La prisonnière politique Atena Daemi a envoyé une lettre ouverte depuis la prison d’Evine à l’occasion de l’anniversaire des exécutions des prisonniers politiques kurdes Zaniar Moradi, Loghman Moradi et Ramin Hossein Panahi, soulignant ainsi son opposition à la peine de mort.
Pour avoir protesté contre les exécutions des trois prisonniers politiques kurdes, Atena Daemi a été condamnée à trois ans et sept mois d’emprisonnement supplémentaires.
Dans une partie de sa lettre, elle a évoqué sa nouvelle peine en écrivant:
«Quel honneur de recevoir une nouvelle peine de prison pour mon opposition à la peine de mort et pour avoir ainsi défendu une vie humaine.”
Voici des extraits de la lettre ouverte d’Atena Daemi:
“Un an s’est écoulé depuis depuis la mort de Zaniar, Loghman et Ramin…
Le premier anniversaire de leur décès coïncide avec l’octroi de la clémence et la libération d’un des responsables qui ont commis ces meurtres.
Pendant ce temps, en moins d’un an , des dissidents, des militants politiques et civils ont été condamnés à des centaines d’années de prison.
Comme la discrimination est-elle ainsi cruelement amère!
Lors du premier anniversaire du décès de ces héros, des meurtriers et des criminels étaient en fuite, alors même que de nombreux militants civils sont toujours enchaînés.
En ce qui me concerne, une autre sentence m’a été confirmée pour avoir soutenu Zaniar, Loghman et Ramin et parce que je leur tenais un mémorial.
Quel honneur de recevoir une nouvelle peine de prison pour mon opposition à la peine de mort et pour avoir défendu la vie humaine.
Je le sais bien. Je vis dans une partie de l’histoire où les whips, la détention, l’exil et les exécutions répondent à l’amour de l’humanité et de la liberté;
Je sais bien malheureusement que je vis dans une ère historique, ou lorsque l’on crie notre attachement à l’amour de l’humanité et de la liberté, c’est par le fouet qu’il nous est repondu.
Néanmoins, je suis fière de crier et d’exiger ce que nous méritons vraiment.
Je m’oppose à la peine de mort; …Je suis incarcéré pour mon opposition à la peine de mort; …et pour avoir insisté sur cette demande depuis la prison, j’ai été condamné à une nouvelle peine de prison.…
Beaucoup d’entre nous, les jeunes, n’ont pas vécu les années 80 et les crimes commis à cette époque.
Peut-être nous était-il difficile alors de croire ce que nous en avions entendu.
Mais de notre vivant, nous avons tragiquement vu des gens se faire aisémement et impunement décimer à cause de leurs croyances, de leurs convictions ou de leurs opinions.
Mais tres certainement, le jour viendra où ils devront rendre des comptes, car nous demandons justice pour le meurtre de ces âmes qui nous sont si chères.
Nous voulons que la peine de mort, les rétributions et les meurtres parrainés par l’État soient abolis; nous recherchons la justice et demandons que des poursuites soient engagées contre ceux qui ont ruiné la liberté, la justice, l’égalité et l’humanité en raison d’exécutions de masse semblables à celles commises par les nazis et que cesse l’oppression, la répression et le pillage de la richesse du peuple…
Zaniar, Loghman et Ramin ont été tués comme beaucoup d’autres par les agents du régime, mais comme d’autres victimes, ils survivront dans nos cœurs pour toujours; ils sont vivants dans notre histoire et nous garderons pour toujours leurs souvenirs.
Contrairement au désir de leurs meurtriers, leurs noms sont desormais étroitement liés aux mots de liberté et d’humanité. Et ils survivent avec l’espoir de la liberté de l’humanité.
Atena Daemi,
Prison d’Evine.
Septembre 2019