CNRI Femmes – Le 25 novembre est une bonne occasion d’examiner la violence d’Etat menée contre les femmes en Iran par la dictature religieuse.
Le régime des mollahs est fondamentalement misogyne. Cela signifie qu’il puise ses forces et sa politique dans l’assujettissement des femmes et la discrimination sexuelle.
La violence d’Etat contre les femmes en Iran a deux caractéristiques : 1. elle est parrainée par l’État et 2. elle est institutionnalisée dans la loi et promue par elle.
Par conséquent, l’Iran possède l’une des statistiques les plus élevées sur la violence à l’égard des femmes. Les responsables admettent que cette violence a connu une augmentation dramatique ces dernières années. Tout en reconnaissant que les dernières études en Iran remontent à 14 ans, les experts du régime ont affirmé que 66 % des Iraniennes avaient été victimes de violence au cours de leur vie.
Les chercheurs et experts sociaux du régime admettent également que les structures juridiques et disciplinaires sont mises en place pour que les hommes se permettent d’utiliser la force et la violence contre les femmes. (Agence IRNA – 18 juillet 2019)
Constitution, codes pénal et civil
La Constitution et les lois du régime des mollahs encouragent les mariages précoces, la maltraitance des enfants, la violence domestique et les crimes familiaux.
L’âge légal du mariage pour les filles en Iran est de 13 ans et le père est autorisé à marier sa fille même si elle n’a pas cet âge avec l’approbation d’un juge. L’année dernière, le parlement des mollahs a rejeté le projet de loi visant à relever l’âge du mariage des filles à 16 ans, affirmant qu’il était contraire aux enseignements religieux.
Le projet de loi visant à prévenir la violence à l’égard des femmes a été bloqué pendant huit ans au parlement et au pouvoir judiciaire des mollahs. Enfin, en septembre, le pouvoir judiciaire a transmis le projet de loi au gouvernement pour adoption ultérieure mais en a changé le nom en « Protection, dignité et sécurité des femmes contre la violence ». Il a supprimé au moins 41 articles du projet de loi initial et l’a réécrit en cinq chapitres et 77 articles. (Agence IRNA – 17 septembre 2019)
Selon des experts, l’une des principales lacunes du nouveau projet de loi est le remplacement du mot « femmes » par « Mesdames », visant exclusivement les femmes mariées. Par conséquent, les filles de moins de 18 ans, les célibataires, les victimes de maux sociaux et celles qui subissent ces préjudices, ne sont pas visées par ce projet de loi.
Le projet de loi ne criminalise pas non plus le harcèlement sexuel, le viol et l’exploitation sexuelle et ne prévoit aucune peine pour les agresseurs.
Un autre problème grave est l’absence de garanties dans le projet de loi pour prévenir ou contrer la violence faite aux femmes. Le projet de loi a totalement fermé les yeux sur la violence d’Etat à l’égard des femmes pour imposer le voile obligatoire, qui est la principale forme de violence systématique contre les femmes.
La loi iranienne sur la protection des enfants et des adolescents (2002) ne criminalise pas les violences physiques et ne mentionne pas les violences sexuelles.
La Constitution reconnaît que le père est la personne qui possède le sang de son enfant, tolérant ainsi les crimes familiaux commis par les pères.
Le voile obligatoire, principale forme de violence à l’égard des femmes en Iran
La violence d’État pour imposer le voile obligatoire est la forme la plus courante de violence contre les femmes en Iran. Le commandant des forces de sécurité de l’État, Hossein Ashtari, a reconnu en septembre 2016 que ses forces avaient arrêté au moins 2 000 femmes chaque jour dans les villes du pays, pour avoir bafoué le voile. Ces arrestations s’accompagnent de violence.
Plus que la violence domestique, les femmes en Iran sont exposées à la violence d’Etat partout 24 heures sur 24.
Le parlement des mollahs a publié un rapport en juillet 2018 admettant que plus de 70% des Iraniennes ne croient pas au voile obligatoire et se considèrent « abusivement voilées ». Plus de 85 % des « mal voilées » n’approuvent pas l’intervention de l’État pour imposer le voile.
Pourtant, chaque année, les mesures prises par les forces de sécurité pour faire face à l’opposition des femmes au port obligatoire du voile deviennent plus sévères et plus violentes.
L’arrestation, fin juin, d’une jeune femme âgée de 15 ans dans un parc de Téhéran pour n’avoir pas observé le voile lors d’une partie de pistolets à eau avec ses amis a scandalisé l’opinion publique.
La police de Téhéran a également annoncé que l’enlèvement du voile est un exemple de délit social flagrant. (Agence ROKNA – 1er juin 2019)
Les experts de l’ONU ont publié une déclaration dans laquelle ils affirment que 32 femmes ont été arrêtées en 2018 pour avoir protesté contre le voile obligatoire. Au moins 10 femmes ont été emprisonnées pour cette raison, selon les experts.
Le régime clérical a également lancé de nouveaux plans – Nazer 1 et 2 – pour intensifier sa répression des femmes sous prétexte d’imposer le voile obligatoire.
Le représentant de Khamenei à l’état-major général des forces armées, Mostafa Izadi, a annoncé que l’Assemblée pour la promotion de la vertu et la prohibition du vice compte 30 000 membres dans 26 provinces qui envoient leurs rapports tous les six mois au guide suprême. (Agence Irna – 30 septembre 2019)
Exécutions, mauvais traitements des prisonnières
L’Iran est le seul pays au monde qui exécute autant de femmes.
97 femmes ont été exécutées pendant le mandat de Rohani, dont onze entre novembre 2018 et novembre 2019.
Un grand nombre des personnes exécutées sont des femmes victimes de violence domestique et qui ont commis un homicide en état de légitime défense.
Les prisonnières politiques sont systématiquement maltraitées et brutalisées pour en extorquer de faux aveux, et les contraindre à coopérer avec le régime ou à livrer leurs informations.
Saba Kord-Afshari a été emprisonnée et torturée pendant des mois pour coopérer avec le régime. Ils ont même arrêté sa mère pour faire pression sur elle. Quand ils n’ont pas réussi, ils lui ont infligé une peine de 24 ans de prison.
Le régime a également infligé cette année de nombreuses peines de 74 à 148 coups de fouet à des militantes, notamment à Atefeh Rangriz, Parissa Rafii, Nahid Khodajou, Marzieh Amiri, Nasrine Javadi, Sepideh Farhan, Nasrine Sotoudeh, etc.
Dans un cas au moins, 74 coups de fouet ont été infligés à Elham Ahmadi, une soufie, avant sa libération.
Dans deux cas au moins, des militantes ont été brutalisées dans leurs cellules de prison. Dans un autre cas, toutes les prisonnières des quartiers 1 et 2 de la prison de Qarchak ont été brutalisées, gazées au poivre et privées de nourriture et d’eau pour avoir demandé un traitement médical pour une prisonnière malade.
Mariages précoces
Une autre forme courante de violence d’Etat contre les femmes en Iran est le mariage précoce. En raison de la loi et de l’âge légal du mariage qui est de 13 ans et de la pauvreté, le nombre de mariages précoces a augmenté ces dernières années.
L’organisation iranienne de recensement a publié de nouvelles statistiques selon lesquelles 234.000 mariages de filles de moins de 15 ans ont été officiellement enregistrés entre mars 2017 et mars 2018 (année persane 1396). 194 d’entre eux concernaient des fillettes de moins de 10 ans. (Journal gouvernemental Iran – 30 octobre 2019)
Ali Kazemi, conseiller du député légal du pouvoir judiciaire, a annoncé en mars 2019 qu’entre 5 et 600 000 fillettes se marient chaque année (en Iran). Ce chiffre concerne les mariages officiellement enregistrés et ne comprend pas ceux qui n’ont pas été officiellement enregistrés. (Journal gouvernemental Entekhab – 4 mars 2019)
Crimes familiaux
L’Iran a connu de nouvelles formes sans précédent de crimes familiaux au cours de l’année écoulée. Cette forme de violence domestique est due à la culture patriarcale promue par le régime et aussi aux pendaisons de rue sous les yeux de la population.
Il y a eu de nombreux cas au cours de la dernière année où un mari a pendu sa propre femme.
Monireh Abou, 35 ans, enceinte de huit mois, a été pendue par son mari à Boukan.
Maryam Mohebbi, mère de deux enfants, a été pendue par son mari à Songhor pour être rentrée tard.
Maryam Bakhtiai, 29 ans, a été pendue par son frère à Dehloran, puis décapitée.
Shiba Kamran, 21 ans, a été incendiée par ses beaux-parents à Oroumieh.
En mars dernier, l’un des responsables du régime a admis que 98 pour cent des personnes qui se réfèrent aux urgences sociales sont des femmes qui ont été battues à la maison. Reza Jafari, responsable des urgences sociales, a déclaré que 15% de ces femmes ont fait des études supérieures. (L’agence de presse publique Fars – 14 avril 2019)
Néanmoins, les autorités refusent d’annoncer des statistiques claires et précises.
Téhéran, le directeur général de la médecine légale a annoncé que 16 420 cas de violence familiale contre les épouses avaient été signalés dans différents centres de médecines légales. Il a déclaré que Téhéran se classait au 6e rang pour la violence contre les femmes en Iran. (Agence IRNA – 24 juillet 2019)
721 cas de violence contre les épouses ont été signalées en 2018, rien que dans la province de Boyerahmad-Kohguiluyeh. (Agence ISNA – 15 mai 2019)
Dans un seul des cantons de cette province appelé Dishmouk, 11 femmes se sont auto-immolées en six mois.
Un examen plus approfondi de la violence d’Etat à l’égard des femmes en Iran et de ses causes n’entre pas dans le cadre de ce bref article. La seule façon pour les Iraniens et les Iraniennes de jouir de leurs droits est de changer de régime et de renverser le régime clérical, comme nous l’avons vu lors des récents soulèvements en Iran. D’ici là, la communauté internationale devrait prendre des mesures efficaces pour mettre fin aux massacres, à la torture et aux violations des droits fondamentaux du peuple iranien et des femmes.