CNRI Femmes – Soraya Abolfathi, enfant unique, est née en 1961 dans une famille aisée de Tabriz, en Iran.
D’une nature profondément compatissante et loyale, Soraya aimait les gens. Son père était un partisan de Mohammad Mossadegh et avait connu la prison politique. Soraya a perdu son père à l’âge de deux ans, et sa mère l’a élevée seule. En grandissant, Soraya a pris conscience de la pauvreté des gens et a toujours cherché des moyens de libérer la société de ces conditions. Elle disait : “C’est pendant mes années de lycée que j’ai senti qu’il y avait une différence entre moi et ceux qui vivaient une vie confortable. J’ai senti que mon esprit voulait autre chose ; elle ne pouvait pas supporter un tel environnement.”
S’engager dans la lutte
Soraya Abolfathi a découvert les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) lors des manifestations contre le chah en 1978-1979.
En 1979, elle a été admise à l’université de Tabriz et s’est spécialisée en biologie. Elle a rejoint l’association des étudiants musulmans soutenant l’OMPI, vendant des journaux, tenant des stands de livres, travaillant à la section des nouvelles de l’association et assurant la sécurité lors de diverses cérémonies.
En juillet 1980, lorsque les centres de l’OMPI ont été fermés par le nouveau régime, Soraya est allée dans la section qui menait des activités avec les gens de divers quartier de Tabriz.
En février 1981, elle a été mutée au centre des publications de l’OMPI à Tabriz. Elle a transformé son propre logement loué en une maison d’édition en acceptant toutes les responsabilités qui y sont liées.
Lorsque la résistance nationale a été déclenchée le 20 juin 1981, la vie Soraya a pris une nouvelle voie. Alors que le régime de Khomeiny tuait des combattants de la liberté jour et nuit, elle a ressenti la plus grande pression en apprenant la mort de ses camarades. Soraya a confié : “Entendre ces nouvelles nous blesse au plus profond de nous-mêmes et nous devons avancer plus vite sur le chemin de la lutte pour la liberté. Mon seul souhait est de me battre dans ce domaine jusqu’à mon dernier souffle.”
Arrestation et emprisonnement, une nouvelle épreuve
Le 19 août 1981, des gardes armés ont fait irruption dans la cachette de Soraya Abolfathi à minuit. Soraya a aidé son mari à s’échapper, mais elle a été arrêtée et emmenée à la prison de Tabriz. Elle a été torturée, brutalement et continuellement, pendant 34 jours.
Une de ses compagnes de cellule a écrit : “Lorsqu’elle a été arrêtée, Soraya s’est présentée comme une femme au foyer. C’est pourquoi ils l’avaient emmenée dans le quartier commun des femmes. Cependant, peu de temps après, ils ont découvert son identité. La gentillesse de Soraya touchait toujours tout le monde dans cette section. Une détenue Allemande qui appréciait la personnalité de Soraya, lui a dit un jour : “Quand je serai libérée, je parlerai de vous dans des interviews à la télévision et dans des magazines”. Et elle l’a fait. L’Allemande a aidé financièrement l’OMPI en quittant la prison, en disant : “Je regrette de ne pas avoir plus d’argent à vous donner, mais je promets de continuer à aider financièrement l’OMPI à l’extérieur de la prison”.
Gifler le mollah criminel Moussavi Tabrizi
Selon les témoins, la plupart des femmes et des filles condamnées à Tabriz ont été soumises à des tortures spécifiques. Moussavi Tabrizi, le juge religieux de Tabriz à l’époque, demandait d’abord aux filles et aux femmes qu’il poursuivait en justice de l’épouser. En réponse à cette offre honteuse, Soraya a giflé Moussavi, ce qui l’a tellement énervé qu’il l’a immédiatement condamnée à mort.
Son interrogateur, qui avait perdu tout espoir de briser Soraya, lui a dit : “Nous allons te tuer. Très facilement. Si tu ne parles pas.” Et Soraya de répondre courageusement : “Je ne suis qu’une personne. Tôt ou tard, je disparaîtrai. Vous pensez qu’en m’envoyant à la potence, tout sera terminé. Mais c’est une illusion. Je serai exécutée, mais à ma place, il y en aura des milliers d’autres qui lutteront contre Khomeiny et son régime.”
Les interrogateurs ont essayé de briser l’esprit de Soraya et de la forcer à abandonner. Ils l’ont convoquée et lui ont dit de se repentir à plusieurs reprises. Cependant, elle est restée fidèle à ses convictions. Dans sa dernière réponse aux interrogateurs, elle a dit : “Je n’ai rien à dire. Je ne crains pas l’exécution et j’accueillerai mon martyre à bras ouverts.”
Dernière visite mère-fille
Lors de sa dernière visite à sa mère, Soraya Abolfathi l’a serrée dans ses bras et lui a dit : “maman, je vais être exécutée. Je ne veux pas que tu pleures pour moi après mon départ et je veux que tu sois forte. L’ennemi ne doit pas voir tes larmes.” Et sa mère lui a promis de le faire.
Après la visite, Soraya est retournée dans sa cellule avec un sourire si éclatant que ses compagnes de cellule ont cru qu’elle avait été libérée. Avec un esprit fort, elle leur a raconté sa décision de continuer à lutter jusqu’à son dernier souffle et a dit : “C’était ma vocation. C’était quelque chose que je devais prouver et j’espère que cela satisfera Dieu et notre peuple.”
La condamnation à mort
L’une des compagnes de cellule de Soraya a écrit : “Le lundi 24 septembre 1981, à 10 heures du matin, Soraya a été convoquée au tribunal. Il était 18 heures quand elle est revenue. Elle s’est précipitée dans la cellule en disant : ‘Je n’ai pas encore prié’. Je lui ai demandé : “Que s’est-il passé ? En un mot, elle a répondu : “Exécution !” et s’est empressée d’aller prier. Il y avait un silence absolu dans la salle. Quand elle a fini de prier, je lui ai demandé : “Qui t’a appelée ?”. Elle a répondu : “Shoja’i, l’adjoint de Moussavi Tabrizi”. J’ai attendu longtemps avant que ce soit mon tour. Parce que nous avons beaucoup d’exécutions ce soir. Tout le monde était là. Shoja’i m’a dit : Tu vas être exécutée. “Je lui ai dit que je le savais depuis le premier jour ; le martyre pour Dieu et le peuple est un honneur.” Puis je suis sortie de la pièce. L’interrogateur, Mehdizadeh, m’a rappelée. Il m’a parlé pendant des heures et m’a dit de me repentir. Je lui ai donné les mêmes réponses que d’habitude’. Les compagnes de cellule ont dit à Sorayya de demander un sursis d’exécution pour le bien de son bébé à naître. Mais Soraya a répondu avec détermination : “Si ces gens étaient de vrais musulmans et des êtres humains, ils sauraient qu’ils ne doivent pas exécuter une femme enceinte. Mais je ne leur serai jamais redevable. Qu’ils me tuent telle que je suis, pour que leur mal soit révélé au grand jour”. L’une de ses camarades de cellule lui a demandé : “Soraya, n’as-tu pas peur de la potence ?”. Elle a répondu : “Non ! Je vais à la rencontre de Dieu et de tous les autres martyrs ce soir. Alors pourquoi aurais-je peur ? Et pourquoi ne serais-je pas heureuse ?
Puis tout le monde a récité quelque chose. Quelqu’un a chanté un hymne kurde, un autre a récité un verset du Coran, et un autre a récité un poème. Soraya a chanté un hymne et a étreint tout le monde dans la section. Quand je l’ai serrée dans mes bras, elle m’a dit : “Quand tu veux te souvenir de moi, regarde simplement cette étoile brillante que je t’ai montrée dans le ciel, et dis que cette étoile est Soraya. Quand tu seras libérée, je veux que tu dises à tout le monde de poursuivre mon chemin avec plus de détermination que jamais. Parce que la victoire nous appartient. Rends aussi visite à ma mère et ne la laisse pas seule.
Dans une lettre à son mari, Massoud Zakeri, Soraya a montré ses profondes émotions : “Un Modjahed (membre de l’OMPI) doit dépasser ses émotions personnelles et faire ce qui est nécessaire pour donner de la chaleur et de la lumière aux autres. Un Mojahed apporte l’amour et la beauté à sa nation et c’est ce qu’il aime. C’est exactement pourquoi on sacrifie tout dans sa vie et on choisit la voie de la lutte avec toutes ses difficultés.”
Massoud Zakeri a été arrêté un an après l’exécution de Soraya. Il a été vicieusement torturé avant d’être exécuté à Tabriz.
La nuit de l’exécution de Soraya
Le 24 septembre 1981, à 21 heures, Soraya Abolfathi a été emmenée pour écrire son testament. L’une des témoins écrit : “Dans la prison de Tabriz, le quartier des femmes était à côté de la clinique de la prison, et le champ du peloton d’exécution était aussi à côté. Lorsqu’ils emmenaient des prisonniers pour les exécuter, ils passaient devant notre quartier, et nous voyions leurs visages par la fenêtre. Cette nuit-là, je me suis assise derrière la fenêtre. La file des prisonniers qui allaient être exécutés passait et ils chantaient ou plaisantaient bruyamment entre eux. De nombreux hommes ont été exécutés cette nuit-là. À 23 heures, c’était le tour de la dernière personne. Soraya ! Quand elle est arrivée devant notre salle, elle a crié : “Les filles, je m’en vais, au revoir !” Puis elle a scandé en turc : “Quand Hanif-Nejad a été exécuté, il a dit : “A bas Khomeiny, vive Radjavi, vive l’OMPI !”. Lorsqu’elle a atteint le champ du peloton d’exécution, ses cris ont été étouffés par les coups de feu. Quelques instants plus tard, l’agent de service est redescendu en courant du champ, le visage blanc. Je lui ai demandé, “Quels étaient les derniers mots de Soraya ? Il a répondu : “Elle a crié un slogan et a dit : “Dépêche-toi de me tuer, je veux partir plus tôt”.
Soraya Abolfathi a été exécutée à l’âge de 20 ans. Elle était enceinte de six mois.
Le régime misogyne a montré sa haine de la résistance de Soraya en détruisant sa pierre tombale dans le cimetière de la vallée de Rahmat à Tabriz. Les seuls vestiges de sa tombe sont le ciment, sur lequel on peut à peine voir le nom de Soraya.
Massoud Radjavi a décrit Soraya Abolfathi comme une héroïne dont la résistance légendaire éclipse la scène déchirante de son exécution.
Le Bureau des relations publiques du ministère des Renseignements a enregistré l’exécution de Soraya Abolfathi et de 34 autres membres de l’OMPI. Le journal Kayhan a publié leurs noms le 28 septembre 1981.