CNRI Femmes – Deux avocates des droits humains incarcérées en Iran à la prison d’Evine ont envoyé des lettres exprimant leur inquiétude sur la situation des personnes arrêtées lors des manifestations de novembre. Elles ont dit qu’elles risquaient d’être torturées et maltraitées pour leur extorquer de faux aveux contre leur propre volonté.
L’une de ces avocates est Nasrine Sotoudeh dont la lettre a été rendue publique le lundi 9 décembre 2019. Tout en dénonçant les « attaques impitoyables de la police et des forces de sécurité » contre les manifestants, elle a écrit : « Les détenus n’ont pas accès aux avocats de leur choix ni à une procédure régulière. Des responsables gouvernementaux ont appelé à la diffusion d’aveux télévisés de détenus contre eux-mêmes. On craint que certains détenus acceptent de le faire sous la pression physique et psychologique et la torture. »
Mme Sotoudeh a appelé dans sa lettre à « des enquêtes indépendantes en présence de représentants de confiance et d’avocats de personnes et de militants civils, avec l’intervention et sous l’observation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains en Iran, pour poursuivre ceux qui ont ordonné et exécuté le massacre des manifestants ».
Elle a exigé que le régime iranien « annonce le plus tôt possible le nombre de victimes, de blessés et de détenus » durant les manifestations « dont beaucoup sont détenus dans des conditions dangereuses ».
Elle a appelé le régime clérical à « restituer les corps des victimes aux familles et à leur permettre d’organiser des cérémonies de deuil dans la dignité ».
Elle a également exhorté le régime à « cesser d’intimider les familles des victimes et des personnes détenues » et à « garantir la liberté de manifestation et de réunion ».
Soheila Hejab, avocate spécialisée dans les droits de l’homme, a également écrit dans sa lettre : « Je m’inquiète pour mes compatriotes arrêtés lors des récentes manifestations. »
Elle a condamné la répression des manifestations pacifiques et déclaré : « Les autorités ne peuvent fermer les yeux sur la frustration de la population face au climat politique fermée en Iran. Notre peuple a fait ses adieux aux factions dures et réformistes. »
Mme Hejab a appelé à « une campagne pour la liberté des prisonniers politiques » pour « préparer les circonstances de la libération des personnes détenues ».
Parallèlement, 160 avocats et militants des droits humains ont signé une lettre de protestation contre la répression violente des manifestants lors du soulèvement de novembre 2019.