CNRI Femmes – La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a publié le vendredi 6 décembre 2019 un communiqué exprimant son inquiétude face au manque persistant de transparence concernant les victimes et le traitement de milliers de détenus, ainsi qu’à la poursuite des arrestations qui auraient lieu à travers le pays.
La Haut-Commissaire des Nations Unies s’est déclarée « extrêmement préoccupée par leur traitement physique, les violations de leur droit à une procédure régulière et la possibilité qu’un nombre important d’entre eux soient accusés d’infractions passibles de la peine de mort, en plus des conditions dans lesquelles ils sont détenus ».
L’Office des droits de l’homme de l’ONU a reçu de nombreuses informations faisant état de mauvais traitements à l’encontre de personnes arrêtées, notamment dans le but apparent d’obtenir des aveux forcés.
« De nombreux manifestants arrêtés n’ont pas eu accès à un avocat, ce qui signifie que l’application régulière de la loi n’est pas respectée », a dit Mme Bachelet. « Nous avons également des rapports faisant état d’une surpopulation et de conditions de détention très dures dans les centres de détention qui, dans certaines villes, comprennent des casernes militaires, des installations sportives et des écoles, en plus des centres de détention officiels. Selon certaines informations, des personnes blessées d’une manière ou d’une autre lors de la répression se verraient refuser tout traitement médical en détention. »
« Des images vidéo vérifiées indiquent que de graves violences ont été utilisées contre des manifestants, y compris des membres armés des forces de sécurité qui ont tiré depuis le toit d’un bâtiment du ministère de la justice dans une ville et depuis des hélicoptères dans une autre », a dit Mme Bachelet. « Nous avons également reçu des images qui semblent montrer les forces de sécurité en train de tirer sur des manifestants non armés par derrière alors qu’ils s’enfuyaient, et sur d’autres personnes directement dans le visage et les organes vitaux – en d’autres termes, tirer pour tuer. Il s’agit de violations flagrantes des normes et standards internationaux sur l’usage de la force et de violations graves des droits humains. »
Dans ce qui semble être l’un des pires incidents, qui s’est produit le 18 novembre, la Haut-Commissaire a déclaré que le Haut-Commissariat avait reçu des informations partiellement confirmées selon lesquelles les forces de sécurité iraniennes auraient utilisé des mitrailleuses contre des manifestants sur la place Jarahi à Mahshahr – notamment contre des personnes fuyant la zone et contre des personnes se cachant dans des bosquets de roseaux voisins – faisant au moins 23 victimes, et peut-être beaucoup plus.
Outre les manifestants, on rapporte que des passants dans la rue et des personnes qui regardaient depuis leur domicile ont également été frappés par des balles lors de l’incident de Mahshahr. « Il y a des rapports contradictoires sur la présence ou non d’une ou plusieurs personnes armées parmi les manifestants », a dit Mme Bachelet. « Mais cela ne justifie en aucun cas une réaction aussi aveugle, horrifiante et mortelle de la part des forces de sécurité. »
« Dans l’ensemble, le tableau qui se dégage de l’Iran est extrêmement inquiétant », a déclaré Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
« J’exhorte les autorités à libérer immédiatement de détention tous les manifestants qui ont été arbitrairement privés de leur liberté et à garantir leur droit à une procédure régulière, y compris l’accès à un avocat de leur choix pendant la phase de l’enquête. En cas de nouvelles protestations, j’exhorte le gouvernement à respecter le droit des Iraniens d’exercer leur liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association et, en plus d’enquêter sur les violations déjà commises, à restreindre autant que possible le recours à la force, comme le prévoient les normes et règles internationales pertinentes. »