En Iran, des femmes koulbar passent les montagnes pour nourrir leurs enfants

En Iran, des femmes koulbar passent les montagnes pour nourrir leurs enfants

CNRI Femmes – L’augmentation significative du nombre de femmes koulbar dans les villages frontaliers des provinces du Kurdistan, de l’Azerbaïdjan occidental et de Kermanchah a fait les gros titres des journaux et les médias officiels en Iran.

Le 22 janvier 2020, le site gouvernemental asriran.ir, a publié une nouvelle sur les femmes contraintes d’exercer ce métier de porteur difficile pour échapper à la pauvreté. La nouvelle indiquait que non seulement les hommes mais aussi les femmes portaient de lourdes charges sur leur dos sur les chemins accidentés des montagnes frontalières de l’ouest.

En raison du taux de chômage élevé dans ces provinces de l’Iran, les femmes koulbar (littéralement : porteuse de charge à dos) tentent de résoudre certains de leurs problèmes économiques avec un revenu minimal qu’elles gagnent en faisant ce travail très pénible.

Des femmes koulbar interrogées sur les difficultés de ce travail ont déclaré que ces dernières années, les hommes se sont habitués à ce que les femmes fassent cette tâche, et que le métier de porteur n’est plus un travail masculin. Dans ces régions, certaines femmes transportent sur leur dos jusqu’à 30 kilos de marchandises à travers les montagnes pendant quatre ou cinq heures.

Tahmineh, 33 ans, est porteuse depuis ses 21 ans

Une femme prénommée Tahmineh, âgée aujourd’hui de 33 ans, est incapable de travailler à cause d’un disque lombaire. Tahmineh raconte : « J’étais porteuse depuis l’âge de 21 ans parce que mon mari était seul et que son travail était difficile. Moi et trois autres femmes de Salass-e-Babajani et de Javanroud (dans la province de Kermanchah), nous achetions de l’essence à des revendeurs et la transportions à travers les montagnes dans des jerricans de 10 litres. C’était bien sûr il y a plusieurs années, et c’est devenu très difficile maintenant. Il arrive souvent que les inspecteurs confisquent nos chargements et nous perdons beaucoup. Le taux de change du dollar a augmenté, et nous ne pouvons rien acheter avec notre argent. Le simple fait de prendre le chargement et de le vendre nous rapporterait juste assez pour soulager certains des maux de notre vie. »

 

Le père de Hiva est parti en montagne et n’est jamais revenu

Une jeune fille nommée Hiva, avec un fort accent kurde, a confié : “Notre père a fait tout ce qu’il a pu pour nous en travaillant comme porteur. Il est parti dans les montagnes il y a sept ans et n’est jamais revenu. Nous n’avions plus de soutien de famille. C’est moi qui devais faire quelque chose. Au début, quand je suis devenu koulbar, c’était un peu dur, mais au bout d’un certain temps, je me suis habituée. Chaque fois que j’y vais et que je reviens, j’ai mal au dos pendant quelques jours. Je connais beaucoup de femmes koulbar qui vont dans les montagnes plusieurs fois par mois et travaillent avec leurs maris. C’est très difficile de monter en montagne avec une charge d’environ 30 kilos sur le dos, pendant 4 à 5 heures et de revenir avec la même charge. Mais il n’y a pas d’autre option. Il faut que je gagne de l’argent. »

Des universitaires diplômés travaillent aussi comme koulbar

Une autre femme, Maryam, travaille comme koulbar depuis huit ans pour élever sa fille. « J’ai vu plusieurs personnes qui ont dû faire ce travail en raison des circonstances de leur vie, explique-t-elle. Elles ont une maîtrise et ne trouvent pas de travail. Certaines ne touche même pas de retraite après 65 ans, et dans leurs dernières années, elles doivent traverser ces chemins difficiles pour subvenir aux besoins de leur famille. »

Une autre femme a dit qu’elle travaille comme porteuse pour élever ses sept enfants. Son mari est un employé municipal à la retraite. Elle a dit : « Je travaille comme koulbar depuis sept ans. »

Pendant de nombreuses années, l’élevage et l’agriculture n’ont pas suffi à assurer la vie des habitants des provinces occidentales de l’Iran. Ils ont donc été contraints de travailler comme koulbar et de marcher dans les montagnes. Les femmes koulbar portent des vêtements d’homme pour réduire leurs problèmes lors des traversées des passages difficiles. À Sardasht, Piranshahr, Marivan, Salas-e Babajani, Javanroud, Saqqez, etc., on peut voir de longues files de femmes koulbar qui subviennent aux besoins de leur famille. La pauvreté et le chômage les ont conduites dans ce travail pénible et à risque élevé.

Le gouverneur de Sardasht a déclaré que le taux de chômage dans cette région est de 23 %. Au Kurdistan, le taux de chômage est passé de 11,4 % à l’été 2018 à 12,2 % à l’été 2019. (site asriran.ir – 22 janvier 2020)

 

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