CNRI Femmes – Pour l’anniversaire du massacre des prisonniers politiques de l’été 1988 en Iran, la prisonnière politique Maryam Akbari-Monfared, qui purge la dixième année de sa peine à la prison d’Evine de Téhéran, a envoyé une lettre ouverte.
Maryam Akbari-Monfared a perdu une sœur et un frère lors du massacre de 1988, et deux autres frères lors des exécutions massives des années 1980. Dans sa lettre, elle dit des martyrs qu’ils sont le sang qui coule dans les veines de l’histoire.
Elle critique l’Occident pour avoir gardé le silence sur ce plus grand crime politique contre l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale. Maryam Akbari-Monfared a réitéré dans sa lettre que le régime des mollahs s’est appuyé sur ce silence honteux pour commettre ses crimes jusqu’à ce jour. Elle a appelé dans sa lettre l’Europe et les États-Unis à faire preuve de fermeté à l’égard des violations des droits de la personne en Iran. Voici des extraits de sa lettre :
Il y a une histoire derrière les murs et les barreaux de chaque prison, une histoire faite par des hommes et des femmes dont la place est au cœur de notre nation ; ce qu’ils ont fait avec leur chair et leurs os a pris de l’ampleur en leur absence pour créer le mouvement de l’Appel à la justice afin d’interpeller les partisans de la complaisance et les rendre responsables devant les générations futures.
Ces massacres se perpétuent en raison de la politique de complaisance menée par les pays européens et l’Amérique. Le régime s’est appuyé sur cette politique pour commettre ses crimes. Et c’est ainsi qu’ils ont pu dissimuler pendant 29 ans leur crime épouvantable et horrible, le plus grand massacre depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais le temps est venu pour vous de mettre de côté cette politique honteuse et de vous laver les yeux. Il s’agit d’un régime qui s’appuie sur des génocides et les assassins sont toujours au pouvoir. C’est une vérité incontestable, cependant, que le sang des martyrs ne cesse de rugir.
La machine à tuer du régime islamiste poursuit son massacre des prisonniers politiques. (Par exemple, le cas de M. Mohammad Salasse qui a été tué en mars 2018 selon un scénario fabriqué de toutes pièces pour justifier la répression brutale contre nos compagnons derviches. Ou le cas d’Alireza Shir-Mohammad-Ali, récemment assassinée en prison par des détenus engagés par les autorités pénitentiaires.)
Quiconque s’habitue à garder le silence et à ne pas dénoncer les injustices, quiconque décide de rechercher la complaisance, trahit la conscience humaine et le libre arbitre. Cela détruit le joyau qui existe dans tous les êtres humains et qui distingue les humains de toutes les autres créatures vivantes.
Le fait que vous ayez caché ce crime, que vous ayez gardé le silence à son sujet et que vous ayez encouragé les commanditaires et les auteurs du massacre des vaillants enfants iraniens a encouragé le fascisme religieux par la répression et le bellicisme.
À l’aube, lorsque les victimes embrassaient la corde qui allait les pendre, elles se transformaient en sang qui coule dans les veines de l’histoire.
Leurs souffles chauds sèment les graines de l’avenir sur le sol du passé.
Dans la chaleur et l’atmosphère répressive des salles de torture, leurs chants devant la potence ont écrit notre histoire.
Nous saluons ceux qui ont fait face au nœud coulant de l’ennemi inhumain avec leurs corps sans bouclier. Ils ont fièrement écrit la glorieuse épopée de l’été 1988, la plus glorieuse de l’histoire de la lutte du peuple iranien pour la liberté.
Ils ont attesté d’une vérité glorieuse qui a écrit une nouvelle page d’or dans le destin du peuple iranien dont la perspective continue d’appeler notre nation à se lever, à endurer et à lutter.
Maryam Akbari-Monfared
Prison d’Evine – Juillet 2019