Des agents municipaux rasent des maisons et tuent une femme chef de famille

38 millions d'Iraniens vivent dans des taudis, résultat de 41 ans de règne des mollahs

Des agents municipaux rasent des maisons et tuent une femme chef de famille

CNRI Femmes – La majorité des habitants de la planète sont confrontés à des problèmes économiques, perdent leur emploi ou ne parviennent pas à joindre les deux bouts en raison de la pandémie de coronavirus. Dans ces circonstances, tous les gouvernements font ce qu’ils peuvent pour aider leurs citoyens à traverser cette période difficile. Cependant, en Iran, où la majorité des personnes, et en particulier les femmes, sont au chômage ou ont perdu leur emploi avec la fermeture des unités de production, le gouvernement se contente pratiquement de lever les restrictions et de renvoyer les gens au travail sans prendre aucune mesure de prévention et de protection.

Au lieu d’aider les secteurs à faibles revenus et ceux qui n’ont aucune ressource, le régime en Iran démoli les habitations qu’ils ont construites à la sueur de leur front. Et ce sont les femmes défavorisées qui souffrent le plus de cette situation.

 

Une femme tuée lors de l’attaque du quartier de Fadak

Dans la matinée du 19 mai 2020, des agents municipaux du troisième arrondissement de Kermanchah, ont fait une descente dans le quartier de Fadak avec des pelles mécaniques et des bulldozers. Sans prévenir les habitants, ils ont rasé les petites habitations des habitants pendant qu’ils dormaient. Les agents municipaux ont fait tomber les toits, ensevelissant les meubles et les biens des habitants sous les décombres.

Asieh Panahi, 58 ans, a tenu tête aux agents et a été violemment brutalisée. Elle a été victime d’une crise cardiaque mortelle après que les agents l’aient aspergée de gaz poivré. Asieh Panahi subvenait aux besoins de ses quatre filles et de ses trois fils.

Les agents municipaux ont d’abord tenté de blanchir le meurtre, affirmant que Mme Panahi était une toxicomane qui avait été arrêtée mais avait perdu la vie alors qu’elle était ramenée dans un camp de réhabilitation à Cheshmeh Sefid. (Agence ILNA – 25 mai 2020)

L’opinion publique n’a jamais cru à ces mensonges.

Fadak

Enfin, le 29 mai, un des responsables du régime a admis que des agents municipaux avaient assassiné cette mère de 58 ans. Reza Salehi, directeur de la milice du Bassidj de l’université Razi de Kermanchah, a déclaré dans un clip vidéo envoyé à Farhikhtegan Online: « le jour où les agents de la municipalité se sont rendus dans le quartier, les habitants n’avaient pas encore reçu le mandat écrit de la municipalité visant à raser les habitations et n’avaient pas été informés. L’unité de la municipalité est arrivée et a commencé à raser les maisons, sans donner aux habitants la possibilité de sortir leurs meubles. ».

Salehi a également affirmé que les agents municipaux avaient utilisé du matériel anti-émeute, notamment du gaz poivré, des matraques, etc. contre les habitants de Fadak, et ils ont assassiné cette femme de 58 ans avec du gaz poivré.

 

Selon les habitants de Fadak, Asieh Panahi avait emménagé dans sa maison, construite avec l’aide d’autres habitants, quatre jours auparavant. Asieh a crié à plusieurs reprises aux agents qu’elle souffrait d’un problème cardiaque et qu’ils ne devaient pas la gazer.

Un habitant de Fadak a déclaré à propos d’Asieh : « Les pelles mécaniques sont arrivées. Asieh a dit : “Vous devrez passer sur mon cadavre pour raser ma maison. Je ne me souviens pas exactement comment Asieh s’est retrouvée dans la pelle mécanique, si elle y est allée seule ou si les agents l’ont poussée dedans. Mais après cet incident, ils ont fait appel à quelques agents féminins. Les femmes voulaient ouvrir la porte, mais quand elles n’y sont pas parvenues, elles ont lancé le spray à l’intérieur par la fenêtre. Ces femmes ont sorti les vêtements de la petite-fille d’Asieh, âgée de 10 à 12 ans, qui pleurait et la battait violemment. Après avoir rasé la maison, elles ont poussé Asieh et sa fille dans une camionnette et sont parties. Deux heures plus tard, la nouvelle de la mort d’Asieh est arrivée. Une heure seulement après sa mort, des agents sont venus chercher son certificat de naissance et ses papiers d’identité. »

Le clip vidéo et les images d’Asieh assise dans la pelle mécanique qui allait détruire sa maison ont été largement diffusés dans les médias et le cyberespace, témoignant du courage de cette femme qui s’est opposée aux forces répressives du régime.

Témoignages sur le raid sauvage des agents municipaux

Au cours de ce raid inhumain mené par la municipalité de Kermanchah, les habitants du canton de Fadak n’ont même pas pu sortir leurs meubles et autres biens de leurs maisons, et ils ont été détruits sous les décombres.

Ali, un habitant, a décrit le raid : « nous étions tous endormis quand ils ont commencé à raser nos maisons sans le moindre préavis. Ils ont pulvérisé notre maison en commençant par la fenêtre. Quand j’ai ouvert la porte, je ne pouvais rien voir. Ils m’ont aspergé les yeux. Plus de 100 agents nous avaient encerclés. » (Site Entekhab, 30 mai 2020)

La femme d’Ali a ajouté : « Cet incident s’est produit dans les derniers jours du (saint) mois de jeûne du Ramadan. Les agents ont commencé à raser et ne nous ont pas laissé la possibilité de sortir nos meubles et nos affaires… (Les agents municipaux) ont juste tout détruit sans entendre (nos appels). Ils nous ont jetés dehors, ma fille et moi. Nous ne savions pas pourquoi ils étaient venus, ni d’où. Ils nous ont aussi emmenées, ma fille et moi, au camp Cheshmeh Sefid et nous y ont gardées jusqu’à 13 ou 14 heures environ. Ma fille tousse toujours au bout de 7 ou 8 jours (depuis l’attaque) à cause du gaz au poivre. »

Un journaliste qui a visité le quartier de Fadak après la mort d’Asieh, a écrit : « je suis passé devant les maisons, l’une après l’autre. Je suis arrivé à une maison en ruine où un jeune couple et leur enfant erraient à travers les décombres. Tout a été démoli ici. Toute la vaisselle, le réfrigérateur, la machine à laver, tout est cassé et brisé. Les tapis sont déchirés et enterrés sous la poussière. Les meubles sont recouverts de terre, de sable et de briques cassées. » (Site Entekhab, 30 mai 2020)

Dans une autre mesure inhumaine, le 30 mai 2020, à Torbat-e Jam (nord-est de l’Iran), des agents municipaux ont scellé l’habitation d’une femme âgée et aveugle où elle vivait avec son fils handicapé. (khabaronline.ir, 30 mai 2020)

 

38 millions d’Iraniens vivent dans des bidonvilles

Les habitants du quartier de Fadak sont considérés comme des habitants de taudis, un phénomène catastrophique qui est le résultat des politiques erronées et du pillage de la dictature cléricale depuis 41 ans qui a exacerbé la pauvreté et le gouffre entre les classes.

Mohammad Hossein Moghimi, le gouverneur de Téhéran, a reconnu que « 4,5 millions d’habitants de la province de Téhéran vivent dans des quartiers vétustes et délabrés et en marge des villes. » (quotidien Shahrvand, 29 mai 2020)

Mohammad Reza Mahboubfar, expert en gestion des crises urbaines et régionales, a reconnu que le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles avait considérablement augmenté entre 2017 et 2020, atteignant 45 % de la population.

Il a déclaré : « Si l’on considère que la population de l’Iran est de 85 millions de personnes, 45 % de celle-ci s’élèverait à 38 millions de personnes qui vivent dans les bidonvilles ou qui n’ont pas de logement convenable. Cela montre que l’habitat dans les bidonvilles a connu une croissance significative dans le pays en raison de mauvaises politiques et de problèmes économiques. » (Agence T.news et BORNA – 24 mai 2020)

Mahboubfar a ajouté : « En 2017, quelque 19 millions d’Iraniens vivaient dans 3 000 bidonvilles construits en marge des villes. Aujourd’hui, après deux ans, avec la crise économique et financière du pays, cette population a atteint 38 millions de personnes, ce qui reflète une inégalité sociale et une discrimination au sein du système économique du pays. »

 

 

 

Exit mobile version