40 ans de crimes contre les femmes iraniennes

40 ans de crimes contre les femmes iraniennes

Depuis 40 ans, l’animosité envers les femmes constitue la pierre angulaire de l’intégrisme islamique au pouvoir en Iran. La répression des femmes lui permet d’intimider toute la société iranienne. Ces 40 années de crimes contre les femmes iraniennes sous le régime des mollahs ont une source idéologique et répondent en même temps à des préoccupations d’ordre de sécurité.

 Dans l’idéologie du Velayat-e Faqih (le système qui accorde le pouvoir absolu à un Guide religieux), la femme n’est pas un humain, elle est “une espèce vivante” qui doit être soumise et gardée à la marge de la société. Khomeiny affiche déjà cette misogynie extrême, 16 ans avant d’arriver au pouvoir, dans une lettre adressée au Chah, le 9 octobre 1962 :

 

” Sa Majesté,

Je vous adresse mes meilleures salutations et je prie Dieu pour qu’il préserve votre santé.

Selon la presse, le gouvernement a octroyé le droit de vote aux femmes. Sa Majesté n’est pas sans savoir que l’intérêt de l’État réside dans le maintien des préceptes de la religion de l’Islam, ce qui amène le calme aux cœurs. Je vous serai gré d’ordonner qu’une telle décision soit rayée des plateformes du gouvernement et des partis politiques, afin de recevoir les éloges de la nation musulmane.

Dieu vous bénisse,

Rouhollah Al-Moussavi (Khomeiny) “

 

Dès son avènement au pouvoir il y a 40 ans, Khomeiny a commencé à priver les femmes de leurs droits humains, malgré les promesses qu’il avait fait à Neauphle-le-Château de ne pas interférer sur leurs droits.

 

Le 26 février 1979, deux semaines après la révolution, le bureau de Khomeiny annonçait l’abolition de la loi sur la protection de la famille. Cette loi accordait aux femmes des privilèges limités en matière de droits familiaux. Le lendemain, le 27 février, les femmes étaient privées des services sociaux et, trois jours plus tard, le 2 mars 1979, ce sont les femmes juges qui ont été évincées et privées de tout engagement dans les procédures judiciaires.

 

Khomeiny estimait que ” l’égalité des femmes et des hommes constitue une violation fondamentale de certaines préceptes fondamentaux de l’Islam et un défi à certains des commandements explicites du Coran. L’Islam prévoit le destin réservé à ceux qui ont une telle conviction.” (Le quotidien public Ressalat – 22 octobre 1997)

Dans un livre intitulé “Tahrir al-Vasileh” (“Interprétation des préceptes”) écrit bien avant son pouvoir, Khomeiny prescrit: “Pour divorcer, il n’est pas nécessaire d’informer la femme et encore moins d’obtenir son consentement”. (“Tahrir al-Vasileh”, Volume II – Page 327, question N° 8)

 

En matière du comportement vestimentaire, Khomeiny a imposé son idéologie misogyne aux femmes avec la devise ” le voile ou la claque”, explicitement répétée par ses sbires dans la rue. Cette devise a été au centre des mesures répressives prises par les gouvernements successifs de Rafsandjani, Khatami, Ahmadinejad et Rouhani pendant les 40 années de règne du régime.

 

En mai 2010, le parlement a adopté une loi intitulée “Loi sur l’extension des options pour la mise en œuvre de la pudeur et de l’Hijab” qui charge 26 institutions gouvernementales de sévir contre les femmes.

Dans l’étape suivante, la mise en place d’une police des mœurs a ouvert la voie au harcèlement des femmes dans la rue par les forces armées de matraque. En octobre 2014, des gangs organisés soutenus par le gouvernement ont assailli les femmes iraniennes en les poignardant ou en les aspergeant d’acide dans la rue.

 

Selon la plupart des experts et défenseurs des droits des femmes, l’Iran est le seul pays au monde où des milliers de femmes ont été exécutées ou soumises à la torture en raison de leur dissidence politique.

Dans les années 1980, des dizaines de milliers des militantes de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI ou en persan, MeK), y compris des adolescentes, des femmes enceintes et des mères sexagénaires, ont été exécutées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Ces femmes représentent un tiers du nombre total des victimes des exécutions capitales pour raisons politiques en Iran.

 

Les pratiques criminelles et la politique misogyne du régime ne se sont jamais interrompues au cours de ces 40 dernières années. 

Dans une déclaration publiée en décembre 2018, la Commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a annoncé que “rien qu’en 2018, près d’un millier de femmes ont été arrêtées et incarcérées pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales”.

87 femmes ont été exécutées depuis l’entrée en fonction de Hassan Rouhani à la présidence de la République de la théocratie iranienne.

 

Le parlement du régime a rebaptisé un projet de loi contre la violence à l’égard des femmes pour le nommer “mesure de sécurité pour les femmes”, non sans avoir supprimé 40 des 90 articles prévus par ce projet de loi qui n’a d’ailleurs pas été encore ratifié, environ 13 ans après avoir été proposé. Le régime continue de retarder le vote sur ce projet de loi sous des prétextes divers.

Dans un autre exemple, la Commission des affaires juridiques et du droit du parlement a bloqué pour la énième fois le vote sur un projet de loi proposant de remonter l’âge du mariage des filles. Raison évoquée : “la nécessité de ce projet de loi n’est pas requise”.

La violence contre les femmes et les mariages précoces en Iran ont eu des conséquences dramatiques dans la société iranienne, notamment 24 000 divorces des filles de moins de 18 ans et un nombre croissant de femmes cheffes de famille, dont la majorité ne bénéficient d’aucune assistance sociale. Ce statu quo a généré de nombreux fléaux sociaux, dont la féminisation du visage de la précarité en Iran.

Cependant, les femmes iraniennes ne se sont jamais soumises au cours des 40 dernières années.

Elles ont rejoint la lutte contre la tyrannie religieuse des mollahs au même titre que les hommes. Aujourd’hui, elles détiennent la direction de la principale force d’opposition au régime des mollahs, l’OMPI. Avec de tels repères, les femmes iraniennes jouent un rôle d’avant-garde dans les manifestations contre le pouvoir en place pour réclamer leurs droits et payer le tribut de la liberté. C’est ainsi qu’elles participent à l’un des tournants les plus cruciaux de l’histoire de leur patrie.

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