Les femmes diplômées d’Astara traumatisées par les bas salaires

CNRI Femmes – Le chômage est endémique partout en Iran et les salaires ne correspondent pas aux prix du marché, mais à Astara, l’écart salarial entre hommes et femmes est démesuré. Cette situation est particulièrement dure pour les femmes diplômées.

Astara est la capitale du comté éponyme dans la province de Guilan, dans le nord de l’Iran. Elle se trouve à la frontière avec la République d’Azerbaïdjan et sur la mer Caspienne. C’est un carrefour commercial frontalier relativement important entre l’Iran et le Caucase.

Récemment, les femmes diplômées d’Astara ont dénoncé leur situation en matière d’emploi et de revenu dans un article publié sur le site officiel Salamat News.

L’une des femmes titulaires d’une maîtrise a expliqué : « Je travaille depuis un mois. Mon salaire est de 400.000 tomans (environ 120 $). Mes collègues ne reçoivent que 300 000 tomans (environ 90 $). Je reçois 100 000 tomans de plus parce que j’ai une maîtrise. »

Une enseignante d’une école à but non lucratif d’Astara a dit que le salaire de toutes ses collègues est le même, non seulement dans les écoles, mais aussi dans d’autres emplois. Si une femme à Astara gagne un million de tomans (environ 300 $), ce serait un salaire de rêve !

L’une des raisons pour lesquelles les femmes doivent travailler avec des salaires aussi bas est qu’elles ne veulent pas rester à la maison ou être isolées. L’emploi dans cette ville est presque impossible parce qu’il n’y a pas de capacité de recruter. Les femmes se sont plaintes à maintes reprises de leurs bas salaires, mais elles n’ont rien obtenu.

Il y a un marché sur la plage d’Astara avec de nombreux stands et magasins tenus principalement par des femmes. Certaines possèdent leurs propres kiosques et d’autres sont vendeuses.

Une femme diplômée d’une licence en technologie de l’information est détaillante de vêtements pour femmes qui gagne seulement 700 000 tomans (environ 210 $) par mois. En ce qui concerne son travail, elle a dit : « Si une femme est débutante, elle ne reçoit qu’entre 400 et 500 000 tomans. Je travaille de 9h à 22h30 tous les jours. Je ne rentre même pas déjeuner. Au début, je recevais 400 000 tomans, mais mon salaire a graduellement augmenté à 700 000 tomans. Je n’ai pas de vacances, c’est très dur. Le marché est encore plus bondé le week-end, et je dois venir travailler. »

Une autre femme diplômée travaille au marché du bord de mer. Elle reçoit 600 000 tomans par semaine. Elle m’a dit : « C’est comme ça que sont les salaires ici. Il ne faut pas s’attendre à plus. Nous, les femmes, avons tellement accepté ces salaires qu’il est devenu clair pour nous que c’est comme ça. Les hommes n’accepteraient jamais de tels salaires, c’est pourquoi ils touchent des salaires plus élevés. »

Maryam Tousheh, militante sociale diplômée d’une licence en géographie, affirme que de nombreuses femmes diplômées d’Astara sont au chômage. En ce qui concerne la situation des femmes dans la ville, elle a déclaré : « Les femmes doivent s’enfermer dans la maison et rester à l’écart. Regardez autour de vous dans ce parc et voyez à quel point l’espace est masculin ! Vous ne pouvez même pas voir une seule femme ici. Les hommes peuvent souvent se rendre dans d’autres villes pour trouver du travail, mais les femmes n’ont pas ce genre d’opportunité. »

La situation des salaires des femmes à Astara est déplorable. Certaines femmes travaillent pour aussi peu que 150 000 tomans par mois. Il y a des gens qui enseignent aux employeurs des façons de contourner les femmes. Par exemple, ils veulent que les femmes signent des contrats à faible revenu. Ensuite, ils justifient leurs actions au ministère en se basant sur ce contrat et les femmes qui protestent ne peuvent plus rien faire.

Bien sûr, les femmes d’Astara ne sont pas les seules femmes en Iran qui gagnent de bas salaires et travaillent dans des conditions inégales. Les vendeuses qui ont fait des études universitaires et que l’on voit dans les wagons de métro ou les carrefours de la ville sont confrontées à la même inégalité. Ce sont des femmes diplômées qui veulent utiliser leur expertise et leur éducation au bon endroit, mais qui sont oubliées et dont la voix n’est pas entendue. (Site d’Etat Salamat News – 17 août 2019)

Massoumeh Ebtekar, l’adjointe de Rohani chargé des femmes et des affaires familiales, a donné un aperçu plus général de la situation et déclaré : « Les statistiques globales indiquent que les femmes diplômées au chômage sont deux à trois fois plus nombreuses que les hommes diplômés au chômage. » (Agence ISNA du 12 février 2019)

Le régime des mollahs a annoncé en 2015 que le taux de chômage des femmes instruites était de 85,9 %. (Agence Mehr du 5 janvier 2016) Compte tenu du ralentissement économique et de l’augmentation du chômage dans le pays, on devine à quel point ce chiffre a augmenté.

Au sujet de l’emploi des femmes en Iran, le site officiel Iran Estekhdam écrivait le 4 avril 2016 : « L’emploi des femmes en Iran est insignifiant par rapport aux pays en développement. Les femmes se voient constamment refuser le droit au travail et sont généralement employées dans des secteurs informels et mal rémunérés. »

Avant la Révolution de 1979, la participation des femmes à la population active était de 12 %. Selon la Banque mondiale, la valeur moyenne pour l’Iran de 1990 à 2017 était de 14,21 %, avec un minimum de 9,83 % en 1990 et un maximum de 19,41 % en 2005. Alors que la population de l’Iran et, par conséquent, la population des femmes a plus que doublé depuis 1979.

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