Les crimes d’honneur et les féminicides sont en augmentation en Iran

Les crimes d'honneur et les féminicides sont en augmentation en Iran

Zilan Aivez, 15 ans

Chaque jour qui passe apporte son lot de nouvelles concernant les crimes d’honneur et les féminicides en Iran.

Zilan Aivaz, 15 ans, a été abattue par son père, Abdusalam, le vendredi 7 juillet 2023. Le crime d’honneur a eu lieu dans le village de Ziveh, dans le comté de Piranchahr, en Azerbaïdjan occidental.

Salam Aivaz aurait appris l’amitié de sa fille avec un jeune homme et aurait décidé de lui ôter la vie.

Selon les lois misogynes du régime clérical, un père possède le sang de ses enfants et ne sera pas puni par un “châtiment” ou par la peine de mort pour avoir tué ses enfants.

Selon l’article 301 de la loi sur les châtiments islamiques du régime iranien, le père ou le grand-père paternel qui tue ses propres enfants n’est pas puni” parce qu’il “possède” le sang de ses enfants. “Le châtiment du meurtrier, c’est-à-dire l’exécution, n’est applicable que si le meurtrier n’est pas le père ou le grand-père paternel de la victime. (Loi islamique sur les peines adoptée en avril 2013)

L’article 630 de la loi sur les peines stipule qu’une femme peut être instantanément assassinée si son mari la trouve en train d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme.

Une nouvelle étude révèle qu’une femme est tuée tous les quatre jours

En raison de ces lois misogynes qui sanctionnent le meurtre de femmes par leurs parents masculins, les crimes d’honneur et les féminicides sont devenus monnaie courante en Iran. Une nouvelle étude publiée par le quotidien semi-officiel Sharq le 5 juillet indique qu’une femme est tuée tous les quatre jours en Iran.

Selon l’étude publiée par Sharq, 165 femmes ont été tuées au cours des deux dernières années. 108 femmes ont été tuées par leur mari, 17 par leur frère, 13 par leur père et 9 par leur propre fils. Dix-neuf autres femmes ont été tuées par d’autres hommes de leur famille, notamment leur beau-père, leur beau-frère et leur oncle.

Le rapport indique que 43 femmes ont été tuées par des armes à feu, 40 ont été poignardées à mort, 35 ont été étranglées, torturées ou brûlées, et 37 ont été poussées du haut d’une colline. 41 % de ces femmes ont été tuées dans la province de Téhéran.

Les nouveaux chiffres minimisent la réalité

Les récentes données publiées par Sharq minimisent la réalité. Il y a deux ans, un expert en maux sociaux écrivait que « L’Iran détient le record mondial de la violence domestique (contre les femmes) »

Mohammadreza Mahboubfar écrit dans son rapport publié par Jahanesanat.ir le 19 novembre 2020 : « Les chiffres précédents sur les crimes d’honneur en Iran n’ont jamais été complets, transparents ou exacts. Les institutions et organisations qui s’occupent de ces chiffres, comme les urgences sociales et la police, n’ont pas accès aux données et aucun chiffre officiel n’a été annoncé à cet égard. Les chiffres précédents indiquaient un nombre maximum de 450 cas de crimes d’honneur dans le pays chaque année. »

Le rapport poursuit : « Dans le passé, les crimes d’honneur se déroulaient davantage dans les provinces à structure tribale, et le Khouzistan, le Kurdistan, l’Ilam, le Sistan-Baloutchistan étaient les plus nombreux. Aujourd’hui, les situations culturelles, juridiques, politiques, sociales et économiques contribuent fortement à la violence contre les femmes. Les crimes d’honneur sont en augmentation plus que jamais. Les crimes d’honneur dans le pays ont récemment connu une croissance significative par rapport à la même période l’année dernière, et les meurtres familiaux arrivent en tête des crises du pays. On estime qu’au moins 8 meurtres ont lieu chaque jour en Iran. »

Mahboubfar révèle ensuite de façon choquante : « La poursuite de cette tendance pourrait faire passer la moyenne de 450 meurtres d’honneur par an à 2736 cas en 2020. »

Qui est responsable du taux élevé de crimes d’honneur et de féminicides ?

Qui est responsable du taux élevé de crimes d’honneur et de féminicides en Iran ? Alors que les couteaux, les faucilles et autres armes sont entre les mains d’un père, d’un frère, d’un mari ou d’un autre parent masculin, ce sont les lois misogynes qui favorisent les crimes d’honneur et les féminicides.

La performance misogyne du pouvoir judiciaire en place peut être facilement comprise par quelques comparaisons simples. Par exemple, le père de Romina Ashrafi, qui a décapité sa fille de 14 ans avec une faucille, a été condamné à 9 ans de prison, et il a été libéré au bout de deux ans.

Romina Ashrafi

Ali Bagheri, un avocat, souligne l’immunité légale du père et du grand-père paternel contre les représailles. Il déclare : « Il n’y a pas de corrélation entre le crime et le montant de la peine infligée au père de Romina. Le père de Romina Ashrafi pensait qu’il était le propriétaire de cette enfant et qu’il pouvait la tuer avec une faucille. Lorsque le juge a demandé au père de Romina pourquoi il n’avait pas tué Bahman Khavari, l’homme avec lequel Romina s’était enfuie, il a répondu : “Si j’avais tué Bahman Khavari, ils auraient exercé des représailles contre moi. Mais il n’y en avait pas avec ma fille. “» (site Ensaf News – 11 septembre 2020).

L’avocat souligne : « Les jugements ne sont pas dissuasifs, et de tels cas nous amènent à assister à encore plus de meurtres de filles. L’absence de lois de protection rend l’auteur du crime plus susceptible de récidiver et expose la victime à une peur redoublée. » (Ensaf News – 11 septembre 2020).

Par ailleurs, le père de Faezeh Maleknia, qui avait brûlé sa fille, a été acquitté par le tribunal. (Dideban-e Iran, 10 mai 2022)

Le mari de Mona Heydari n’a pas été puni pour avoir décapité sa femme. Les autorités judiciaires ont déclaré que les parents de la victime n’avaient pas demandé de châtiment. (The state-run khabaronline.ir – 24 mai 2022)

Mona Heydari, victime de crimes d’honneur et de mariages forcés d’enfants

Salman Khodadadi est resté essentiellement impuni pour le viol et le meurtre de Zahra Navidpour.

Massoumeh Sanobari a été condamnée à 8 ans de prison pour ses activités politiques et Mme Salbi Marandi, 80 ans, a passé 7 mois dans la prison de Khoy après avoir subi 70 coups de fouet pour avoir protesté contre le meurtre de son fils.

En effet, si quelqu’un doit être puni, c’est le gouvernement qui transforme la misogynie en culture dominante et officielle et qui perpétue la violence à l’égard des femmes en les humiliant quotidiennement.

Dans une structure comme celle de l’Iran, même si le tueur est puni, un assassinat d’État ajoute aux crimes du régime et propage la tuerie. Cependant, le contexte et la forme de la question demeurent, et les hommes de cet appareil intellectuel sont de plus en plus poussés à des comportements brutaux.

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