Les nombreuses restrictions des mères iraniennes et les droits qu’elles n’ont pas

Les nombreuses restrictions des mères iraniennes et les droits qu’elles n’ont pas

Les nombreuses restrictions des mères iraniennes et les droits qu’elles n’ont pas

CNRI Femmes – Selon un article publié par un journal à Téhéran, le ministère de l’Éducation du régime clérical ne remettra plus les bulletins scolaires des enfants à leurs mères. 

L’article de Sharq du 13 septembre 2021 cite un SMS du ministère reçu par des parents. Le texto indiquait : “malgré tout le respect dû aux mères, le bulletin de votre enfant ne sera remis qu’au père ou au grand-père paternel.”

Bien que le ministère de l’Éducation ait par la suite démenti la nouvelle, l’incident a une nouvelle fois de plus mis en lumière les nombreuses restrictions des mères et les droits dont elles ne bénéficient pas.

Je dois me battre toute ma vie pour obtenir le droit de garde

“Ne pensez pas que nos problèmes s’arrêtent là. Ils nous en créent chaque jour un nouveau“, a déclaré Narguesse, parent isolé.

Narguesse, qui a perdu son mari, est confrontée chaque jour à des problèmes de garde.

Elle a rencontré des difficultés pour inscrire sa fille à l’école. L’école lui a demandé de fournir des papiers attestant son droit de tutelle pour inscrire sa fille. De son côté, le tribunal lui a dit que les enfants de plus de neuf ans n’avaient pas besoin de papiers de garde. Au bout de quelques semaines d’allers-retours entre l’école et les différents services du rectorat, Narguesse a réussi à inscrire sa fille.

« En tant que mère isolée et cheffe de famille, je dois surmonter chaque jour des milliers de problèmes moraux et matériels dans ce pays. Je dois me battre toute ma vie pour créer un environnement sûr pour ma fille, qui a perdu son père. Pourquoi dois-je endurer ces difficultés ? J’ai une fille et un fils qui vont à l’école. Aucune institution ne nous soutient. Au lieu de nous soutenir, elles nous créent davantage d’obstacles. Pourquoi le grand-père de ma fille devrait-il avoir la priorité sur moi, qui ai été avec cette enfant dès le premier instant de sa vie ? Quelle est sa priorité sur moi ? Seulement parce qu’il est un homme ? » a demandé Narguesse.

Elle a ajouté : “Il y a quelques mois, je suis allée acheter des actions pour ma fille. Ils m’ont dit que je devais avoir une procuration. J’ai donc dû parler au grand-père [paternel] de ma fille, qui est malade. Nous sommes allés chez le notaire, et il m’a donné une procuration.

D’autres femmes ont plus de problèmes car leurs maris sont durs à cause de ces lois. J’ai vu beaucoup de femmes qui ont renoncé à leur droit au divorce ou à la dot dans l’intérêt de leurs enfants.”

L’amère vérité des mères en Iran

“Je supervise les études et l’éducation de mes enfants”, explique Afsoun. “Mon mari n’est pas du tout impliqué comme nous l’avions convenu dès le départ. Même les chèques de l’école sont payés sur mon salaire. Et maintenant, imaginez ! Ils ont ordonné à l’école de ne pas me remettre les bulletins scolaires de mes enfants. Vous ne le croirez peut-être pas, ils en donnent une copie à l’enfant mais pas à sa mère”.

Afsoun ajoute : “C’est l’amère vérité d’être mère en Iran. Votre signature n’est même pas crédible pour les formulaires de consentement parental pour un camping. Seul le père peut signer, sauf si vous avez rempli des formulaires de garde inclus dans le dossier scolaire de votre enfant. Sinon, vous n’avez aucun droit en tant que mère.”

Selon Afsoun, une mère ne peut pas acheter de carte SIM pour son enfant à son nom. Les mères iraniennes ne peuvent pas souscrire d’assurance pour leurs enfants. La plupart des banques ne permettent pas à une mère d’ouvrir un compte pour son enfant.

Les mères n’ont pas le droit de signer les formulaires de consentement pour les opérations médicales.

Nassim, infirmière et sa fille malade

“Un jour, on m’a appelé de l’école pour me dire qu’on était en route pour l’hôpital parce que ma fille avait fait une crise. À l’hôpital, les médecins ont dit qu’elle devait subir une opération. Ils m’ont rappelé que nous avions besoin de la signature de mon mari pour l’opération, mais il était en mission à l’étranger. Je savais bien qu’ils n’accepteraient pas ma signature. Ce furent des moments terribles. La vie de ma fille était en danger, mais elle devait attendre parce que sa mère n’était pas qualifiée pour signer les papiers.”

Nassim a finalement réussi à parler à des connaissances dans cet hôpital et à faire avancer l’opération jusqu’à ce que son beau-père arrive et signe les papiers. Elle se souvient : “Ce jour-là a changé le sens de la maternité pour moi. Même le grand-père de ma fille avait plus de droits sur mon enfant que moi.”

“Après cet incident, je suis allée chez le notaire et j’ai reçu la procuration de mon mari pour signer les papiers dans de telles circonstances. Cependant, c’était vraiment humiliant”, a conclu Nassim.

Lacunes juridiques  

Le responsable d’un refuge pour femmes battues à Arak affirme que de nombreuses mères doivent faire des allers-retours entre l’école et le rectorat pour trouver une solution.

“Beaucoup d’hommes utilisent ces lois comme un outil pour forcer leurs femmes à changer leurs décisions de divorcer. Certains hommes sont d’accord avec le divorce mais veulent donner du fil à retordre à leur femme. Et les lacunes juridiques donnent une marge de manœuvre aux hommes pour ces harcèlements”, déplore Sepideh Kamayani. “Il est regrettable que dans de telles conditions, ce soient les enfants qui en souffrent le plus”.

Mina Jafari, avocate et militante des droits de l’enfant, estime que ces failles affectent les femmes et les enfants.

Selon elle, “une partie de la question concerne la loi. L’autre partie, qui est la plus importante, concerne la société qui souffre de maux sociaux à cause de ces lacunes. Les conséquences touchent non seulement les femmes mais aussi les enfants. Les intérêts des enfants doivent être la priorité dans chaque législation. Malheureusement, les lois iraniennes portent atteinte aux droits des femmes et des enfants.”

Mina Jafari a conclu : “Au fil des ans, malgré l’insistance des militants et des juristes des droits des femmes et des enfants, nous n’avons malheureusement constaté aucune volonté de la part des autorités de créer un changement. Et la perspective d’un changement est inconcevable dans un avenir proche.”

Selon les lois du régime clérical, les hommes sont chef de famille. Sur cette base, les mères ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire pour leurs enfants sans la présence ou l’autorisation officielle du père. Elles ne peuvent pas acheter une carte SIM ou obtenir leur passeport. Ces lois discriminatoires deviennent extrêmement dangereuses lorsqu’il s’agit du traitement médical et des opérations chirurgicales de l’enfant. 

Les lois en Iran doivent être révisées afin de protéger les intérêts de la population, et pour cela un changement de régime s’impose et vite.

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