Le rôle des femmes dans une année de protestations en Iran

rôle des femmes

Un an après le soulèvement, il convient de jeter un coup d’œil sur le rôle des femmes dans une année de protestations persistantes en Iran.

Le 28 décembre 2017, quelque 10.000 personnes sont descendues dans les rues de Mashhad pour protester contre la flambée des prix et la chute du pouvoir d’achat.

Les femmes sont nombreuses, bruyantes et actives dans la manifestation. Des témoins oculaires décrivent le rôle des femmes dans la manifestation comme admirablement courageux.

 La manifestation de Mashhad a déclenché une année de soulèvements et de protestations persistants contre le pouvoir en place à travers l’Iran, ce qui a rapproché les perspectives de changement de régime et de renversement du régime théocratique misogyne des mollahs.

Le deuxième jour des manifestations, une scène audacieuse a été créée par une femme dans la ville de Hamedan, dans l’ouest de l’Iran. Pour la première fois lors des manifestations, elle a crié “mort à Khamenei” nez-à-nez des forces de sécurité qui l’entouraient et elle l’a répétée à plusieurs reprises avant d’être emportée par un ami.

 

Le rôle des femmes au premier plan

Tout au long de l’année écoulée depuis le 28 décembre dernier, les femmes ont été à l’avant-garde et au centre de la plupart des manifestations.

En neuf mois, depuis mars, elles ont participé activement à au moins 850 manifestations, contre 436 en 12 mois l’année précédente où la présence et la participation des femmes avaient été enregistrées. Depuis décembre dernier, les étudiantes ont participé activement à au moins 300 manifestations estudiantines.

 

Manifestations des enseignants

Malgré les grands risques et les intimidations, les femmes ont toujours été à l’avant-garde des protestations des enseignants. Le 10 mai 2017, l’Iran a connu les protestations nationales des enseignants dans 32 villes contre les bas salaires, les conditions de vie difficiles, les frais d’assurance et le manque d’autres avantages sociaux, ainsi que plusieurs mois d’arriérées de salaires.

Les femmes ont largement participé aux deux séries de grèves et de sit-in des enseignants qui ont eu lieu les 14 et 15 octobre 2018 et les 13 et 14 novembre 2018.

 

Le soulèvement du mois d’août

En août, les femmes iraniennes ont eu un impact efficace sur la nouvelle vague de protestations qui a balayé le pays, à tel point que les Gardiens de la révolution islamique (GRI) ont été contraint de le reconnaître. L’agence de presse publique Fars, proche des GRI, a fait état du rôle des femmes iraniennes comme force motrice des manifestations.

“Les émeutes de Karaj (la quatrième plus grande ville d’Iran) ont permis d’identifier et d’arrêter 20 dirigeants, dont la majorité étaient des femmes”, indique une dépêche de Fars (5 août 2018).

Dans une autre dépêche, Fars a également souligné le rôle des femmes dans la direction des manifestations. “Il est à noter qu’aujourd’hui aussi, comme les jours précédents, c’est une femme qui dirigeait les manifestants.” (5 août 2018)

Fars a également souligné que le rôle des femmes dans les manifestations était “dominant” et qu’une situation similaire était “perceptible et évidente dans les manifestations d’autres villes également”.

Rassoul Sana’i Rad, un porte-parole des GRI, a déclaré : “Pour la première fois, 28% des arrestations lors des manifestations étaient des femmes”. Se référant aux arrestations de femmes lors des manifestations de décembre et janvier, il a noté : “Auparavant, le nombre de femmes arrêtées lors des manifestations était de 5 à 7 %. (L’agence de presse publique Mehr – 15 août 2018)

 

Villes provocatrices

Le rôle des femmes a été remarquable dans tous les grands soulèvements et manifestations de différentes couches et dans différentes villes.

Khouzestan (sud-ouest) : Depuis le mois de mars, les femmes s’expriment ouvertement dans les manifestations organisées par les familles des sidérurgistes du Groupe National d’Acier (GNA) d’Ahvaz, dans les protestations des personnes escroquées par les caisses de crédit et dans les protestations qui ont duré un mois contre les propos insultants tenus contre les Iraniens arabes à la télévision publique.

Plus récemment, en novembre et décembre, les femmes ont apporté un soutien important aux travailleurs de la canne à sucre de Haft Tapeh à Suse et aux sidérurgistes d’Ahvaz lors de leur grève d’un mois marquée par des manifestations.

 

Kazerun (sud): Des milliers d’habitants de Kazerun, dans la province de Fars, dans le sud de l’Iran, dont un nombre remarquable de femmes, ont organisé des manifestations consécutives contre la ségrégation dans leur ville en avril et mai. Ils ont bravé la forte présence des forces de sécurité et des unités anti-émeutes et ont marché sur la place principale de la ville. “Hommes et femmes, nous combattons, nous luttons contre la ségrégation.”

Ispahan (centre): Les paysans d’Ispahan ont tenu leurs manifestations pendant plusieurs jours successifs à la mi-avril avec un rôle actif des femmes.

Le quotidien public Sharq a reconnu la participation massive des femmes à ces manifestations.   Les agriculteurs de l’est d’Ispahan n’ont cessé de protester pour obtenir l’accès à l’eau du fleuve Zayandeh rud, principale source d’irrigation des terres agricole de cette province, avant qu’il soit dévié pour le ravitaillement des industries appartenant aux GRI dans une province à l’est d’Ispahan, Yazd.

 

Borazjan (sud): De grandes manifestations ont eu lieu en juin et juillet pour protester contre la pénurie d’eau dans la ville de Borazjan, la deuxième plus grande ville de la province de Bouchehr, située le long de la côte du golfe Persique. les femmes ont joué un rôle actif dans ces manifestations.

 

Khorramshahr (sud-ouest): Les femmes de Khorramshahr ont protesté contre la pénurie d’eau potable en participant activement aux protestations à grande échelle de milliers de résidents de cette ville portuaire clé du sud-ouest de l’Iran pendant trois jours du 29 juin au 1er juillet 2018.

Les jeunes hommes et femmes de Khorramshahr ont affronté à mains nues les troupes du régime. Ils scandaient “mort à Khamenei”, “mort à Rouhani”, “mort à la République islamique”, “les mollahs doivent foutre le camp”.

 

Mashhad (nord-est): Le 12 avril 2018, des femmes portaient des linceuls lors d’une manifestation des épargnants spoliés par la caisse de crédit Padideh Shandiz à Mashhad. Les manifestants n’ont pas encore reçu de réponse sur le remboursement de leurs dépôts après quatre ans.

 

Racht (nord): Chaque semaine, les femmes protestent régulièrement contre la caisse de crédit Caspienne, exigeant la restitution de leurs dépôts bloqués par cette institution affiliée aux GRI.

 

Un grand potentiel quadragénaire

Ce bref tour d’horizon donne un aperçu du rôle des femmes iraniennes dans les soulèvements en 2018. Elles ont joué un rôle moteur dans toutes les protestations.

Les femmes courageuses de l’Iran ont commencé leur lutte contre le pouvoir des clercs, deux semaines seulement après l’avènement de celui-ci en 1979. Elles ont enduré de grandes souffrances et fait de grands sacrifices, notamment lors des arrestations et exécutions massives qui ont commencé en 1981.

Des milliers de femmes ont donné leur vie pour la liberté de l’Iran. Elles n’ont jamais abandonné leur foi en la victoire et ont mérité la place qui leur revient dans la direction de la Résistance iranienne.

Ce grand potentiel quadragénaire se répand de jour en jour et va balayer la tyrannie religieuse au pouvoir.

Les femmes iraniennes sont résolues à tourner la page de l’histoire de leur pays au XXIe siècle et elles méritent le soutien de tous les peuples épris de liberté du monde.

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