Parvine E’tesami, un trésor culturel inégalé de l’Iran

Parvine E'tesami, un trésor culturel inégalé de l'Iran

CNRI Femmes – Parvine E’tesami (17 mars 1907 – 4 avril 1941) est l’un des trésors culturels inégalés de l’Iran.

Elle a commencé à écrire de la poésie à l’âge de 8 ans et à 11 ans, elle maîtrisait déjà les styles de poésie de poètes iraniens renommés tels que Sanai, Saadi, Rumi, Khayam, Hafez et Nasser Khosrow.

Parvine E’tesami (Rakhshanda) est née à Tabriz en 1907. Sa mère était une femme cultivée et la fille d’un poète de l’époque Qajar. Le père de Parvine, Yousouf E’tesam-al-Molk, était un éminent érudit qui maîtrisait la littérature arabe, ainsi que le français et le turc, et qui était très versé dans les principes de la logique et de la sagesse. En tant que rédacteur en chef du Bahar Journal, il a produit une quarantaine de volumes de traductions littéraires. Il a été le premier intellectuel à traduire Les Misérables de Victor Hugo.

L’éducation de Parvine a été remarquable, étant donné que ses parents étaient très instruits et éclairés. Ils ont encouragé Parvine, en nourrissant sa créativité et son talent.

Dès son enfance, Parvine E’tesami maîtrise parfaitement l’arabe et l’anglais, grâce aux connaissances de son père. À 14 ans, elle avait déjà mûri son art et composait des poèmes significatifs. Deux des amis proches de son père – les poètes et linguistes iraniens de renom Ali-Akbar Dehkhoda et Mohammad-Taqi Bahar (Malek osh-Sho’arā) – ont suivi de près les progrès de Parvine en tant que poète lors de leurs fréquentes visites au domicile familial.

Femmes et histoire

À l’âge de 18 ans, Parvine E’tesami a commencé à étudier à l’American Girls College de Téhéran, où elle a également enseigné l’anglais. Pour la cérémonie de remise des diplômes de l’école Iran Bethel, elle a composé le poème “Une brindille d’espoir”, qui aborde les luttes des femmes à travers des thèmes historiques, sociaux, philosophiques et anthropologiques. Ce travail a clairement démontré la profondeur des connaissances de Parvine et a montré qu’elle était une femme en avance sur son temps.

Parvine pensait que le véritable fondement de toute société stable résidait dans sa capacité à éduquer et à autonomiser les femmes.

Ses poèmes illustrent les difficultés des pauvres tout en dénonçant ceux qui utilisaient la religion comme un outil politique.

Avec l’aide de son père, Parvine E’tesami a publié son premier livre de poésie (Diwan) en 1935. En 1936, le ministère de la Culture et des Sciences a décerné à Parvine E’tesami le prix scientifique de catégorie 3. Invitée par le chah Reza Khan à donner des cours particuliers à son épouse, la reine de la nouvelle dynastie Pahlavi, elle refuse le poste.

En 1938-39, Parvine E’tesami travaille comme bibliothécaire à la bibliothèque Danesh-Saraay-e ‘Aali, l’actuelle université Tarbiat Moallem de Téhéran. Cependant, son esprit courageux et rebelle la pousse à quitter son emploi afin de pouvoir se consacrer à la composition de poèmes condamnant la dictature et l’hypocrisie. L’un de ces poèmes est intitulé “La larme de l’orphelin” :

 

De chaque rue et de chaque toit, des cris de joie s’élevaient ;

Ce jour-là, le roi passait dans la ville

Au milieu de tout cela, un garçon orphelin exprime ses doutes,

Quelle est cette étincelle qui se trouve au sommet de sa couronne ?

Quelqu’un a répondu : ce n’est pas à nous de le savoir,

Mais c’est une chose inestimable, c’est clair !

Une chèvre s’est approchée, le dos courbé vers le bas,

Elle a dit : c’est le sang de ton cœur et la larme de mon œil ! ….

Sur les larmes de l’orphelin, fixe ton regard.

Jusqu’à ce que tu vois d’où vient la lueur du joyau.

 

La poésie de Parvine exprime la douleur de la pauvreté et de l’exploitation et appelle les masses à se révolter contre les oppresseurs.

Sa poésie exprime la discorde sociale de son époque et affirme que la guerre éternelle entre le bien et le mal est un produit de l’esprit humain.

Les poèmes de Parvine E’tesami ont mis à nu son âme, qui était blessée par la tromperie et l’exploitation de la religion.

 

Lutter contre le patriarcat

Parvine E’tesami s’est mariée à 28 ans et a divorcé 2,5 mois plus tard. Après son divorce, la poésie de Parvine reflète une nouvelle maturité intellectuelle et commence à dénoncer la misogynie.

Autrefois, une femme en Iran était presque non iranienne.

Elle ne faisait que se battre pendant des jours sombres et pénibles.

Elle passait sa vie dans l’isolement ; elle ùourrait dans l’isolement.

Qu’était-elle alors, sinon une prisonnière ?

Personne n’a jamais vécu des siècles dans l’obscurité comme elle.

Personne n’a été sacrifié sur l’autel de l’hypocrisie comme elle.

Aucun témoin ne l’a défendue devant les tribunaux.

Elle n’a pas été admise à l’école du savoir.

Toute sa vie, ses appels à la justice sont restés sans réponse.

Cette oppression s’est produite publiquement, ce n’était pas un secret.

 

Parvine E’tesami meurt de la typhoïde le 4 avril 1941, à l’âge de 35 ans.

La poésie et l’intellect de Parvine E’tesami sont inégalés dans l’histoire de la littérature iranienne. En tant que trésor national, sa poésie ne peut être ni résumée ni marginalisée. Ses œuvres de valeur sont préservées par plus de 5 000 poèmes dans l’anthologie de Qasida et Ghazal.

Le régime des mollahs n’a jamais reconnu l’importance de la poésie de Parvine. Au lieu de cela, le régime a essayé de détourner son art, la qualifiant de “poétesse” parce qu’elle avait écrit de manière si éloquente sur les oppresseurs et les hypocrites.

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