CNRI Femmes – Cinquante étudiants de l’université de Téhéran ont été arrêtés après avoir participé à des manifestations de solidarité avec le soulèvement en Iran. Ils ont été incarcérés dans les prisons d’Evine et de Fachafouyeh dans des ambulances.
Lundi 18 novembre 2019, un grand groupe d’étudiants de l’université de Téhéran a organisé une manifestation sur le campus de l’université pour protester contre le triplement du prix du carburant, les conditions de vie catastrophiques et la forte répression.
Le rassemblement a duré jusqu’à 20 h. Dans l’obscurité de la nuit, des agents en civil ont conduit plusieurs ambulances à l’université, arrêtant un certain nombre d’étudiants et les poussant à bord de ces ambulances. Ils ont été emmenés à la prison d’Evine et à la prison du Grand Téhéran, alias Fashafouyeh.Un certain nombre d’étudiants ont également été arrêtés à l’extérieur de l’université.
De même, Melika Gharagozlou, étudiante en journalisme à l’université Alameh Tabataba’i de Téhéran, a été arrêtée le 18 novembre 2019 par des agents de renseignement dans la rue. Lors d’un bref appel téléphonique à sa famille, elle leur a dit qu’elle était détenue à la prison d’Evine.
Les dernières données compilées par l’opposition iranienne, les Moudjahdine du peuple d’Iran, indiquent que le soulèvement s’est étendu à au moins 165.
Selon les dernières informations venant de la ville de Racht, une femme aurait été tuée dans les fusillades sur les places de Gas et de Palestine à Racht. Le nombre de femmes tuées lors du soulèvement atteint ainsi 11.
Les experts des droits de l’homme de l’ONU se disent inquiets des arrestations, des morts et de la fermeture d’Internet
Dans un communiqué publié le 22 novembre 2019 à Genève, des experts des droits de l’homme de l’ONU ont exprimé de graves préoccupations au sujet de la situation en Iran alors que des manifestations se sont propagées dans tout le pays la semaine dernière.
« Nous sommes profondément préoccupés par les informations faisant état de morts et de blessés, et par le fait que les autorités ont peut-être fait un usage excessif de la force contre ceux qui ont participé aux manifestations », ont déclaré les experts. « Nous rappelons aux autorités qu’en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la force meurtrière ne doit être utilisée que lorsque cela est strictement inévitable pour protéger la vie. »
Les experts se sont également dits préoccupés par la fermeture d’Internet à l’échelle nationale, affirmant que les mécanismes internationaux des droits de l’homme, y compris le Conseil des droits de l’homme, avaient condamné ces actions disproportionnées.
Bien que les rapports fassent état d’une augmentation marginale de la connectivité le 21 novembre, celle-ci a été très limitée.
« La fermeture d’un tel réseau à l’échelle du pays a clairement un objectif politique : supprimer le droit des Iraniens d’accéder à l’information et de communiquer à un moment de protestation croissante », ont déclaré les experts. « Une telle mesure illégitime prive les Iraniens non seulement d’une liberté fondamentale, mais aussi d’un accès de base aux services essentiels.
« Nous exhortons vivement le gouvernement à rétablir l’accès complet à Internet et à s’engager à le maintenir opérationnel à tout moment, en particulier pendant les périodes de protestation publique.
« Les avertissements des autorités iraniennes selon lesquels des mesures décisives pourraient être prises si les manifestations ne cessent pas suscitent de sérieuses craintes que la situation ne se détériore davantage », ont déclaré les experts. Ils ont encouragé le Gouvernement à chercher à engager le dialogue avec ceux qui participent aux manifestations et à s’abstenir de prendre des mesures qui répriment ou portent atteinte à leurs droits fondamentaux.