Une représentante des travailleurs dénonce le pouvoir en place pour les arrestations des sidérurgistes

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Dans une lettre ouverte publiée le 20 décembre 2018, Mme Parvin Mohammadi, ancienne représentante des travailleurs des industries métallurgiques et membre du Conseil d’administration du Syndicat libre des travailleurs d’Iran, a critiqué vigoureusement le pouvoir en place pour les rafles nocturnes effectuées dans les domiciles des sidérurgistes du Groupe National d’Acier à Ahvaz (GNA).

Les sidérurgistes d’Ahvaz étaient en grève depuis 38 jours et manifestaient quotidiennement dans les rues de la capitale de la province pétrolifère du Khouzistan, tout en bénéficiant de l’appui de la population et du pays en général. Les femmes se sont jointes aux sidérurgistes d’Ahvaz et ont défilé en première ligne de leurs manifestations.

Voici le texte intégral de la lettre de Mme Mohammadi, traduit du persan :

 

Honte aux dirigeants qui ont répondu par des arrestations et des emprisonnements à 38 jours de grève des sidérurgistes d’Ahvaz qui réclament leurs droits.

Les travailleurs du Groupe National d’Acier (GNA) ont réussi à éveiller la conscience de tous en 38 jours. Ils ont été en mesure d’attirer le soutien de tous les travailleurs et de tous les êtres humains honorables et épris de liberté en Iran et dans le monde.

Ces travailleurs exprimaient leurs douleurs tous les jours dans la rue. Ils ont tellement crié pour leurs droits qu’ils ont eu tous mal à la gorge.

Ils ont organisé des rassemblements devant toutes les administrations gouvernementales et ils ont fait appel à toutes les autorités locales de la ville et de la province du Khouzistan.

 

Le bilan du GNA d’Ahvaz est une preuve solide du pillage effectué par la mafia dans le pays.

Cette mafia a gagné des aubaines au lendemain de la révolution de 1979, lorsque l’Etat a confisqué les usines et les complexes industriels et les a transformés en différentes fondations. Ensuite, les fondations ont été transférées à des personnes qui avaient des liens avec ceux qui détenaient le pouvoir et les richesses du pays, qui les ont finalement toutes détruites.

Bien que le processus de destruction de ces entreprises au cours des 40 dernières années ait rencontré la résistance totale de leurs travailleurs, des centaines d’entreprises et de fabricants, dont les industries du métal d’Iran (IMI), la fabrique de pneus Kian Tire, la compagnie de la canne à sucre Haft Tapeh, la compagnie de construction d’engins de chantier HEPCO, les usines de textile de Mazandaran et de  Ghaemshahr, la compagnie d’huile végétale Shokoufeh dans la ville de Babol, les industries du bois du Nord, la compagnie d’huile végétale Ghoncheh, l’industrie des Climatiseurs à gaz, l’usine de textile Choka, l’usine de textile de Behshahr, et les usines de construction des appareils ménagers Arj et Azmayesh ont finalement pris le chemin de la détérioration.

Avec leurs emplois et leurs moyens de subsistance en ruines, les travailleurs n’ont d’autre choix que de défendre les dernières de remettre en route le cycle de production pour assurer leur survie.

Mais sans la moindre honte, les dirigeants, complices de la mafia de la richesse et du pouvoir, ont perquisitionné les maisons des sidérurgistes après minuit, sous les yeux de millions de personnes en Iran et dans le monde, arrêtant des dizaines de travailleurs qui en avaient assez de la pauvreté et qui n’avaient fait valoir que leurs droits.

Deux jours plus tard, ils sont entrés dans l’entreprise comme des conquérants et les plus effrontés et ont demandé aux travailleurs pourquoi ils ne les avaient pas consultés pour résoudre leurs problèmes. Ils ont affirmé que si les travailleurs n’avaient pas protesté pendant 38 jours, de tels incidents ne se seraient pas produits et les problèmes de l’entreprise auraient également été résolus !

Messieurs, vous avez arrêté et incarcéré des travailleurs. À partir de maintenant, que ferez-vous de la rage et de la fureur de milliers de sidérurgistes et de leurs familles, de millions de travailleurs et de salariés épuisés dans tout le pays, dont la vie est devenue un enfer à cause de vous ?

Bien sûr, les oppresseurs vont jusqu’au bout lorsqu’ils atteignent le point de l’avidité insatiable et qu’ils ne peuvent plus penser raisonnablement.

 

Messieurs, si les arrestations et les emprisonnements de dizaines de sidérurgistes ont pu arrêter leurs manifestations de rue pendant plusieurs jours, vous devez être assurés que ce n’est pas la fin.

Il ne s’agit que des moments et des jours où la rage et la fureur des sidérurgistes et de tous les travailleurs de tout l’Iran s’accumulent pour bientôt éclater comme un volcan géant.

 

20 décembre 2018

Parvin Mohammadi, ancienne représentante des travailleurs des industries métallurgiques et membre du Conseil d’administration du Syndicat libre des travailleurs d’Iran

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