Les travailleuses en Iran luttent contre le COVID-19, la pauvreté et l’oppression

Les travailleuses en Iran luttent contre le COVID-19, la pauvreté et l'oppression

Les travailleuses en Iran luttent contre le COVID-19, la pauvreté et l’oppression

CNRI Femmes – Chaque année, la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail (28 avril) et la Journée internationale du Travail (1er mai) rappellent les souffrances indicibles de 26 millions de travailleurs, en particulier des femmes, en Iran. Les travailleuses iraniennes sont celles dont les conditions de vie, régies par les mollahs corrompus et misogynes, se dégradent chaque jour davantage.

Dans les villages, les femmes ont toujours effectué 80 % du travail dans l’agriculture, l’élevage et l’irrigation. Cependant, de nos jours, elles sont obligées d’accepter des emplois difficiles comme ouvrières du bâtiment, en raison du manque d’usines qui créeraient normalement des emplois. De plus, les terribles conditions de travail, la prévalence de la pauvreté et des privations, la situation économique actuelle et l’inflation ont exacerbé la situation déjà très dure des femmes. Lorsqu’une femme est contrainte d’être kulbar (porteur de charge) ou ouvrière du bâtiment, elle n’est ni en sécurité ni en bonne santé. Néanmoins, le nombre de femmes qui exercent ces professions est en augmentation.

Ces difficultés, ainsi que le nombre élevé de victimes du coronavirus, ont rendu la vie des travailleuses en Iran encore plus difficile.

Le régime a fixé le salaire minimum des travailleurs iraniens pour l’année persane 1400 (commençant le 21 mars) à un niveau presque quatre fois inférieur au seuil de pauvreté. Cependant :

– ” La richesse des institutions économiques du siège de Khamenei équivaut à un trillion de dollars ” (journal Mostaghel, 1er juin 2020).

– ” Au cours des 6 premiers mois de l’année persane 1399 (mars-septembre 2020), les acieries, les dirigeants de la pétrochimie et les propriétaires de mines ont reçu 600 000 milliards de tomans de bénéfices ” (Journal Ressalat – 15 octobre 2020).

– Enfin, “environ 9 800 unités de production” ont été fermées (Journal Sharq – 13 avril 2021).

Les travailleuses en Iran privées de couverture sociale complète

Les travailleuses iraniennes sont embauchées de manière informelle dans des travaux pénibles pour des salaires de misère. Leurs salaires ne couvrent même pas un dixième de leurs besoins. Un jour sans travail signifie un jour sans nourriture. Selon les statistiques des agences de presse officielles, 60% des emplois en Iran sont des emplois informels.

À l’heure où le coronavirus a un effet dévastateur sur la société, les emplois informels sont plus à risque que les emplois formels (Agence ISNA – 17 juin 2020).

En 2017, les institutions financières de l’Organisation de recherche sur la sécurité sociale ont annoncé qu’environ 80% des employés sans assurance étaient des femmes.

Les travailleuses iraniennes sont parmi les plus vulnérables sur le marché du travail. Un million de femmes ont été licenciées pendant la pandémie de COVID-19

Les salaires

Le seuil de pauvreté pour une famille de 4 personnes est de 10 millions de tomans. « L’année dernière, le panier minimum des travailleurs a été fixé à 4 940 000 tomans », mais le salaire minimum était beaucoup plus bas – égal à 1 835 426 tomans selon Mohammad Shariatmadar, ministre du Travail de Rohani le 9 avril 2020.

Les salaires des travailleuses iraniennes ont toujours été nettement inférieurs à ceux des hommes, et dans ce cas, elles subissent également une double oppression.

Les travailleuses ne sont plus en mesure d’acheter de la viande, ni même de la volaille. Ces produits sont pratiquement retirés de leur table ; les travailleuses ne peuvent acheter que des os de bétail ou de volaille (Agence ILNA – 24 novembre 2020).

Les femmes porteuses de charge

Dans les régions kurdes, les femmes n’ont d’autre choix que de travailler comme koulbar (porteuses) et ouvrières du bâtiment pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il n’existe pas de statistiques spécifiques sur les femmes porteuses. Mais l’augmentation de leur nombre dans les provinces frontalières du Kurdistan, de l’Azerbaïdjan occidental et de Kermanchah est devenue courante (Asr-e Iran, 22 janvier 2020).

Même à un âge avancé, les femmes chefs de famille sont obligées de travailler comme porteuses pour faire vivre leur famille. Même les femmes instruites sont obligées d’être porteuses, étant donné le manque d’emplois disponibles. Là aussi, les femmes reçoivent moins d’argent car elles sont moins fortes physiquement que leurs homologues masculins.

Les travailleurs des briqueteries

Le travail dans les fours est une autre tâche ardue que les femmes actives – et même les enfants – sont obligées d’assumer pour gagner leur vie, même si cela signifie travailler sans contrat. Il existe plus de 500 fours à briques dans la province d’Azerbaïdjan occidental. Aucune norme de sécurité professionnelle n’y est reconnue. La fumée dégagée par la combustion des briques provoque des problèmes respiratoires et digestifs. Dans les fours traditionnels, les boues dégagent une odeur désagréable. Les machines de travail sont peu sûres et obsolètes, et mettent en danger la santé des travailleurs. La plupart des travailleurs ont eu des accidents du travail, même en peu de temps. Les employeurs refusent de fournir les équipements de travail les plus élémentaires tels que les bottes, les casques et les gants.

La plupart des travailleuses en Iran ne sont pas assurées. Leurs contrats sont oraux et leur charge de travail quotidienne n’est pas calculée correctement. Les employeurs ne tiennent pas leurs promesses verbales et sous-comptent parfois le nombre de briques que les travailleuses manipulent. Les travailleurs ayant plus de 20 ans d’expérience ne peuvent pas non plus bénéficier d’une assurance. Si leur assurance est couverte, le coût est déduit de leur salaire.

Pour réduire leurs coûts d’assurance, les employeurs remplissent une liste de cinq travailleurs, en omettant les données personnelles des travailleurs sur le formulaire d’assurance. Si l’un des travailleurs a un accident, ses coordonnées sont inscrites pour faire croire que le travailleur était déjà assuré ! (Le quotidien Ettelaat, 10 novembre 2020).

Le salaire des travailleurs se situe entre 100 000 et 150 000 tomans par jour, et ils ne sont pas payés les jours fériés. Les travailleurs doivent travailler de 7 heures du matin au coucher du soleil. Malgré les longues heures de travail, les travailleurs ne peuvent pas subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Les travailleurs doivent également supporter le coût du transport – un problème majeur étant donné la longue distance entre la ville et l’usine.

« Nos salaires sont très bas face aux prix élevés et à l’inflation », a déclaré Nashmil, une femme travaillant dans un atelier de four à briques. « Nous n’avons pas de contrat de travail et nous venons travailler par accord [verbal]… Il n’y a pas d’emplois dans notre région. J’ai donc été obligée de travailler ici. J’ai développé un problème aux disques lombaires. Pendant six mois de l’année, nous dormons dans les dortoirs de l’atelier, où nous sommes privés d’eau potable, d’installations sanitaires propres et de toilettes propres. C’est pourquoi nos enfants sont tombés malades.” (Agence ILNA, 19 avril 2021).

Sécurité au travail

Compte tenu des circonstances, on peut prédire les conditions de sécurité sur le lieu de travail. « En ce qui concerne les blessures ou les décès liés au travail, les données rapportées sont inférieures à la situation réelle…Néanmoins, 898 décès dans des accidents du travail ont été enregistrés de mars à septembre 2019 », a écrit le site Hamshahrionline.ir le 29 avril 2020.

La médecine légale, le ministère du Travail, et même les délégations qui enquêtent sur les plaintes pour accidents du travail présentent chacun des données différentes. Pas un seul organisme d’enquête ne se soucie de recueillir des données exactes ou de résoudre les plaintes. Les accords entre employeurs et travailleurs sont tels que de nombreux accidents ne sont jamais signalés (Agence ILNA, 5 août 2020).

Le 19 avril 2021, trois ouvrières sont mortes brûlées lors d’un incendie dans un atelier de meubles du village de Keresht Pardis. Mojtaba Khaledi, le porte-parole de l’Organisation nationale des urgences, a annoncé : « la porte de sortie de l’atelier a pris feu, et les ouvrières n’avaient aucun moyen de s’échapper. Trois femmes et trois hommes ont été tués. » Trois autres ouvriers ont été blessés lors de cet accident (Agence ILNA, 19 avril 2021).

Non-respect des normes d’hygiène

La même pratique inhumaine apparait dans la manière dont le régime a géré la pandémie de COVID-19. Un travailleur municipal de Téhéran affirme que « la municipalité ne fournit même pas de masques à ses employés. Si les travailleurs tombent malades, la municipalité ne leur apporte aucune aide. Il ajoute que si un travailleur tombe malade et est hospitalisé, la municipalité ne paie même pas les médicaments… Actuellement, plusieurs travailleurs sont malades et se reposent dans un préfabriqué, mais personne n’est venu les voir. »

Haji Deligani, membre du parlement des mollahs, s’est exprimé sur cette question, en reconnaissant que « nous avons des patients du COVID-19 qui n’avaient pas d’assurance mais qui ont dû aller à l’hôpital. Ils ont été facturés 9 millions de tomans pour 6 jours d’hospitalisation. » (Radio Farhang, 15 avril 2020).

Les travailleuses en Iran luttent contre le COVID-19

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