CNRI Femmes – Simultanément au procès de Hamid Noury en Albanie, d’anciens prisonniers politiques ont évoqué les héros du massacre de 1988 en Iran. Ils participaient le 14 novembre 2021à un rassemblement historique à Achraf-3. Plusieurs ont pris la parole lors de cette réunion couverte par la presse locale et internationale. Ils ont parlé de leur expérience lors du massacre de 1988 et ont fourni des informations sur ces héros.
Avant la réunion, les journalistes ont visité le musée de la Résistance iranienne à Achraf-3 et ont préparé des reportages sur les scènes reconstituées du massacre.
Mme Massoumeh Malek Mohammadi a présidé le rassemblement historique de 1000 anciens prisonniers politiques du chah et des mollahs. Elle a déclaré : “Aujourd’hui, nous avons avec nous 1000 anciens prisonniers politiques de l’OMPI qui ont collectivement passé des milliers d’années dans les prisons du chah et du régime des mollahs. Deux cent vingt d’entre nous sont des femmes de l’OMPI. Beaucoup de mes amies ont été témoins du massacre dans diverses prisons. Beaucoup d’entre nous ont passé 10, 15 ou même 17 ans en prison.
“Nous sommes passées par Evine, Gohardacht, Qezel-Hessar, Tabriz, Oroumieh, Kermanchah, Semnan et Zahedan. Des dizaines de milliers de nos amis et camarades ont été exécutés dans les années 1980 ou figurent parmi les héros du massacre de 1988. Ayant hérité des héros du massacre de 1988, les manifestants et les unités de résistance de novembre 2019 ont sonné le glas du régime clérical.
Le massacre de l’été 1988 est considéré comme le plus grand massacre de prisonniers politiques de l’ère contemporaine. La politique de complaisance a contribué à la dissimulation de ce génocide. De plus, les auteurs de ce crime sans précédent ont échappé à toute sanction.
Les auteurs et les cerveaux du massacre de 1988 n’ont pas fait face à la justice. Ils poursuivent leurs crimes contre l’humanité alors qu’ils occupent les plus hautes fonctions gouvernementales. Bien sûr, il n’y a aucune illusion sur la justice en Iran tant que le peuple iranien et la Résistance n’auront pas renversé le régime clérical.
Dans un décret pénal, Khomeini a écrit que tous les prisonniers qui restent fidèles à l’OMPI/MEK doivent être exécutés, quel que soit le stade (des poursuites). En conséquence, 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés. Quatre-vingt-dix pour cent d’entre eux appartenaient à l’OMPI/MEK. Par conséquent, l’OMPI se trouve à l’épicentre de ce génocide et de ce grand crime de l’histoire contemporaine”.
Monireh Radjavi ne pouvait même pas écrire son nom sur ses sacs
En rappelant certains souvenirs de prison, Mme Malek-Mohammadi a déclaré : “J’ai été arrêtée en 1982 et incarcérée à la prison d’Evine. J’ai passé du temps aux côtés d’Ashraf Ahmadi, Parvin Haeri, Azam Taq-Darreh, Zohreh Einolyaqin, Razieh Ayatollah-Zadeh Shirazi, Mehri Derakhshani-Nia, une lycéenne de 16 ans, Fariba Omoumi et Maryam Tavanaiyan-Fard. Ces héroïnes ont donné leur vie pour la liberté de l’Iran au cours de l’été 1988 en restant fidèles aux idéaux de l’OMPI.
“Je voudrais évoquer l’un des héroïnes du massacre de 1988, Monireh Radjavi. Elle a été ma compagne de cellule pendant un certain temps. Monireh était la seule prisonnière qui ne pouvait pas dire son nom de famille. Elle n’était même pas autorisée à écrire son nom sur ses sacs parce que les bourreaux redoutaient le nom de “Radjavi”, et ils le craignent toujours. Le fait d’entendre le nom de “Radjavi” dans les haut-parleurs boostait les prisonniers, de sorte que les bourreaux n’appelaient jamais son nom. Chaque fois que c’était le tour de Monireh d’être interrogée, ils venaient et la traînaient dehors. Ses deux petites filles étaient emprisonnées avec elle. Elle n’avait pas le droit d’écrire son nom sur ses affaires ni même sur le lait en poudre de ses enfants.”
Torture des femmes de l’OMPI dans les prisons secrètes
Homa Jaberi était l’une des oratrices du rassemblement. “J’avais 18 ans, j’étais lycéenne, quand j’ai été arrêtée lors de la manifestation du 20 juin 1981. J’ai été condamnée à une peine de prison d’un an et demi mais je suis restée en détention pendant cinq ans et demi dans les prisons d’Evine, de Gohardacht et de Qezel-Hessar. Aujourd’hui, je voudrais parler de la résistance des femmes de l’OMPI, dont j’ai été témoin.
“Les prisons du régime clérical ont des conditions épouvantables, en général, mais les conditions sont particulièrement horribles lorsqu’il s’agit de femmes.
“Bien qu’aux yeux des mollahs, les femmes n’aient aucun droit, elles ont droit à une double ration en matière de torture et d’oppression.
“Des milliers de personnes ont été arrêtées le 20 juin 1981. Ils ont exécuté des groupes la nuit même sans vérifier leurs identités. Ils ont emmené un groupe d’entre nous dans les déserts de l’est de Téhéran pour des simulacres d’exécution. Puis ils nous ont emmenées à la prison d’Evine.
“En 1982, dans la prison de Qezel-Hessar, ils nous ont entassé à 28 – 30 dans une cellule pour deux ou trois détenues. Nous devions nous relayer pour nous asseoir ou dormir. Il n’y avait aucun aménagement. Nous avons vécu comme ça pendant huit mois, mais nous avions le moral. (Assadollah) Lajevardi (le boucher d’Evine) s’est rendu compte que le fait d’être ensemble nous permettait de garder le moral, alors au milieu de l’année 1982, ils nous ont emmenées en isolement à Gohardacht. Au bout de quelques mois, Lajevardi est venu dans nos cellules d’isolement et nous a demandé : “Vous n’avez rien à dire ?” Il voulait que nous nous repentions. Je lui ai dit : “Nous n’avons rien à dire ici”. Il m’a répondu : “Toi, l’hypocrite ! Tu vas rester ici jusqu’à ce que tu pourrisses !’
“Les conditions étaient très dures, le silence absolu. On nous punissait sous le moindre prétexte. Nous n’avions rien d’autre qu’une assiette, une cuillère et un verre. Malgré le froid de Karaj, il n’y avait pas de chauffage. La nourriture était rare. Ils nous ont gardées dans ces cellules pendant deux ans.
“En 1983, ils ont créé une prison secrète à Qezel-Hessar, qui contenait l’Unité résidentielle et la Cage, et personne ne le savait. Nous avons juste vu que certaines prisonnières avaient disparu. Vous avez certainement lu des choses sur “la cage” dans les livres écrits par nos sœurs, Hengameh (Haj Hassan) et Azam (Haj Heydari).
“Les conditions étaient horribles. Les prisonnières avaient les yeux bandés en permanence, elles étaient assises dans un silence assourdissant, sans bouger. Les bourreaux les torturaient toutes les nuits. Ensuite, ils ont emmené un groupe d’entre nous à l’unité résidentielle. Ils nous ont fait porter le tchador et nous ont bandé les yeux. Dans un silence absolu, nous devions nous tenir face au mur. Nous étions autorisés à dormir une fois tous les quelques jours. Ils nous attaquaient et nous torturaient plusieurs fois dans la journée. Si vous poussiez le moindre cri sous la torture, ils vous frappaient vicieusement.
“Certaines de nos sœurs, détenues là pendant 14 mois, ont perdu leur équilibre mental à cause des pressions physiques et psychologiques. Celles qui ont survécu à cette unité ont été exécutées lors du massacre de l’été 1988.
“La question est de savoir pourquoi ils étaient si vicieux ? Parce qu’ils voulaient nous forcer à nous repentir ou nous tuer et nous effacer de l’histoire de l’Iran. En 1979, Khomeiny avait déclaré : “notre principal ennemi est l’OMPI”.
Pour finir, je voudrais rendre hommage à mes sœurs, les héroïnes du massacre de 1988. Shekar Mohammadzadeh qui était infirmière. Faranguisse Mohammad-Rahimi, Ashraf Fada’i, et Tahmineh Sotoudeh, une lycéenne paralysée d’une jambe depuis sa naissance et qui a été exécutée.”
Personne n’a survécu parmi les femmes de l’OMPI détenues au premier étage d’Evine
L’ancien prisonnier politique Hassan Zarif a également parlé des femmes de l’OMPI. Dans une partie de son discours, il a rappelé : “Le vendredi 29 juillet 1988, ils m’ont emmené pour un interrogatoire à la section 209 (du ministère du Renseignement) à cause des grèves dans notre section. Sur mon chemin, j’ai vu environ 70 à 80 prisonnières du quartier des femmes, les yeux bandés, qui étaient emmenées dans des cellules d’isolement au premier étage. La nuit, j’ai contacté les prisonniers du deuxième étage, qui avaient été arrêtés et détenus pour la deuxième fois. J’ai entendu une sœur du premier étage qui nous contactait en morse. Je m’appelle Shahin Panahi, et je suis dans la même cellule que Zohreh Haj Mir-Esmaili. Dans la soirée, Mortazavi (un bourreau) a rassemblé toutes les prisonnières accusées de soutenir l’OMPI et nous a emmenées au mitard. Ils nous ont toutes emmenées, à l’exception de quelques marxistes’.
“Shahin nous a dit : ‘Hier, ils ont emmené certaines prisonnières dans des cellules d’isolement. Monireh Radjavi (la sœur de Massoud Radjavi), Maryam Golzadeh Ghafouri, Zahra Falahat, Homa Rahmanech, et d’autres. Nous n’avons aucune nouvelle d’elles.
“Au bout de quelques jours, j’ai découvert qu’il n’y avait plus personne au premier étage où nos sœurs étaient détenues et au deuxième étage où les agents de liaison de l’OMPI et les détenus arrêtés pour la deuxième fois étaient gardés. J’ai perdu le contact avec ces deux étages”.
Hassan Zarif a ajouté : “Je n’ai pas été emmené à la commission de la mort. Lorsque je suis retourné au service général en octobre, j’ai découvert qu’un massacre massif avait eu lieu à Evine. Des trois salles qui contenaient environ 250 femmes, seule la moitié d’une salle avait survécu, qui étaient pour la plupart des marxistes.”
Mme Massomeh Malek Mohammadi a conclu l’événement : “Khomeiny avait décidé d’éradiquer la génération de l’OMPI de l’histoire de l’Iran dès les premiers mois de son arrivée au pouvoir. Comme vous l’avez témoigné, le seul crime des héros du massacre de 1988 est de ne pas s’être repentis. Ils et elles n’ont pas craint pour leur vie et ont donc payé le prix ultime pour défendre la cause de l’OMPI et la liberté du peuple iranien.
“Dans cette bataille inégale, l’OMPI n’a pas été éradiquée malgré le désir des mollahs mais a fait de nouvelles avancées. Il ne fait aucun doute que nous poursuivrons notre campagne jusqu’à ce que tous ces assassins, y compris Khamenei et Raïssi, soient traduits en justice. L’appel à la justice fait partie de la quête du peuple iranien pour le renversement du régime clérical.”