Rapport mensuel décembre 2020 : Davantage de violence contre les femmes en prison

Rapport mensuel décembre 2020 : Davantage de violence contre les femmes en prison

Le régime clérical iranien a intensifié la violence contre les femmes en prison

L’un des indicateurs de la violence contre les femmes au mois de décembre a été l’augmentation de la pression et des pressions physiques et psychologiques sur les prisonnières politiques.

La brutalisation des prisonnières politiques, les relocalisations brutales et la détention des femmes en prison sans procès en sont des exemples systématiques. Le régime a également continué à convoquer des militantes civiles et à leur infliger des peines de prison de longue durée.

Le régime clérical a également exécuté deux femmes au mois de décembre.

Une femme non identifiée a été pendue à la mi-décembre à la prison Sepidar d’Ahwaz, et Zeinab Khodamoradi a été pendue à la prison centrale de Sanandaj le 27 décembre 2020. 

Raids violent à la prison de Qarchak

Les autorités de la prison de Qarchak, accompagnées d’une vingtaine de gardiens et de gardiennes, ont fait irruption dans le quartier 8 le dimanche 13 décembre 2020. Ils ont brutalisé les prisonnières politiques à coups de matraques et de pistolets paralysants. Samira Ilkhani, Khoshraftar, Karami et Qaregozlou étaient parmi les gardiennes qui accompagnaient Soghra Khodadadi, la nouvelle directrice de la prison de Qarchak, dans cette attaque.

De g. à dr.: Parastou Moïni, Zahra Safa’i, Forough Taghipour, Marzieh Farsi, Golrokh Iraee et Saba Kord-Afshari

Pendant ce raid, les prisonnières des autres quartiers ont tambouriné sur les murs et scandé “A bas le dictateur” en solidarité avec les prisonnières politiques du quartier 8.

La détenue politique Zahra Safa’i a reçu des coups de matraque sur la tête. Ses avant-bras étaient couverts de bleus.

Sa fille, Parastou Moïni, qui est allé l’aider et aider également Golrokh Iraee, a été attrapée par les cheveux et traînée sur le sol. Les gardes ont tenté de la sortir de la salle, mais d’autres prisonnières sont intervenues et l’ont tirée des griffes des gardes. Parastou Moïni a été blessée aux deux mollets. Elle ressent également une douleur à la poitrine, car elle a été touchée par des pistolets paralysants.

Les gardiens de prison ont également attrapé la prisonnière politique Forough Taghipour par les mains et les pieds pour la projeter d’un côté de la cellule à l’autre.

Marzieh Farsi, qui était malade et sous la surveillance d’un médecin, a également été blessée à la poitrine suite aux passages à tabac des gardes.

Saba Kord-Afshari a été blessé aux dents, et elle a des contusions à l’épaule et au dos.

Maryam Ebrahimvand a été blessée au mollet gauche et elle a le dos en bouillie.

Les gardiens qui avaient brutalisé Golrokh Ebrahimi Iraee l’ont finalement attrapée par les cheveux et l’ont traînée de force hors de la salle pour la transférer à la prison d’Evine.

Suite à l’attaque, les détenues gravement blessées ont été abandonnées dans le quartier 8, et aucun soin ou traitement médical ne leur a été prodigué.

Les téléphones du quartier 8 ont été déconnectés pendant trois jours pour éviter que la nouvelle de l’attaque ne se répande. Les familles sont allées à la prison pour les voir, mais on leur a dit à tort que les prisonnières ne voulaient pas de visites.

Soghra Khodadadi, la nouvelle directrice de la prison de Qarchak, a augmenté la pression sur les prisonnières politiques depuis son entrée en fonction.

Transfert brutal des prisonnières politiques

Les prisonnières politiques ont continué à être brusquement déplacées de la prison d’Evine vers d’autres prisons.

De g. à dr.: Mojgan Keshavarz, Sepideh Farhan, Sakineh Parvaneh et Saba Kord-Afshari

La militante étudiante Sepideh Farhan, qui avait été arrêtée lors des manifestations nationales de décembre 2017-janvier 2018, a été brusquement transférée d’Evin à la prison de Qarchak le 5 décembre 2020.

Le même jour, Mojgan Keshavarz, qui est emprisonnée pour avoir protesté contre le voile obligatoire, a également été transférée d’Evine à Qarchak. Les autorités pénitentiaires ne leur ont même pas permis d’emporter leurs vêtements chauds ni d’autres affaires nécessaires.

Sepideh Farhan purgeait sa peine de deux ans à la prison d’Evine. Mojgan Keshavarz, 38 ans, avec une fille de 10 ans, purge une peine de prison de 23 ans et six mois. 

Saba Kord-Afshari a été transférée d’Evine à Qarchak le 9 décembre 2020. Elle purge une peine de 24 ans pour avoir protesté contre le voile obligatoire.

La prisonnière politique kurde Sakineh Parvaneh a été transférée de la prison de Qoutchan dans la nuit du dimanche 13 décembre 2020 à 22 heures. Elle a été conduite au parquet de Machad, capitale de la province de Khorassan Razavi, dans le nord-est de l’Iran. Puis, le lundi 14 décembre, elle a été emmenée au quartier de quarantaine de la prison centrale de Machad.

Elle avait été transférée d’Evine à la prison de Qoutchan le 27 octobre 2020. Mme Parvaneh a été brutalement traitée pendant sa détention dans les prisons de Qarchak et d’Evine. Elle a été envoyée à plusieurs reprises dans un hôpital psychiatrique. Pendant sa détention à la prison de Qoutchan, elle a été privée de visites de sa famille.

Zeinab Jalalian sous pression pour des aveux

La prisonnière politique kurde Zeinab Jalalian, condamnée à la prison à vie, subit des pressions psychologiques pour exprimer des remords et coopérer avec le ministère du Renseignement.

Zeinab Jalalian a été transférée en quarantaine à la prison de Yazd à la mi-novembre, pour la quatrième fois en six mois. Elle est privée d’appels téléphoniques et de visites de sa famille. La seule fois où elle a été autorisée à appeler sa famille, elle leur a dit que la sécurité de la prison de Yazd lui avait notifié que tant qu’elle n’exprimerait pas de remords et ne collaborerait pas avec les interrogateurs, elle serait privée de tous les droits d’une prisonnière.

Zeinab Jalalian

Refus de soins médicaux

L’une des méthodes courantes de torture et de harcèlement des prisonnières politiques dans les prisons iraniennes, est de les priver de l’accès aux soins et aux traitements médicaux.

.

De g. à dr.: Somayyeh Kargar, Bahareh Soleimani, Nejat Anvar-Hamidi, Raheleh Ahmadi et Monireh Arabshahi

Makkieh Neissi est morte dans la prison de Sepidar à Ahvaz, faute d’avoir eu accès à un traitement médical.

Dans la nuit du lundi 14 décembre, Makkieh Neissi a été emmenée dans le quartier de quarantaine de la prison de Sepidar alors qu’elle hurlait de douleur, suppliant d’être emmenée dans un hôpital municipal. Les gardiens et les autorités de la prison ne l’ont pas emmenée à l’hôpital et l’ont abandonnée dans le service sans s’occuper d’elle. En conséquence, elle est morte le mardi 15 décembre au matin.

Makkieh Neissi fait partie des centaines d’Arabes d’Ahwaz arrêtés arbitrairement après une attaque contre un défilé des forces armées du régime à Ahwaz le 22 septembre 2018.

Les autorités de la prison de Katchoui, à Karadj, n’ont pas pris de mesures concernant un test urgent pour Monireh Arabshahi qui a des difficultés respiratoires en raison du gonflement de sa gorge. Le 13 décembre 2020, un médecin spécialiste de la prison de Katchoui a ordonné qu’un test soit effectué dans les 48 heures. Ce test n’a pas été effectué pendant au moins cinq jours. Monireh Arabshahi doit subir un scanner de la glande thyroïde et se faire opérer selon le diagnostic du médecin. 

Monireh Arabshahi et sa fille, Yasaman Aryani, sont emprisonnées pour s’être opposées au port obligatoire du voile. Elles purgent leur peine de 5 ans et 6 mois.

Yasaman Ayrani a été testée positive au COVID-19. Elle a été isolée et abandonnée avec cinq autres détenues sans recevoir de soins médicaux.

Cette mère et sa fille sont privées de permission e sortie parce que les autorités de la prison d’Evine n’ont pas transféré leurs dossiers à la prison de Katchoui.

Suite au transfert de Saba Kord-Afshari de la prison d’Evine à celle de Qarchak, sa mère, Raheleh Ahmadi, a souffert de diverses maladies dues à la tension nerveuse. Elle a été privée de soins médicaux. Selon des informations du 13 décembre en provenance de la prison d’Evine, Mme Ahmadi a besoin d’un déambulateur pour marcher. Elle a également souffert d’une rupture de disque. Le médecin du dispensaire de la prison d’Evine affirme que son incapacité à se déplacer est due à la pression nerveuse qu’elle subit. Elle doit consulter un neurologue.

Somayyeh Kargar a besoin de toute urgence de ses médicaments en raison d’une maladie oculaire rare. Elle est incarcérée dans le pavillon 209 de la prison d’Evin. Sa vue est sérieusement menacée et elle a besoin de l’aide des autres pour accomplir son travail quotidien. Néanmoins, les gardiens de la prison l’empêchent d’avoir accès à ses médicaments. Somayyeh Kargar est une citoyenne kurde originaire d’Ilam. Elle est une étudiante diplômée en philosophie de l’université de Tabriz.

Les services de renseignement d’Ahwaz empêchent la prisonnière politique Nejat Anvar Hamidi Karoun, 62 ans, de partir en permission de maladie malgré son état physique déplorable. Elle souffre d’un dysfonctionnement de la thyroïde, d’hypertension, d’un taux élevé de lipides sanguins, de problèmes oculaires et risque de perdre la vue. Elle a été emprisonnée pendant deux ans sans un jour de sortie pour traitement médical, malgré ses diverses maladies graves.

La prisonnière politique Nejat Anvar-Hamidi Karoun avait déjà été arrêtée et détenue pendant 2 ans et 4 mois dans les années 1980 pour avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Elle est incarcérée à la prison de Sepidar depuis 2018 pour y purger sa peine de 15 ans.

Infirmière emprisonnée, Bahareh Soleimani est également privée de soins médicaux. Elle est détenue depuis deux mois en isolement dans le quartier 209 de la prison d’Evine, sans procès en cours. Cette infirmière a été en contact avec des patients infectés par des coronavirus pendant 10 mois. À cause de cela, elle a été gravement atteinte aux poumons et a besoin d’un traitement médical urgent.

L’enseignante à la retraite Massoumeh Asgari a été privée du droit à la libération conditionnelle malgré l’attestation du 20 décembre 2020 selon laquelle elle ne peut pas rester en prison à cause de ses maladies. Elle purge actuellement une peine de cinq ans à la prison d’Evine.

Elle est mère célibataire avec un fils de 15 ans. Elle a été arrêtée pour avoir participé à une manifestation d’enseignants en août 2018. Elle souffre de diverses maladies mentales et physiques.

Mme Asgari a récemment eu un accident au cours duquel elle s’est cassé une jambe en huit points. Elle ne peut pas marcher seule et utilise un déambulateur et un fauteuil roulant.

Refus de libération même avec des bracelets électroniques

Le procureur de Boukan a rejeté la demande de Fatemeh Davand de se faire libérer même avec des bracelets électroniques. Fatemeh Davand purge sa peine à la prison centrale d’Oroumieh et les autorités pénitentiaires avaient accepté sa demande de libération avec une puce électronique.

Mme Davand, 42 ans et mère de trois enfants, a été arrêtée le 16 novembre 2019, lors des manifestations contre la hausse du prix de l’essence dans sa ville natale de Boukan. Elle a été condamnée à 3 ans et 9 mois et à 30 coups de fouet.

Le pouvoir judiciaire du régime clérical n’envisage pas de peines alternatives pour les femmes qui ont des enfants.

Fatemeh Davand

Nourriture immangeable à la prison d’Oroumieh

Les femmes incarcérées à la prison centrale d’Oroumieh se sont plaintes à plusieurs reprises auprès des autorités pénitentiaires de la mauvaise qualité de la nourriture. La viande est totalement inexistante. Les prisonnières sont obligées d’acheter et de préparer la nourriture sans avoir de ressources. De nombreux prisonnières sont tombées malades à cause du manque d’hygiène et des installations nécessaires pour cuisiner en prison.

Convocations et prison

Le 30 décembre 2020, le tribunal révolutionnaire d’Ahwaz a condamné la militante culturelle Sahba Hemadi à 7 ans de prison. Elle a été immédiatement incarcérée à la prison de Sepidar à Ahvaz. Mme Hemadi avait 20 ans à l’époque et était enceinte de 7 mois lorsqu’elle a été arrêtée en 2018. Elle a deux enfants. Elle a reçu des décharges électriques lors de son interrogatoire. Elle porte des cicatrices de brûlures sur ses bras.

Deux militantes des droits des femmes, Najmeh Vahedi et Hoda Amid, ont été condamnées à un total de 15 ans de prison par le tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il leur est également interdit de participer à des activités sociales.

De g. à dr. : Zeinab Esmaili, Sahba Hemadi, Hoda Amid, Najmeh Vahedi et Parvine Mohammadi

Zeinab Esmaili, membre de l’Association des mères pour la réconciliation du Kurdistan, a été condamnée à un an de prison.

La première branche de l’application des peines du tribunal d’Evine a convoqué la vice-présidente du Syndicat libre des travailleurs iraniens, Parvine Mohammadi, le 20 décembre 2020.

Maryam Mehrabi a été convoquée au téléphone par les services de renseignements de Kermanchah le 9 décembre 2020. Elle a été interrogée sur les activités d’un de ses proches à l’étranger.

Détention de militantes civiles

Les forces de sécurité ont poursuivi les arrestations arbitraires de militantes au cours du mois de décembre. Les noms de certaines d’entre elles figurent ci-dessous :

De g. à d.: Nazanin Mohammad-Nejad, Fatemeh Tamimi, Afsaneh Azimzadeh, Shohreh Hosseini

Exit mobile version