En mémoire de Massoumeh Joshaghani et de sa passion pour la liberté en Iran

Par Forough Golestan

En mémoire de Massoumeh Joshaghani et de sa passion pour la liberté en Iran

La meilleure façon d’exprimer sa philosophie n’est pas par des mots mais par ses choix. Car finalement, c’est nous qui nous façonnons et qui façonnons notre vie. Ce processus ne s’achève qu’avec la mort.

Dans la matinée du samedi 25 avril 2020, Massoumeh Joshaghani, fervente défenseure de la Résistance iranienne et membre d’un comité de professeurs, est décédée d’un cancer à Paris.

Sa famille, la Résistance iranienne, ses amis et ses collègues pleurent son envol foudroyant.

Massoumeh était une infirmière expérimentée qui, en 1981, lors de la manifestation pacifique de plus d’un demi-million de personnes à Téhéran, avait non seulement préparé et fourni toutes les installations et les salles de l’hôpital où elle travaillait, mais également organisé les médecins et le personnel pour soigner les manifestants après l’ordre de Khomeiny d’ouvrir le feu sur le défilé. Elle avait alors soigné et secouru de nombreuses personnes blessées par les pasdarans du régime.

Dans cette période de répression sanglante, elle avait ouvert les portes de sa maison et donné toutes ses ressources aux Moudjahidine du peuple (OMPI).

Elle a été arrêtée en 1982 pour avoir soutenu l’OMPI et a passé deux ans dans salles de torture et de mort de Khomeiny. Elle a été l’une des prisonnières politiques les plus provocantes de l’époque.

Comme elle l’explique dans son livre, « Shouranguiz », la prison a été un tournant majeur dans sa vie. La résistance courageuse de jeunes filles en prison et leurs terribles exécutions l’ont investie d’une responsabilité à laquelle elle s’est consacrée jusqu’à son dernier souffle.

Elle y évoque des martyres héroïques, comme sa collègue infirmière Shekar Mohammadzadeh et la Dr Massoumeh Karimian (Shouranguize), avec un tel enthousiasme que cela fait vibrer le cœur de toutes ses lectrices et lecteurs. Elle repose désormais dans la paix éternelle aux côtés de celles pour qui son cœur n’a cessé de battre.

Malgré ses vastes connaissances et son expérience, la richesse de sa culture et le statut social qu’elle s’était forgée, ses amis l’appelaient Massi parce qu’elle avait toujours su garder son humilité, son amitié, et la chaleur de son affection pour tout un chacun.

Ses sentiments subtils et authentiques m’ont toujours impressionné lorsqu’elle racontait les souvenirs des martyrs. Ce que Maryam Radjavi a dit d’elle est vrai : Massoumeh ne sera pas oubliée. Son moral, sa pureté et sa persévérance font partie de la conscience collective du mouvement et son absence ne fera que renforcer l’engagement et la responsabilité de tous les membres de la Résistance dans la lutte pour un Iran libre.

Massoumeh Joshaghani a écrit dans son livre qu’elle avait découvert l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) en lisant la biographie et la défense d’un de ses membres de 19 ans (Mehdi Rezaï) lors de son procès sous le chah. Dès cette première rencontre, elle a rejoint leur chemin et s’est engagée pour la liberté de son peuple.

À mes yeux, Massoumeh Joshaghani était très heureuse et avait réussi ses objectifs. Je pouvais le sentir dans sa vision de la vie. Gandhi a dit que « le bonheur est l’équilibre entre vos pensées, vos paroles et vos actions ». Notre chère Massoumeh a maintenu cet équilibre tout au long de son existence, que ce soit en prison ou sous la torture, pendant les jours tumultueux de son départ d’Iran, durant toutes les années d’exil et pendant son soutien et sa participation active à l’ensemble des campagnes de la Résistance contre le régime clérical. Elle croyait dans ce qu’elle disait et agissait en conséquence.

Au début de ses mémoires de prison, elle écrit : « les événements malheureux de la vie nous accordent des bénédictions dont nous ignorons en premier lieu l’existence. Et pour moi, l’emprisonnement a été l’un de ces événements qui m’ont donné l’occasion de comprendre les êtres humains ; des êtres humains caractérisés par des vertus angéliques dans lesquels on observe la plus grande beauté de la création et ceux absolument opposés remplis de laideur et de traits démoniaques… Je dédie ce livre à ma chère amie, Shouranguiz (la Dr Massoumeh Karimian), l’un des symboles et des modèles de résistance contre les tortures sauvages du douloureux été 1988. »

Ses convictions dans la liberté du peuple iranien et sa foi dans les dirigeants de la Résistance iranienne, Massoud et Maryam Radjavi, ont fait d’elle une optimiste toujours présente dans la lutte. Malgré de nombreuses années de douleur et de souffrance, elle est restée une partisane passionnée du mouvement avec un visage qui reflétait la force et l’espoir.  Après avoir quitté l’Iran et pendant son exil, malgré toutes les adversités, elle a continué à participer activement aux campagnes et à saisir toutes les occasions pour dénoncer les crimes du régime des mollahs et commémorer les martyrs.

Massoumeh était une grand-mère aimante pour sa petite-fille Amytis, une amie et une sœur pour ses filles Maryam et Sara et a partagé cinquante années de sa vie avec son mari, le Dr Mohammad-Ali Sheikhi, président de la commission des Universités du CNRI, et un ami cher de l’OMPI et de la Résistance iranienne.

Pablo Neruda a dit : « Quelque part, vous trouverez votre minute, c’est alors que vous sourirez ou verserez des larmes. »

Je suis sûre que dans les derniers moments de sa vie, Massoumeh est partie avec un sourire et avec fierté pour rejoindre le monde de l’unité, de la paix et de l’amitié.

Comme l’a dit Maryam Radjavi dans son hommage à Massoumeh, « elle était l’un de ces grands êtres humains qui avait trouvé la vérité dans la vie en assumant sa responsabilité et son combat pour la libération du peuple iranien afin que – selon ses mots – “la passion pour la liberté, la vie et la résistance soit maintenue vivante dans tous les êtres humains qui aiment la liberté”. »

A n’en pas douter, la flamme de son existence et de toutes celles et ceux qui ont donné leur vie dans cette voie éclaireront le chemin qui mène à la victoire et à la liberté du peuple d’Iran.

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