La fondation Mostazafan va démolir 300 habitations d’un village d’Ahwaz

La fondation Mostazafan s'apprête à démolir 300 ménages dans le village d'Ahvaz

En empêchant l’installation de poteaux électriques, la Fondation Mostazafan a rendu la vie misérable aux femmes et aux enfants du village d’Abolfazl dans la chaleur insupportable d’Ahwaz

Le village d’Abolfazl, dans le sud-ouest de l’Iran, près d’Ahwaz, a été le théâtre d’affrontements le mercredi 26 août 2020 entre les habitants démunis de ce village et les forces de sécurité du régime qui agissaient au nom de la Fondation Mostazafan pour raser leurs maisons.

Les forces de sécurité ont utilisé des fusils à plomb et ont tiré des gaz lacrymogènes contre les habitants qui protestaient, faisant plusieurs blessés dont des enfants. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.

Auparavant, des images avaient été publiées sur les médias sociaux le 24 août, montrant que des habitations du village d’Abolfazl avaient été détruites. L’agence Mehr a publié un une dépêche le 20 août, sur la façon dont la Fondation cherchait à détruire les habitations de ces 300 familles rurales et les laisser sans abri.

Problèmes des femmes et des enfants

Une mère d’âge moyen a parlé des problèmes auxquels elle doit faire face. « Nos maisons sont détruites ici. J’ai cinq enfants handicapés, dont un est mort. J’aimerais qu’ils nous regardent avec plus de compassion afin que nous ne souffrions pas autant par peur de perdre notre toit », a-t-elle confié.

Les femmes et les enfants de ce village ne peuvent pas quitter leur maison à cause de la chaleur insupportable. L’approvisionnement en électricité du village a diminué parce que la Fondation Mostazafan a demandé à la compagnie d’électricité de cesser d’installer des poteaux électriques. Avec une électricité plus faible, les climatiseurs ne peuvent pas fonctionner. Avec la chaleur étouffante qui règne à Ahwaz, la situation est particulièrement insupportable pour les femmes et les enfants.

L’histoire du village d’Abolfazl

Le village de Hazrat-e Abolfazl est situé entre la ville de Zardasht et le quartier de Kianshahr dans la ville d’Ahwaz, capitale de la province du Khouzistan, riche en pétrole, dans le sud-ouest de l’Iran. Les médias d’État ont rapporté que quelque 300 familles résidaient dans ce village depuis quatre décennies.

Le 26 août 2020, le quotidien officiel Sharq écrivait : « Les habitants du village d’Abolfazl, qui fait 25 hectares au total, ont des actes selon lesquels certains villageois ont obtenu des quotas d’eau agricole de 1985 à 1991 pour planter du blé, de l’orge, des légumes, etc… L’acte indique également que les villageois y vivent depuis 40 ans. Mais la Fondation Mostazafan prétend être propriétaire de leurs terres et les empêche de bénéficier des services ruraux. »

Il y a trente ans, après la fin de la guerre Iran-Irak, les terrains du village d’Abolfazl n’avaient aucune valeur et étaient considérés comme inadaptés à l’agriculture. Mais progressivement, avec l’expansion de la capitale, la valeur immobilière du village d’Abolfazl a également commencé à augmenter.

Depuis environ un an, la Fondation Mostazafan, qui opère sous la supervision directe d’Ali Khamenei, le guide suprême des mollahs, revendique la propriété de ces terrains et cherche à en expulser les habitants. Les villageois qui ont résisté à la démolition de leurs maisons, ont été arrêtés à la demande de la fondation.

Les responsables de la province du Khouzistan ont seulement promis de donner suite aux plaintes des villageois, mais n’ont pris aucune mesure.

La Fondation Mostazafan, au nom des pauvres, pour le bénéfice des riches

La Fondation Mostazafan (ou Fondation des Déshérités) est l’un des principaux centres de corruption et de pillage des biens du peuple iranien.

Le quotidien Hamdeli écrivait le 22 août 2020 : « La Fondation Mostazafan a été créée en 1979 pour servir les couches sociales nécessiteuses et défavorisées et mettre fin aux privations. Mais l’examen des activités de la fondation laisse apparaitre qu’elle est devenue un outil pour créer de la richesse chez les plus riches de la société. Le transfert de propriété de propriétés et d’immeubles de plusieurs milliers de mètres à des personnes influentes dans les quartiers chics de la capitale n’est qu’un exemple de la manière dont la fondation a violé ses objectifs premiers. »

En 1997, le directeur de l’époque, Mohsen Rafiqdoust, a déclaré que la fondation possédait environ 400 sociétés commerciales et produisait 28% des textiles de l’Iran, 22% de son ciment, environ 45% de ses boissons non alcoolisées, 28% de son caoutchouc et 25% de son sucre. En 2019, le bénéfice net de cette fondation s’élevait à 36 000 milliards de tomans.

Les femmes du village d’Abolfazl

L’imam de la mosquée du village d’Abolfazl a dit : « Si la fondation est vraiment la fondation des déshérités, il n’y a pas plus opprimé que ces gens. »

Depuis plus de 40 ans, 300 familles ont construit des maisons et vécu dans le village d’Abolfazl. Aujourd’hui, elles sont obligées de quitter leurs maisons alors que, d’une part, le Coronavirus s’est propagé et que, d’autre part, la chaleur étouffante et insupportable et la situation économique malsaine ont rendu la vie des gens plus difficile. Ces 300 familles démunies n’ont pas les moyens d’acheter ou même de louer une maison dans d’autres banlieues d’Ahvaz.

Il est très douloureux et intolérable pour toute conscience humaine d’imaginer comment les femmes du village d’Abolfazl peuvent s’occuper de leurs enfants après avoir évacué leurs maisons ou répondre aux besoins de leurs familles en état à la rue.

Non seulement les responsables corrompus de l’État n’ont pas tenu compte du besoin de ces villageois d’avoir une vie décente et de jouir de leurs droits fondamentaux, mais ils sont aussi la principale cause de l’absence de logement des villageois.

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