Persécution des défenseurs des droits humains et exécution de femmes en Iran

Persécution des défenseurs des droits humains et exécution de femmes en Iran

CNRI Femmes – Les principales formes de persécutions des défenseurs des droits humains en Iran sont exercées par des agents de l’État et parrainées par l’État.

Le dernier jour des 16 jours d’activisme pour éliminer la violence contre les femmes, qui coïncide avec la Journée mondiale des droits de l’homme, nous passerons brièvement en revue les arrestations arbitraires, la persécution des défenseurs des droits humains, des militantes des droits civils et des prisonnières politiques, ainsi que l’exécution des femmes en Iran.

Persécution des défenseurs des droits humains

Les défenseurs des droits humains sont l’un des groupes de femmes constamment confrontées à la violence d’État. Le régime iranien a intensifié sa répression contre les femmes ces dernières années. Il considère les défenseurs des droits humains comme des menaces pour la sécurité nationale. Par conséquent, il n’y a pas de loi ou de politique nationale pour les protéger.

Des dizaines de femmes défenseurs sont persécutées pour leur travail légitime.

Les défenseurs des droits humains sont soumis à la torture, y compris les exécutions simulées, les coups, la privation de sommeil et le refus d’accès à des soins médicaux adéquats ; les arrestations et détentions arbitraires suivies de procès inéquitables ; la dispersion violente de manifestations pacifiques ; les interdictions de voyager et le harcèlement des membres de la famille, y compris leurs enfants. Il a été révélé en février que les défenseurs de l’environnement Niloufar Bayani et Sepideh Kashani avaient été sauvagement torturés mentalement et physiquement et harcelés sexuellement. Les interrogateurs ont tenté de les contraindre à écrire de faux aveux contre elles-mêmes.

Mary Mohammadi, une chrétienne convertie, a été arrêtée lors des protestations contre l’abattage de l’avion de ligne ukrainien par l’IRGC en janvier 2020. Elle a été torturée et harcelée sexuellement et physiquement pendant ses interrogatoires. Elle a été forcée d’enlever tous ses vêtements et de s’accroupir.

Les arrestations d’avocats des droits de l’homme s’inscrivent également dans une tentative des autorités de les empêcher de défendre leurs clients, qui sont souvent des défenseurs des droits de l’homme ou des personnes passibles de la peine de mort, y compris pour des crimes commis dans leur enfance.

Violentes arrestations arbitraires

L’arrestation et l’emprisonnement en raison des convictions politiques ou religieuses sont contraires au droit international. L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».

Le régime clérical en Iran dispose cependant de nombreux organes de répression, chacun agissant indépendamment pour arrêter toute personne qui s’oppose au régime. Les Forces de sécurité de l’État (FSE), le Corps des gardiens de la révolution (pasdaran), la milice du Bassidj et même les comités de discipline des universités sont les composantes d’un vaste réseau qui réprime la liberté de pensée, d’expression et de rassemblement du peuple iranien.

Ces organismes arrêtent les femmes en public ou à domicile, souvent sans mandat légal et en recourant à la force brute et à la violence.

Le régime a procédé à une vague d’arrestations de militants des droits civils au cours de l’année dernière, malgré la pandémie qui sévit dans les prisons iraniennes, malgré l’absence d’équipements sanitaires minimums et de détergents.

Parmi les femmes arrêtées l’année dernière figurent Nazanin Tousi, Farzaneh Jalali, Jhaka Esma’ili, Gita Horr, Raha Ahmadi, Mojgan Eskandari, Samira Hadian, Maryam Alishahi, Melika Gharagozlou, Baran Behzad, Shahnaz Sadeghifar, Hajar Saïdi, Zahra Jamali, Maryam Khoshandam, Roghieh Hassanzadeh, Fariba Fereydouni, Somayyeh Namadmal, Saba Azarpake (journaliste), Yalda Emamdoust, Zeinab Hamrang, Sedigheh Morsali, Aghdas Pour-Eshragh, Mehraban Keshavarzi, Zahra Rahimi, Kowsar Karimi (journaliste), Touran Haml-Zehi, Zeinab Alipour, Leila Akbari, Parizad Hamidi Shafaq, Zohreh Sarv, Khadijeh Mehdipour, Ashraf Nafarieh, Elham Samimi, Aliyeh Motallebzadeh, Shabnam Ashouri, Neda Pirkhezranian, Bahareh Soleimani, Nahid Taghavi, Maryam Payab, Raheleh Ahmadi, Leila Tirandari, and Parisa Seifi.

Faranguisse Mazloum a passé du temps en isolement et sous la torture pour avoir défendu son fils, le prisonnier politique Soheil Arabi. Le tribunal révolutionnaire de Téhéran l’a d’abord condamnée à six ans de prison, mais a ensuite commué sa peine en 18 mois de prison.

L’accès des femmes à la justice

En Iran, les prisonnières politiques et d’opinion, ainsi que de nombreuses prisonnières ordinaires, sont privées d’une procédure légale régulière et n’ont pas accès à la justice. Les procédures judiciaires ne sont pas conformes aux lois du régime, et encore moins aux lois internationales.

Les prisonnières sont confinées dans une cellule d’isolement après avoir été arrêtée pour être contrainte, sous la pression et la torture, à faire des aveux contre elles-mêmes. Pendant cette période, la prisonnière n’a aucun contact avec le monde extérieur pour informer sa famille de son arrestation et de son lieu de détention. Dans ces circonstances, il est totalement impossible pour la prisonnière d’avoir un avocat.

À de nombreuses reprises, les prisonnières ont eu recours à la grève de la faim en dernier recours et ont refusé de se nourrir et mis en danger leur santé afin d’atteindre leurs revendications légitimes.

Traitement des prisonnières politiques et des militantes civiles

Les prisonnières politiques et les militantes civiles détenues sont systématiquement brutalisées et maltraitées pour être contraintes à de faux aveux, à coopérer avec le régime ou à donner leurs informations. Lorsqu’elles refusent, elles sont privées de soins médicaux pour provoquer leur mort progressive. Les autorités engagent aussi des prisonnières de droit commun pour les tuer en prison. 

La commission des Femmes du CNRI et la Résistance iranienne ont publié plusieurs communiqués, mettant en garde contre les menaces visant la vie des prisonnières politiques à la prison de Qarchak.

La prisonnière politique Zahra Safaei a été menacée le 3 juin 2020 par plusieurs détenues engagées par le ministère du Renseignement. Elles ont menacé d’attaquer et de tuer Mme Safa’i.

Puis, en août, d’autres informations ont indiqué que deux détenues ont attaqué Zahra Safa’i, le 27 août 2020, en la frappant au visage et à la tête. Elles ne se sont arrêtées que lorsque d’autres prisonnières se sont interposées. Zahra Safa’i s’est ensuite plainte auprès des autorités de la prison de Qarchak, en disant « Nous n’avons aucune sécurité ici. Nous ne nous sentons pas en sécurité la nuit dans la cellule ni même pas quand nous allons aux toilettes ».

La dernière semaine d’octobre, les autorités de la prison de Qarchak ont conspiré contre les prisonnières politiques pour les empêcher de se rendre à l’atelier et d’éduquer les autres détenues. Les agents ont verrouillé la porte sur elles, ce qui a provoqué leur protestation. Les prisonnières politiques, dont Zahra Safa’i, Parastou Mo’ini, Forough Taghipour, Maryam Nassiri et Golrokh Iraee, ont protesté contre les nouvelles restrictions en tambourinant la porte et en scandant “A bas le dictateur”.

De gauche à droite, Forough Taghipour, Zahra Safaei, Parastou Mo’ini et Golrokh Iraee détenus dans la prison de Qarchak

Le lendemain, Zahra Safa’i a subi une attaque cardiaque après avoir été harcelée et intimidée par les autorités de la prison. Mais on ne lui a donné que quelques comprimés et ils l’ont renvoyée en cellule.

Zahra Safa’i, sa fille Parastou Mo’ini et Forough Taghipour sont emprisonnées à Qarchak pour avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) et pour avoir diffusé de la propagande contre le régime. Elles ont été agressées à plusieurs reprises dans cette prison par des détenues ordinaires engagées et provoquées par le directeur de Qarchak. La vie de ces prisonnières est en grave danger.

La prisonnière politique Golrokh Ibrahimi Iraee est incarcérée à la prison Qarchak de Varamin. Elle est privée de visites avec son mari emprisonné, le prisonnier politique Arash Sadeghi qui souffre d’un cancer. Sur la base d’une nouvelle plainte déposée contre elle, Golrokh Iraee a été emprisonné pour purger sa peine de 3 ans et 7 mois. Elle a été convoquée par les services de renseignement des pasdarans dans le quartier 2A de la prison d’Evine pour y subir des interrogatoires.

Refus de traitement médical

Condamnée à la prison à vie, Zeinab Jalalian purge sa treizième année de prison. Elle souffre de diverses maladies, notamment d’asthme, de ptérygion, d’un muguet buccal et de complications gastro-intestinales. Elle a été transférée quatre fois d’une prison à l’autre en l’espace de six mois cette année. Elle est actuellement privée de tous ses droits en tant que prisonnière, et sous pression pour exprimer des remords et coopérer avec le ministère du renseignement.

Elle a été brusquement transférée de la prison de Khoy le 29 avril 2020 à la prison de Qarchak, où elle a contracté le coronavirus mais a été abandonnée sans traitement médical. Elle a ensuite été brutalisée et transférée à l’isolement dans la prison de Kerman, puis à la prison de Kermanshah et de nouveau à la prison de Yazd, soit aux quatre coins de l’Iran. Ses poignets et ses chevilles ont été blessés pendant le transfert, car elle a été traînée à terre.

La prisonnière politique Fatemeh Mosanna est condamnée à 15 ans de prison parce qu’elle a organisé une cérémonie à la mémoire de son beau-père décédé qui était membre de l’opposition OMPI/MEK.

Elle souffre d’une infection et d’une hémorragie intestinales. La clinique de la prison d’Evine a annoncé qu’elle ne pouvait rien faire pour son traitement. Mais les autorités de la prison ont refusé de l’envoyer à l’hôpital ou même de lui accorder une permission de sortie médicale. Finalement, le 19 août, elle a été transférée à l’hôpital Taleghani de Téhéran où elle a été menottée, mins et pieds, au lit pendant tout son séjour. Fatemeh Mosanna a été renvoyée en prison malgré l’opposition de son médecin, sans avoir terminé ses examens et son traitement. 

Elle a été détenue dans la cellule de quarantaine malgré son état de santé critique. Elle souffrait de problèmes gastro-intestinaux, notamment de diarrhées et de vomissements, et ne pouvait rien manger.

Puis le 27 octobre, lorsque Fatemeh Mosanna a subi une nouvelle hémorragie intestinale importante, les autorités ont accepté de l’envoyer à l’hôpital de Taleghani. Mais une fois de plus, ils l’ont renvoyée en prison sans la soigner.

La prisonnière politique Massoumeh Senobari est condamnée à un total de huit ans de prison, un an pour “propagande contre l’État”, cinq ans pour “appartenance aux Moudjahidine du peuple” et deux ans pour “insulte à Khamenei”. Elle est détenue parmi les prisonnières ordinaires dans le quartier des femmes de la prison de Tabriz où elle est soumise à de fortes pressions. Elle a contracté le COVID-19. Mme Senobari souffre d’une vision floue, d’une jambe droite cassée et d’autres maladies dues à la torture pendant son interrogatoire. Mais les autorités de la prison ont refusé de lui accorder une autorisation médicale pour recevoir un traitement. Née en 1988, Mme Senobari est mère d’un enfant et vit à Tabriz, capitale de la province de l’Azerbaïdjan oriental, dans le nord-ouest de l’Iran.  

Dans le quartier des femmes de la prison Sepidar d’Ahwaz, la prisonnière politique Nejat Anvar Hamidi souffre d’une mauvaise vue, de complications thyroïdiennes et de maux de tête chroniques. De plus, elle a contracté le coronavirus. La prisonnière de 62 ans a été arrêtée en mars 2019 et détenue à la prison de Sepidar pour y purger sa peine de 5 ans. Elle est accusée d’être membre de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Les autorités de la prison de Sepidar l’ont jusqu’à présent empêchée de recevoir des soins médicaux.

Nahid Fat’halian, une enseignante militante à la retraite, est toujours dans un statut indéterminé à la prison d’Evine depuis son arrestation le 14 avril 2020. Elle a activement aidé les victimes des inondations en leur apportant des aides au printemps 2019.

Zahra Jamali purge actuellement sa peine de trois ans et six mois dans le quartier des femmes de la prison d’Evine. Elle a un kyste de l’ovaire et une tumeur dans la plante du pied et souffre beaucoup mais les autorités de la prison refusent de l’envoyer dans un centre médical. La seule raison de l’emprisonnement de Mme Jamali est qu’elle a fait un discours lors de la cérémonie d’enterrement du jeune prisonnier politique Alireza Shir Mohammadi, assassinée par des détenus à l’instigation des autorités du pénitencier du Grand Téhéran.

Monter des dossiers contre les prisonnières politiques

Le pouvoir judiciaire du régime fabrique des dossiers contre les prisonnières politiques résistantes comme une pratique systématique pour prolonger leurs peines de prison et augmenter la pression sur eux.

Les prisonnières politiques Maryam Akbari Monfared et Atena Daemi ont été ciblées par les services de renseignement des pasdraans qui ont fabriqué de nouvelles plaintes contre elles. Leur tribunal s’est réuni le 31 août. L’accusation portée contre les deux prisonnières politiques est de “perturber l’ordre en prison” en scandant des slogans contre le régime.

Maryam Akbari Monfared est condamnée à 15 ans de prison pour avoir contacté ses frères et sœurs membres de l’opposition OMPI/MEK. Elle a purgé 11 ans de sa peine sans avoir obtenu un seul jour d’autorisation de sortie.

Atena Daemi, une militante des droits de l’enfant, était sur le point d’achever sa peine, lorsqu’elle a été condamnée à 3 ans et 7 mois supplémentaires après une nouvelle affaire fabriquée de toutes pièces contre elle. Puis, dans une autre affaire inventée de toutes pièces par le ministère du renseignement et les pasdarans, Atena Daemi a été condamnée, pour la troisième fois consécutive, à une peine supplémentaire de deux ans de prison et à 74 coups de fouet. Sa peine de prison a donc atteint un total de 10 ans.

Exécution de femmes en Iran

L’Iran est le seul pays au monde qui exécute autant de femmes. 109 femmes ont été exécutées pendant le mandat de Rohani depuis août 2013.

La plupart des femmes exécutées étaient elles-mêmes victimes de violences domestiques et de lois familiales discriminatoires. Beaucoup agissent en légitime défense contre les mauvais traitements infligés par leur mari et un système qui ne les protège pas.

Les condamnations à mort sont prononcées à l’issue de procès inéquitables, à huis clos, couplés à la torture pour contraindre les prisonniers à faire des aveux.

Dans une lettre publiée le 27 juillet 2019, la prisonnière politique Golrokh Ebrahimi Iraee, a abordé la question des femmes reconnues coupables de meurtre et condamnées à mort :

« En rencontrant des femmes reconnues coupables de meurtre, j’ai appris qu’un grand pourcentage d’entre elles avaient assassiné leur mari – de manière involontaire ou préméditée – après avoir été humiliées, insultées, battues et même torturées pendant des années et parce qu’elles étaient privées de leur droit au divorce. Bien qu’elles se considèrent comme des criminelles, elles sont convaincues que si l’un de leurs appels répétés au divorce avait été accordé, elles n’auraient pas commis un tel crime. »

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