et nous fait paraître vieux. Cela fait un an ou deux qu’ils ne permettent ni aux femmes ni aux hommes d’effectuer ce travail. Mais il y a deux ans, les femmes travaillaient aussi. Je travaillais également. J’allais à Salas et je travaillais avec un groupe de colporteurs. Je suis allée à la montagne plusieurs fois et j’ai rapporté des marchandises. Mais aujourd’hui, je ne peux plus marcher.”

A propos de la raison pour laquelle elle a eu recours à ce travail pénible, Tahmineh dit : “J’étais la seule à m’occuper de mes parents. Je n’avais donc pas d’autre choix que de trouver un emploi pour gagner ma vie. Les marchandises que je transportais étaient terriblement lourdes, exigeant beaucoup de force. J’avais l’impression que mon dos se brisait sous le poids. Nous avons dû marcher pendant quatre ou cinq heures, j’ai supporté tout cela parce que je devais gagner de l’argent et j’en avais besoin. C’est tout ce à quoi je pouvais penser.”

Narmineh et Saghar sont très jeunes. La pauvreté les a forcés à travailler comme koulbars. Elles disent : “Quand il le faudra, tu feras tout ce que tu pourras. Quand il n’y a pas d’emplois, nous sommes obligées de transporter des marchandises. Il y a des femmes à Paveh qui vont à la montagne pour seulement 700.000 rials [14€]. Elles attachent de lourdes charges de 20 kg à leur dos. Elles veulent gagner de l’argent et nourrir leurs enfants. Vous appelleriez ça de la contrebande, mais nous voulons apporter du pain à nos tables.”

Donya est une autre jeune femme qui est cheffe de famille et qui a fait l’expérience d’un porteur. Elle a également cité la pauvreté comme raison de ce choix.

Toutes ces femmes veulent une chose : gagner de l’argent pour gagner leur vie !

L’adjoint financier et administratif du Comité de Secours de Salas-e Babajani a déclaré : ” Les femmes sont confrontées à de nombreux problèmes financiers qui les font travailler comme porteurs. En peu de temps, elles souffrent de problèmes physiques. La plupart des femmes de la ville soutiennent leur mari… D’habitude, les femmes cheffes de famille font équipe avec d’autres et vont à la montagne.”

Le 31 juillet 2017, le régime iranien a ordonné de bloquer les voies de passage non autorisées des porteurs dans quatre provinces frontalières, dont l’Azerbaïdjan occidental, le Kurdistan, le Kermanshah, le Sistan-et-Baloutchistan. En fait, le régime a bloqué la seule source de revenus restante, quoique fastidieuse et inhumaine, pour les habitants des zones frontalières.

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