CNRI Femmes – Les femmes détenues en Iran décrivent le fait de gagner leur vie en prison comme un « emprisonnement sans but lucratif ». Les détenues du quartier général des prisons d’Evine et de Qarchak doivent penser quotidiennement à leurs moyens de subsistance, même si elles sont emprisonnées.
Tous les services pénitentiaires à Evine et Qarchak sont assurés par les prisonnières.
Une détenue de la prison d’Evine explique certains des problèmes liés à l’emprisonnement sans but lucratif : « en dehors de la prison, je gagnais un très petit salaire mais j’avais réussi à louer une maison en me basant sur mes revenus de 1,5 million de tomans par mois. Maintenant, en prison, je n’ai pas de loyer à payer, mais je dépense un million de tomans juste pour m’en sortir. »
Frais d’emprisonnement sans but lucratif
Compte tenu des prix élevés dans les prisons, de nombreuses prisonnières travaillent dur pour subvenir à leurs propres besoins et envoient une partie de leurs gains à leur famille ou à leurs proches. Selon les règles établies par l’Organisation des prisons, les produits disponibles à l’achat dans les prisons devraient coûter le même prix que ceux vendus à l’extérieur de la prison. Cependant, dans les prisons d’Evine et de Qarchak, les légumes et les fruits qui parviennent aux détenues coûtent 30 à 50 % de plus qu’à l’extérieur.
Le responsable du magasin de la prison affirme que tous les articles sont vendus à un prix supérieur de 25 % à celui des marchés. D’autres articles figurant sur les listes hebdomadaires des prisonniers sont jusqu’à 40 % plus chers, sous prétexte que le coût du transport des marchandises est inclus.
Ces hausses de prix représentent un abus dont personne n’accepte la responsabilité.
Par exemple, le fil coûte généralement 6 000 tomans. Cependant, il n’est disponible pour les prisonnières qu’à des prix nettement plus élevés, qui vont de 12 000 à 15 000 tomans.
À la prison de Qarchak, la salinité de l’eau est si élevée que les prisonnières doivent acheter de l’eau minérale. La prison facture entre 3 500 et 5 000 tomans par bouteille.
Alors que les prisons ont un budget d’environ 1 700 milliards de tomans, il n’y a pas de statistiques sur ce qui devrait être consacré réellement aux détenues.
Travail des détenues à Qarchak
Dans les prisons du régime, l’expression “vote de travail” est utilisé pour désigner une détenue qui travaille pour les ateliers pénitentiaires en échange de privilèges accrus tels que des visites mensuelles, appels téléphoniques prolongés ou liberté de mouvement dans le couloir et d’autres parties de la prison.
Les détenues de droit commun n’ont pas droit à plus de 10 minutes pour les appels téléphoniques et doivent travailler pour gagner des minutes supplémentaires.
Dans la prison de Qarchak, plusieurs détenues travaillent comme domestiques dans le dortoir du personnel de la prison – préparant leur nourriture, lavant leur vaisselle, et même lavant leur linge de lit – du matin au soir. Leur salaire journalier est de 40 minutes quotidiennes de téléphone et de 70 000 tomans par mois. Les autorités pénitentiaires emploient également des femmes comme domestiques.
Parmi les autres emplois en prison, citons le nettoyage du couloir, le nettoyage des toilettes, la distribution de la nourriture, le chronométrage du téléphone, l’aide aux soins de santé, le contact du service avec le dispensaire et la gestion du service.
Exploitation des prisonnières dans les ateliers
Un entrepreneur qui travaille avec la prison d’Evine et le centre correctionnel dit que son entreprise avait loué un espace pour un atelier dans ce centre de détention. Il payait un loyer mensuel et était exempté de taxes et de factures de services publics. L’entrepreneur a déclaré : « dans mon atelier, 35 à 40 détenues travaillaient 6 heures par jour. Je les payais entre 100 000 et 400 000 tomans, en fonction de leurs compétences et de leur efficacité. C’était le cas jusqu’à il y a trois ans. Mais maintenant que nous travaillons avec la Fondation coopérative de la prison, les choses sont différentes. Nous ne payons plus de loyer, et nous divisons nos bénéfices de vente à parts égales. Nous ne payons pas les salaires des prisonnières, c’est la Fondation coopérative de la prison qui le fait. Elle divise également ses bénéfices selon un ratio de 30-70, et en donne près de 30 %, ou dans certains cas, 40 à 50 %, comme salaires aux prisonnières. »
Ainsi, la Fondation coopérative de la prison exploite encore plus cruellement les femmes qui travaillent.
Confessions d’une agence de presse sur le travail des femmes en prison
Le site officiel khabarfoori.com, a révélé le 3 février 2020 des exemples de cette exploitation, en citant l’une des prisonnières : « Nous cousons des vêtements dans l’atelier. Les vêtements sont étiquetés par un sponsor et sont ensuite vendus à des prix beaucoup plus élevés dans la boutique de la prison. Par exemple, un pantalon en coton peut coûter 20 000 tomans en dehors de la prison, mais ici, il coûte entre 70 000 et 90 000 tomans. »
Khabarfoori.com évoque aussi de nouvelles dimensions de mauvais traitement des détenues, en écrivant : « La ration alimentaire mensuelle d’une prisonnière est composée d’un petit poulet, de 250 grammes de viande rouge, de six œufs, de cinq petites portions individuelles de fromage, de riz, d’huile et d’un demi-kilo de pommes de terre et d’oignons. Les prisonnières qui reçoivent leur ration alimentaire ne peuvent plus utiliser la nourriture de la prison. Dans le quartier deux des femmes de la prison d’Evine, plusieurs enfants qui sont en prison avec leur mère mangent la même nourriture que celle qui est apportée au reste des prisonnières. »