Rapport mensuel juillet 2020 : Le personnel médical iranien combat le virus sans être payé

Le personnel médical iranien combat le virus sans être payé, 15 000 personnes infectées

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Le personnel médical iranien combat le virus sans être payé, 15 000 personnes infectées

Le nombre de personnes décédées du coronavirus a dépassé les 82 000 en Iran, selon les sources de la Résistance iranienne à l’intérieur du pays.

 « Seules cinq provinces ne sont pas dans le rouge », a déclaré Iradj Harirchi, le vice-ministre de la Santé, ajoutant : « Cela signifie que 70,5 millions de personnes sur une population totale de 82 à 83 millions vivent dans des provinces en rouge. » (Agence ILNA – 28 juillet 2020)

Harirchi a également reconnu que la situation à Téhéran n’est pas bonne, qualifiant la capitale d’ « épicentre du coronavirus dans tout le pays ». (Agence ISNA – 26 juillet 2020)

« Le nombre de décès quotidiens atteindra 1 600, si l’épidémie n’est pas jugulée », a averti l’Assemblée des associations de groupes médicaux dans une lettre adressée au président des mollahs, Hassan Rohani. « Ce sera une catastrophe nationale », ajoute la lettre.

Dans ces circonstances, la théocratie a refusé d’affecter le budget nécessaire pour combattre le Covid-19. Elle n’a même pas payé les salaires et les traitements du personnel médical et des infirmières.

Les autorités reconnaissent que « les infirmières tombent comme des feuilles d’automne » et qu’au moins 15.000 membres du personnel médical ont contracté la maladie. Le directeur d’un hôpital de Téhéran a déclaré : « Nous avons été pris de court par l’attaque de la maladie en juillet. » (Télévision d’État, 29 juin 2020)

Les infirmières disent : “on nous anéantit !”

Le plus grand problème du personnel médical iranien est la pénurie de main-d’œuvre. C’est pourquoi ils doivent travailler en plusieurs équipes consécutives.

La pénurie de main-d’œuvre est telle que dans les hôpitaux publics, une grande partie des tâches qui doivent être accomplies par les infirmières et les travailleurs de la santé sont confiées aux accompagnateurs des malades. (Journal Aftab Yazd – 27 juillet 2020)

Une infirmière a dit : “On nous anéantit!”

Une autre infirmière a ajouté : « Comme il n’y a pas assez de remplaçants, les autres sont sous pression. Les infirmières s’épuisent au bout d’un certain temps, et beaucoup finissent par souffrir de problèmes mentaux comme la dépression. »

Mohammad-Reza Mirzabeigi, président de l’Organisation nationale du personnel infirmier, a déclaré : « Environ 60 à 70 % de ces infirmières n’ont pas vu leur famille depuis longtemps. » (Le Club des jeunes journalistes – 15 juillet 2020)

Longues heures de travail et tours de garde consécutifs

Le personnel médical iranien travaille 392 heures par mois. Ce chiffre doit être comparé à la norme internationale de 175 heures par semaine.

Iraj Harirchi a déclaré à ce sujet : « Lors de ma visite à Boukan (Kurdistan iranien), j’ai vu des infirmières qui travaillaient 230 heures par mois dans cette crise, dans des circonstances difficiles, portant les combinaisons de protection des travailleurs de la santé. »

Alors que le personnel médical et les infirmières souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre et d’une pression de travail excessive, Mohammad Sharifi Moghaddam, directeur général de la Maison des infirmières en Iran, annonçait le 27 juin 2020 : « Actuellement, il y a environ 50 000 infirmières dans tout le pays qui n’ont pas de travail. »

Mohammad Mirzabeigi, président de l’Organisation nationale des infirmières, avait admis plus tôt : « Nous aurions dû embaucher 9 000 infirmières par an. Malheureusement, nous n’en avons embauché que 3 000 jusqu’à présent dans le cadre de contrats temporaires de 89 jours“.

Entre-temps, divers responsables du régime ont indiqué qu’il n’y a aucune perspective d’embauche de nouvelles infirmières.

L’Iran a un taux élevé de décès de professionnels de la santé

Des milliers de membres du personnel médical en Iran ont été infectés par le virus, et des centaines ont perdu la vie. Le régime clérical n’est pas transparent à cet égard et ne présente pas de données précises sur les décès et l’infection du personnel médical.

Mohammad Sharifi Moghaddam, directeur général de la Maison des infirmières en Iran, avait précédemment déclaré au quotidien d’Etat Ressalat que ces chiffres sont « d’une importance capitale pour la sécurité. »

Selon un rapport d’Amnesty International, l’Iran se classe au huitième rang des pays où le nombre de décès de professionnels de la santé est le plus élevé. Amnesty International estime que le chiffre est de 91 en Iran mais indique que c’est « probablement une sous-estimation importante en raison de la sous-déclaration ».

Auparavant, le 28 avril 2020, Nassrollah Fat’hian, responsable de la coordination du groupe de travail national de lutte contre le coronaviru, avait déclaré que plus de 100 membres du personnel médical et infirmier avaient perdu la vie en raison du coronavirus.

Au moins 15 000 cas parmi le personnel médical iranien

A propos de l’infection du personnel médical et des travailleurs de la santé, Iradj Harirchi, vice-ministre de la Santé, a déclaré à la télévision officielle : « Nous avons des infirmières qui n’ont pas vu leurs enfants depuis plusieurs mois. Nous avons des médecins qui travaillent dans d’autres villes et qui n’ont pas vu leur femme. 9 959 d’entre eux ont été testés positifs, 5 125 autres sont suspectés d’infection et présentent des symptômes (…) Qu’ils soient médecins ou infirmiers, pour quelque raison que ce soit, ils ont contracté le coronavirus et sont morts. Les infirmières tombent comme des feuilles d’automne. » (Télévision officielle – 29 juin 2020)

Dans le cas le plus récent, Kiana Nakha’i, 26 ans et enceinte, a perdu la vie à cause du coronavirus. Cette infirmière travaillait aux urgences d’un hôpital de Jiroft, dans la province de Kerman (sud de l’Iran). Elle avait subi une césarienne dix jours plus tôt pour donner naissance à son bébé mais n’a pas pu le tenir dans ses bras avant sa mort.

Le tableau suivant compile les données mentionnées par différents responsables du régime sur l’infection du personnel médical et infirmier iranien :

Le personnel médical iranien réclame ses salaires

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le personnel médical et les infirmières d’Iran ont été à la pointe de la lutte contre le virus. Cependant, malgré la pression et les longues heures de travail, le régime des mollahs refuse de payer les salaires des infirmières et de tous les travailleurs de la santé.

Le salaire des infirmières iraniennes, dont 80% sont des femmes, est le plus bas de tous les employés du gouvernement. Néanmoins, beaucoup ont été embauchées sur une base temporaire et avec un contrat de 89 jours, sans couverture sociale ni indemnités.

La pression sur les moyens de subsistance des infirmières et du personnel de santé est telle que, malgré la crise de l’épidémie et malgré un dispositif de sécurité intense et un climat répressif, les infirmières et le personnel médical ont organisé des manifestations à travers le pays pour réclamer leurs salaires.

Voici un compte-rendu des manifestations organisées dans différentes villes et provinces par le personnel médical et les infirmières :

Répression et arrestations, réponse aux protestations légitimes

Le personnel infirmier du CHU de Machad a organisé le 1er juillet 2020 un rassemblement contre l’incapacité du régime à régler ses problèmes économiques. Mais les manifestants se sont heurtés aux forces de sécurité qui ont utilisé des matraques et des électrochocs pour les disperser. Le même jour, l’agence ILNA a rapporté que dix infirmières avaient été arrêtées lors de cette manifestation.

En hiver 2020, le ministre de la Santé avait promis de payer les salaires des infirmières. La télévision officielle, cependant, rapporte que beaucoup d’entre elles n’ont pas reçu leur salaire depuis mars 2020. Selon cette information, sur un total de 700 milliards de tomans alloués au paiement des salaires des infirmières, seuls 200 millions de tomans ont été effectivement payés.

Et le personnel médical et infirmier iranien continue de se battre sur deux fronts. D’un côté, la menace d’être infectés par le coronavirus, et de l’autre, les problèmes économiques et la pénurie des biens de première nécessité. Entre-temps, le régime clérical les a abandonnés sans défense et sans aucune forme de soutien.

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