CNRI Femmes – La mère de Zahra Navidpour, victime d’un viol, affirme avoir subi des pressions du régime pour faire passer la mort de sa fille pour un crime d’honneur, en postant un clip sur internet.
Zahra Navidpour avait été retrouvée sans vie chez sa mère le dimanche 6 janvier 2018. Sa mort avait d’abord été annoncée comme un suicide, mais des soupçons ont émergé comme quoi elle avait été tuée par des agents du député accusé de l’avoir violée.
Zahra Navidpour, 28 ans, avait été violée à plusieurs reprises pendant quatre ans par Salman Khodadadi, député de la province d’Azerbaïdjan oriental au parlement des mollahs.
Après avoir porté plainte contre Khodadadi et contacté un certain nombre de députés à Téhéran, Zahra avait annoncé dans les médias sociaux qu’elle avait été harcelée et menacée d’attaques à l’acide et de mort par des anonymes et par les associés de Khodadadi. Zahra Navidpour avait informé la cour des menaces qui pesaient sur sa vie.
Dans un effort coordonné ces derniers jours, certains médias d’Etat ont accusé Zahra Navidpour d’être moralement corrompue dans le but de la faire passer pour coupable et de blanchir le député des mollahs.
Le Procureur de Malekan, dans la province d’Azerbaïdjan de l’Est et ville natale de Zahra Navidpour, qui avait tout d’abord annoncé un décès pas suicide, a maintenant changé sa position en déclarant un homicide.
Dans un clip vidéo posté sur Internet, la mère de cette victime d’un viol, s’est adressée au juge en chef des mollahs Ibrahim Raïssi, révélant que sa famille subissait des pressions sécuritaires et judiciaires. Elle a déclaré qu’après avoir porté plainte à Téhéran, des agents du Bureau des enquêtes s’étaient présentés à son domicile et leur avaient ordonné d’endosser le meurtre de Zahra.
Cette mère endeuillée explique aussi dans ce clip vidéo que son fils est actuellement en prison, accusé d’avoir tué sa sœur dans un « crime d’honneur ».
Après la mort du père, la famille de Zahra Navidpour, victime du viol, a eu des problèmes financiers. Pour trouver un emploi, Zahra s’était présentée au gouvernorat de Malekan où Salman Khodadadi, le député sortant de Malekan au parlement des mollahs (Majlis), avait promis de la faire embaucher à la Cour des comptes de Téhéran. Il l’avait convoqué à son bureau à Téhéran où il l’avait harcelée puis violée. Khodadadi avait ordonné à Zahra de garder le silence, sinon il la tuerait et détruirait sa famille du jour au lendemain.
Salman Khodadadi est devenu membre du Corps des Gardiens de la révolution (pasdaran) après la Révolution de 1979. Il a ensuite été transféré au ministère du Renseignement. Il a été membre de la commission de la Santé, puis de la Sécurité nationale et des affaires étrangères au cours des 6e et 7e législatures. Lors de la huitième législature, il a été vice-président de la commission de la Sécurité intérieure. Il a été disqualifié par le Conseil des gardiens pour la neuvième législature mais a été nommé conseiller du ministre des Affaires étrangères. Pour la dixième législature, la faction pro-Rohani « Omid » lui a donné son appui pour réintégrer le parlement des mollahs. Jusqu’en mars 2018, il a été président de la commission des Affaires sociale.
Le 13 mars 2018, le site d’information ROKNA annonçait que Khodadadi avait été exilé pour deux ans et interdit de servir dans la fonction publique, il a été condamné à plus 99 coups de fouet pour avoir eu des “relations illicites”, mais qu’il était innocenté de l’accusation de viol, passible de mort. La décision de la 5e chambre du tribunal pénal de Téhéran n’est pas définitive, a rapporté la ROKNA.