La prisonnière politique Narguesse Mohammadi entame une nouvelle année de sa peine

La lutte pour la justice, la liberté et les droits de l'homme vaut la peine d’avoir perdu ce que j'avais

La prisonnière politique Narguesse Mohammadi entame une nouvelle année de sa peine

CNRI Femmes – La prisonnière politique Narguesse Mohammadi a marqué le début de sa sixième année d’emprisonnement en envoyant une lettre ouverte depuis la prison centrale de Zanjan.

Dans sa brève lettre, Narguesse Mohammadi parle des femmes détenues victimes des lois patriarcales. Elle exprime également sa fierté d’avoir défendu la cause des personnes démunies.

Voici le texte de sa lettre :

« Je commence une nouvelle année de ma peine de prison abusive.

Partageant les souffrances des victimes de la pauvreté, de la corruption, du despotisme et de la domination des lois patriarcales, je passe mon temps en prison parmi mes sœurs. Je me suis engagée dans cette voie pour défendre les droits de ces femmes. Je purge ma peine aux côtés de personnes dont la pauvreté et la faim m’ont obligée à protester.

« Les autorités judiciaires et les services de renseignement ont même interdit de me donner des livres. Je voulais avoir un livre le jour de mon anniversaire. Hélas ! Cette année, mon cadeau a été de me retrouver face à face avec des victimes dont le sort me fait beaucoup souffrir. Apprendre le sort d’une femme qui a dû voler des chips pour nourrir son enfant affamé, d’une femme qui s’est prostituée pour éviter de dormir dans la rue la nuit, et le sort de femmes dont la privation du droit au divorce les a conduites à la potence et à la fosse de lapidation.

« Le fait d’être témoin de leur douleur et de leur souffrance, de leur vie de misère et de leur mort, a provoqué une nouvelle naissance pour moi.

« Dans cet endroit froid et difficile, je me tiens debout, le cœur brisé mais heureuse, et je commence une autre année de mon emprisonnement oppressant. Cette vie, aussi difficile soit-elle, me donne confiance et foi dans le fait que lutter pour la justice, la liberté et les droits de l’homme vaut la peine de perdre ce que j’avais et même de perdre la chance d’entendre les voix de mes enfants, mon Ali et ma Kiana. »

Narguesse Mohammadi

Prison de Zanjan – avril 2020

La prisonnière politique Narguesse Mohammadi était la porte-parole et la vice-présidente de la Ligue des défenseurs des droits de l’homme. Elle est en prison depuis le 4 mai 2015. Ses trois principales accusations sont « association et collusion contre l’État », passible de cinq ans ; « propagande contre l’État”, passible d’un an ; et fondation et collaboration avec l’association LEGAM pour l’abolition de la peine de mort en Iran, passible de 10 ans.

Narguesse Mohammad a été détenue à la prison d’Evine jusqu’au 25 décembre 2019, date à laquelle elle a été transférée de force à la prison centrale de Zanjan.

Mme Mohammadi souffre de diverses maladies dont des embolies pulmonaires et une paralysie musculaire.

Auparavant, son avocat avait annoncé que la justice iranienne avait rejeté sa demande de sortie pour éviter d’être infectée par l’épidémie de coronavirus.

 

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