Rapport Mensuel Octobre 2020 : Violation des droits fondamentaux des prisonnières politiques en Iran

Violence contre les femmes

Violation des droits fondamentaux des prisonnières politiques en Iran

Elles sont les principales cibles de la vindicte du régime clérical

En octobre, les droits les plus fondamentaux des prisonnières politiques en Iran ont été violés. Le régime clérical a adopté diverses mesures inhumaines, notamment à l’encontre des prisonnières politiques.

Assiégé par diverses crises politiques, sociales et économiques, et face au mécontentement croissant de la population, la dictature religieuse n’a d’autre réponse que d’intensifier la répression.  

Elle a multiplié les exécutions, les arrestations, les peines humiliantes et les condamnations plus lourdes que les délits présumés.

Ainsi, le régime clérical tente des démonstrations de force pour dissimuler sa formidable instabilité. Pour ce faire, il a utilisé toutes les ressources du pays non pas pour lutter contre le coronavirus mais intensifier la répression.

Captives menottées, victimes immédiates

Les prisonniers politiques sont les plus opprimés de tous les secteurs et groupes sociaux. Ce sont des captifs menottés qui portent le poids de la vengeance du régime en toutes circonstances.

Ils ont été incarcérés simplement pour avoir exprimé une opinion politique différente ou pour leurs activités de défense des droits humains. En premier lieu, ils ne devraient pas être en prison.

Le régime des mollahs non seulement ne libère pas les prisonniers politiques, même temporairement, mais il envoie chaque jour de plus en plus de dissidents en prison.

Les mollahs ont profité du coronavirus pour éliminer leurs captifs.

Les prisons ne reçoivent pas de ressources ni d’équipements hygiéniques pour protéger les détenus contre le virus. La pénurie d’eau, de détergents et de désinfectants, la pénurie d’équipements de protection comme les masques et les gants, le manque d’espace de quarantaine et des soins médicaux inadéquats ont tous accéléré la propagation du coronavirus dans les prisons iraniennes.

Non seulement il n’y a pas de séparation des catégories de détenus dans les prisons pour femmes, mais même des détenues malades atteints de maladies contagieuses sont mêlées aux autres.

Voici un bref aperçu des mesures inhumaines prises par le régime clérical dans les prisons contre les prisonnières politiques en Iran au mois d’octobre:

Refus de traitement et de soins médicaux

L’une des méthodes couramment utilisées par le régime clérical pour torturer à mort les prisonniers politiques est de les priver de soins médicaux. Il y a eu plusieurs cas dans le quartier des femmes de la prison d’Evine le mois dernier. Les détenues atteintes de maladies graves ont été soit privées de tout traitement, soit envoyées à l’hôpital mais renvoyées avant d’être soignées.

Enfin, le 27 octobre, lorsque Fatemeh Mosanna a subi un autre saignement intestinal abondant, les autorités ont accepté de l’envoyer à l’hôpital de Taleghani.

Là, le médecin a dit qu’elle devait être traitée sous sa supervision. Mais si le traitement ne s’est pas avéré efficace, il a dû l’opérer.

Malgré ses conditions critiques, les gardiens de prison l’ont renvoyée en prison. L’ordre est venu du ministère des Renseignements et du procureur chargé de la surveillance des prisonniers politiques.

Mme Senobari souffre d’une vision floue, d’une jambe droite cassée et d’autres maladies dues à la torture pendant son interrogatoire. Mais les autorités pénitentiaires ont refusé de lui accorder un congé médical pour se faire soigner.

Relocalisation des prisonnières politiques d’Evine

Une autre méthode du régime clérical pour augmenter la pression sur les prisonnières politiques en Iran consiste à les envoyer dans des prisons où elles sont détenues parmi les prisonnières de droit commun et les criminelles dangereuses.

À cette fin, au moins 7 prisonnières politiques ont été transférées du quartier des femmes d’Evine vers d’autres prisons où la séparation des catégories n’est pas respectée.

Cette prisonnière politique de 62 ans est avocate et mère de quatre enfants. Elle a été emprisonnée pendant trois ans dans les années 1980 pour avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK).

La prison de Qarchak à Varamine et la prison centrale d’Oroumieh sont parmi les pires prisons touchées par le coronavirus en Iran.

De nombreux manifestantes arrêtées lors du soulèvement de novembre 2019 sont détenues dans la prison de Qarchak. Il s’agit notamment de Raha Ahmadi, Zeinab Alipour, Leila Akbari, Samira Hadian, Guita Horr, Parizad Hamidi Shafaq et Zohreh Sarv.

Les informations en provenance du quartier des femmes d’Evine indiquent qu’après les transfèrements, le climat de répression dans le quartier s’est intensifié. Les autorités pénitentiaires ont réduit la durée des appels téléphoniques, affirmant qu’il y a des problèmes concernant les lignes téléphoniques.

Les rapports indiquent également que les prisonnières relocalisées n’ont pas eu la possibilité d’emporter leurs articles d’hygiène et autres articles essentiels.

En plus d’augmenter la pression sur les prisonnières politiques en Iran, les transferts visent à ouvrir un espace pour de nouvelles détenues dans les prochains jours.

Il est également largement admis que les autorités pénitentiaires prévoient de fermer le quartier des femmes d’Evine. Il s’agit du seul quartier pour femmes dans le pays où les prisonnières politiques sont séparées des détenues de droit commun.

Harcèlement et intimidation des prisonnières politiques à Qarchak

Les autorités de la sinistre prison de Qarchak ont recueilli des signatures sur une lettre contre les détenues politiques afin de les empêcher de se rendre à l’atelier et de parler à d’autres prisonnières.

La dernière semaine d’octobre, des informations ont été reçues indiquant que Mirzaï, le directeur adjoint de Qarchak, et Asgari, le responsable de l’atelier de la prison, avaient fait circuler une lettre parmi les prisonnières de droit commun. La lettre disait que les détenues politiques, en particulier Zahra Safa’i, contestait le régime et discutaient de questions politiques en se rendant à l’atelier.

Sur la base de cette lettre, le directeur de la prison a interdit à ces détenues se rendre à l’atelier.

Les prisonnières politiques, dont Zahra Safa’i, Parastou Moïni, Forough Taghipour, Maryam Nassiri et Golrokh Iraee, ont protesté contre ces nouvelles restrictions en tambourinant à la porte et en scandant “A bas le dictateur”.

Après cet incident, les prisonnières politiques se sont adressés aux signataires de la lettre. Il est apparu clairement que 10 signataires étaient de nouvelles arrivantes et ne savaient rien du contenu de la lettre. Trois autres se sont excusés auprès de Zahra Safa’i et d’autres prisonnières politiques. Elles ont déclaré l’avoir fait sous la pression des autorités.

Le lendemain, Zahra Safa’i a eu une attaque cardiaque après avoir été harcelée et intimidée par les responsables de la prison. Mais on ne lui a donné que quelques comprimés et elle a été renvoyée en cellule.

Zahra Safa’i, sa fille Parastou Moïni et Forough Taghipour sont emprisonnées à Qarchak pour avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) et pour avoir diffusé de la propagande contre la dictature.

Elles ont été agressées à plusieurs reprises dans cette prison par des détenues ordinaires engagées et provoquées par le directeur de Qarchak. La vie de ces prisonnières est en grave danger.

Nouvelles arrestations et détentions

Comme les mois précédents, le régime clérical a procédé à de nouvelles arrestations parmi les militantes des droits civils et humains.

Nouvelles peines de prison

Le régime clérical a prononcé de nouvelles peines de prison pour un plus grand nombre d’activistes civils et politiques en octobre :

Raid sur les prisonnières sans défense à Kermanchah

Les femmes emprisonnées dans le centre de réhabilitation de Kermanchah ont organisé une manifestation le 21 octobre 2020. Elles ont protesté contre les dures conditions imposées par le directeur de cette prison. Leur protestation pacifique a toutefois été suivie d’une attaque des gardes spéciaux.

Les gardes spéciaux les ont brutalisé à coups de matraques et leur ont lancé des gaz lacrymogènes. Deux prisonnières, Sheno Rahmati et Fatemeh Rahimi, ont été sévèrement battues. Elles ont été traînées sur le sol et mises à l’isolement.

Des manifestantes ont souffert d’essoufflement à cause des gaz lacrymogènes et du gaz poivré utilisés par les gardiens.

Soheila Zahiri, membre de la milice du Bassidj, dirige la section des femmes. Elle met en œuvre les nouvelles règles sévères concernant les détenues, leur rendant la vie intolérable.

Quelques jours plus tard, la famille d’une des détenues a déclaré que « les autorités pénitentiaires ont convoqué des prisonnières et ont menacé de les envoyer dans des prisons éloignées. En outre, les malades ont été punies en étant privées de leurs médicaments, et d’autres prisonnières sont soumises à des restrictions pour passer des appels téléphoniques ».

Prison de Tabriz – traitement inhumain d’une malade

Des nouvelles récentes de la prison de Tabriz indiquent qu’une femme de 60 ans du nom de Shahin Solhjou a contracté un herpès zoster. Les autorités de la prison de Tabriz ont d’abord transféré Shahin Solhjou au dispensaire, puis à l’isolement. Mais comme les gardiens de la prison avaient peur de contracter la maladie, ils l’ont renvoyée dans la salle générale au bout de deux jours.

Les détenues ont réclamé son hospitalisation. En réaction, les gardiens de prison ont eu recours à une nouvelle mesure inhumaine, obligeant cette femme âgée qui souffre à dormir dans la cour pendant les nuits froides de l’automne.

Quelque 150 détenues du quartier des femmes de la prison de Tabriz sont exposées à l’herpès zoster. Au moins 9 prisonnières ont contracté le COVID-19 au cours de la dernière semaine de septembre 2020.

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