Le rôle de premier plan des femmes et de leurs unités de résistance dans les manifestations en Iran
Les femmes sont la force du changement, dont le monde a été témoin et qu’il a admiré au cours des trois dernières semaines pendant les manifestations en Iran, appelant à un changement de régime dans ce pays.
Les femmes iraniennes ont payé un lourd tribut de leurs enfants et de leurs vies pour maintenir les flammes de la résistance allumées pendant 44 ans. Elles ont également payé un lourd tribut à la refonte des relations au sein du mouvement pour accepter le leadership politique des femmes dans leur longue lutte contre un régime misogyne.
Aujourd’hui, le jour est venu pour toutes les femmes iraniennes de montrer leur puissance dans les rues et de mener la quête d’un changement de régime en Iran. Le monde entier a observé et admiré les jeunes femmes dans des centaines de villes et des dizaines d’universités qui couraient, inspiraient et menaient les protestations.
Outre les chants universels de “Mort au dictateur” et “Mort à Khamenei” (le guide suprême des mollahs), elles ont crié : “Ce n’est plus une protestation, c’est une révolution !”
Ainsi, les protestations déclenchées le 16 septembre par la mort d’une jeune femme innocente, Mahsa Amini, aux mains de la soi-disant “police des mœurs” se sont transformées en un soulèvement massif répandu à travers l’Iran dans toutes les villes, universités et lycées. Partout, les femmes jouent le rôle principal.
Raïssi et Khamenei ont carrément insisté sur l’utilisation maximale de la force brute pour réprimer les manifestants et arrêter la révolte à n’importe quel prix. Cependant, aucune brutalité n’a pu contenir la colère refoulée des femmes et des jeunes iraniens qui se sont déchaînés après 44 ans.
Le 20 juin 1995, dans un rassemblement à Londres, la présidente élue du CNRI, Maryam Radjavi, s’est adressée aux mollahs et a déclaré : “Vous avez utilisé toutes les formes possibles d’humiliation, d’oppression, de répression, de torture et de meurtre contre les femmes iraniennes. Mais soyez sûrs que vous recevrez le coup fatal de ceux que vous ne comptez jamais. Soyez sûrs que votre régime oppressif sera balayé par les femmes iraniennes conscientes et libres.
![Zhina Amini tombe dans le coma 2 heures après son arrestation par les patrouilles d'orientation](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/09/Brain-death-of-Zjina-Amini-1-min.jpg)
La mort de Mahsa et l’appel au deuil public
Mahsa (Zhina) Amini, 22 ans, originaire de Saqqez, au Kurdistan iranien, s’était rendue à Téhéran pour rendre visite à ses proches dans la capitale. Elle a été violemment arrêtée le 13 septembre 2022. Selon des témoins oculaires, les agents de l’État l’ont brutalisée dans le véhicule des forces de sécurité de l’État et au poste de police morale.
Deux heures seulement après son arrestation, elle est tombée dans le coma. Les médecins ont déclaré qu’elle avait subi une attaque cardiaque et une hémorragie cérébrale. Les coups violents portés à sa tête ont fracturé son crâne. Elle est finalement décédée le 16 septembre 2022.
Le meurtre de sang-froid de Mahsa aux mains de la police des mœurs a suscité l’indignation du public en Iran et dans le monde entier.
La présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi, a appelé à une matinée publique pour Mahsa Amini. Elle a également réaffirmé que les patrouilles d’orientation doivent être dissoutes.
Elle a appelé les femmes courageuses d’Iran à organiser des manifestations nationales contre le régime misogyne des mollahs.
“Les femmes résistantes et résilientes d’Iran se dresseront contre la tyrannie et l’oppression des mollahs et de l’IRGC et les vaincront. Le peuple et les femmes iraniennes riposteront de toutes leurs forces”, a réaffirmé Mme Radjavi.
![manifestations en Iran](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/Tehran-University-students-11-min.jpg)
![manifestations en Iran](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/The-death-of-Mahsa-Amini-students-of-Amir-Kabir-University-clash-with-Bassij-min.jpg)
![manifestations en Iran](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/The-death-of-Mahsa-Amini-students-of-Allameh-University-in-Tehran-3-min.jpg)
Dans les universités et les lycées, les jeunes femmes et les filles se lèvent pour la liberté
Les jeunes femmes se sont particulièrement exprimées dans les universités et les lycées, dénonçant les meurtres de Mahsa Amini et d’une douzaine d’autres jeunes femmes par les forces de sécurité du régime et appelant à la fin de la dictature religieuse.
Le 18 septembre, une manifestation d’étudiants de l’université de Téhéran a suivi les manifestations de colère au Kurdistan. Les étudiantes ont largement participé à la ligne de front de la manifestation sur le campus de l’université de Téhéran.
Les jours suivants, d’autres universités de Téhéran et d’autres villes ont suivi le mouvement
Les lycéennes ont organisé des manifestations anti-régime dans des dizaines d’écoles à travers l’Iran. Certaines sont même descendues dans la rue pour scander des slogans contre Ali Khamenei, le guide suprême des mollahs. D’autres ont scandé : “Cette année, le régime est renversé“.
À Karaj, des lycéens scandaient : “Nous allons reprendre l’Iran !”. Et à Gohardacht, des écolières ont affronté un responsable du régime et l’ont forcé à quitter l’école en criant “Honte à vous !”. À Karaj, des lycéens scandaient : “Mollahs, dégagez !”.
À Chiraz, des lycéennes ont scandé “Mort au dictateur“.
![manifestations en Iran](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/7th-day-of-protests-against-killing-of-Mahsa-Amini-11-min.jpg)
![manifestations en Iran](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/9th-day-of-Iran-protests-1-min.jpg)
Donner sa vie pour la liberté
Des dizaines de milliers de jeunes femmes et de jeunes filles de l’opposition PMOI et d’autres forces éprises de liberté ont été exécutées par le régime clérical dans les années 1980, pour s’être opposées à la tyrannie et à l’oppression des mollahs et avoir refusé de renoncer à leurs convictions en matière de liberté et d’égalité.
Des milliers de femmes figuraient parmi les 30 000 prisonniers politiques massacrés au cours de l’été 1988. D’autres femmes ont été tuées lors des soulèvements de 1999, 2009 et 2019.
À nouveau, lors des manifestations en Iran en 2022, on voit des femmes en grand nombre au premier plan bravant les forces de sécurité et défendant leurs droits.
Bien sûr, ces femmes courageuses et les femmes des unités de résistance, le font au prix de leur vie et de leur liberté.
![](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/Martyrs-of-Iran-protests-2022-min.jpg)
Hajar Abbasi, 60 ans, a été la première femme tuée lorsque les forces de sécurité à Mahabad, au Kurdistan, lui ont tiré dessus avec des fusils à plomb le 19 septembre.
Aysan Madan Pasand est morte à Tabriz après avoir été battue par les forces de sécurité le 19 septembre.
Une femme inconnue a été tuée à Kerman le 20 septembre.
Minou Majidi, 62 ans, mère de trois enfants, a reçu une balle dans la tête et a été tuée par les forces anti-émeutes à Kermanchah le 20 septembre.
Hannaneh Kia, 23 ans, a été abattue par les forces de sécurité à Nowchahr le 20 septembre.
Hadiss Najafi, 20 ans, a reçue six balles dans la poitrine et l’abdomen à Mehrchahr de Karaj le 20 septembre.
Nika Chakarami, 17 ans, a été arrêtée pendant les manifestations de Téhéran le 20 septembre. Elle a été torturée pendant 10 jours, et son corps sans vie a été remis à sa famille le 30 septembre.
Mahsa Mogouii, 16 ans, a été abattue par les forces de sécurité à Fouldchahr, Ispahan, le 20 septembre.
Ghazaleh Chalavi, 33 ans, a été tuée lors de manifestations à Amol le 21 septembre.
Hediyeh Naimani, 25 ans, a été blessée par balle par les forces de sécurité dans la rue Hafez à Nowchahr le 22 septembre. Elle est décédée à l’hôpital en raison de la gravité de ses blessures.
Sarina Esmailzadeh, 16 ans, a été arrêtée par les forces de sécurité lors des manifestations à Karaj le 23 septembre. Elle a été violemment frappée à la tête à plusieurs reprises avec des matraques, ce qui a entraîné sa mort.
![](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/Women-arrested-during-Iran-protests-2022-min.jpg)
Arrestations généralisées de militants
L’agence de presse d’État Mehr News Agency a publié le 21 septembre 2022 une interview du colonel Heydari, commandant des unités spéciales féminines des forces de sécurité de l’État.
Heydari a souligné que pour la première fois, les unités spéciales des FSS déployaient des forces féminines pour maîtriser les troubles. “Pour la première fois, nous avons constaté la présence de femmes parmi la foule d’individus qui perturbent l’ordre et la sécurité publics. Certaines de ces femmes sont des meneuses. En plus de la publicité, elles ont scandé des slogans qui ont brisé les normes. Il a été convenu que nous déployions l’unité des femmes pour arrêter les femmes qui perturbent l’ordre et la sécurité publics.”
Heydari a ajouté : “Nous avons jusqu’à présent arrêté huit dirigeantes.”
Les services des renseignements et les forces de sécurité ont également procédé à de nombreuses arrestations parmi les militants des droits de l’Homme et des droits civils, les anciens prisonniers politiques, les journalistes et même les cinéastes.
Les personnes arrêtées sont détenues dans des conditions inhumaines à la prison de Qarchak ou au quartier 209 de la prison d’Evine. Une quarantaine de militants sont détenus à la prison centrale de Sanandaj.
Les femmes suivantes figurent parmi les personnes arrêtées lors des manifestations en Iran :
Rojin Mousazadeh, 26 ans,
Faranak Rafii, 18 septembre, à Sanandaj
Nazanin Hajizadeh, 33 ans, écrivain, le 18 septembre, à Téhéran
Gachin Mohammadian, 30 ans, le 19 septembre, à Sanandaj
Avin Rasti, 19 septembre, à Marivan
Mahnaz Mohammadi, productrice de documentaires, 19 septembre, à Téhéran
Mansoureh Mousavi, 55 ans, écrivain et sociologue, 20 septembre, à Téhéran
Saeedeh Mohammadi, 30 ans, 20 septembre, à Téhéran
Yalda Moayeri, photographe, 20 septembre, à Téhéran
Leila Abbasi, enseignante et artiste, 20 septembre, à Bijar
Marzieh Talaii, journaliste, 20 septembre, à Saqqez
Niloufar Hamedi, journaliste, 21 septembre, à Téhéran
Zhina Modarres Gorji, 22 septembre, à Sanandaj
Batool Balali, journaliste, 22 septembre, à Sirjan, Kerman
Samira Alinejad, journaliste, 22 septembre, à Sirjan, Kerman
Saeedeh Moradi, 22 septembre, à Abhar
Sanaz (Saba) Razavifard, 22 septembre, à Behbahan
Fatemeh Rajabi, journaliste, 23 septembre, à Téhéran
Vida Rabbani, journaliste, 23 septembre, à Piranchahr
Maedeh Delbari, 24 septembre, à Téhéran
Mahsa Gholam Alizadeh, avocate, 24 septembre, à Téhéran
Fatemeh Niknam, 25 septembre, à Dehdacht
Fatemeh Qara’ati, le 25 septembre, à Dehdacht
Rose Barjas, 25 septembre, à Dehdacht
Aida Kiani, le 25 septembre, à Dehdacht
Golrokh Ebrahimi Iraee, ancien prisonnier politique, le 26 septembre, à Téhéran
Elmira Bahmani, 26 septembre, à Racht
Mehrnouch Tafian, journaliste, le 28 septembre, à Ahvaz
Elaheh Mohammadi, journaliste, 29 septembre, à Téhéran
Donya Rad, militante du cinéma, 29 septembre, à Téhéran
Bayan Azizi, 43 ans, militante des droits des femmes, poète et écrivaine, 29 septembre, à Sanandaj
Chiva Mousazadeh, étudiante en maîtrise de littérature, le 22 septembre, à Téhéran
Nazanin Rasouli,
Marzieh Yousefzadeh,
Reyhaneh Sadatian
Mona Borzoii, auteur-compositeur, 30 septembre, à Téhéran
Farideh Nemati, militante des droits des femmes, le 30 septembre à Sanandaj
Maedeh Amir Siafi, étudiante en économie à l’Université de Téhéran, le 30 septembre à Téhéran
Sara Naderi, étudiante en économie à l’université de Téhéran, le 30 septembre à Téhéran.
Soheila Mataii, le 1er octobre à Dehgolan
Delnia Khani, 1er octobre, à Dehgolan
Sarina Hosseini, 1er octobre, à Dehgolan
Safieh Qarebaghi, journaliste et militante des droits des femmes, 1er octobre, à Zanjan
Neda Naji, militante syndicale et ancienne prisonnière politique, le 1er octobre, à Téhéran.
Melika Qaragozlou, 22 ans, étudiante et ancienne prisonnière politique, le 1er octobre à Téhéran
Fatemeh Rachidi, étudiante en littérature anglaise, le 2 octobre, à Téhéran
Atefeh Charmahalian, poète et activiste civil, 3 octobre, à Téhéran
Sepideh Salarvand, militante des droits de l’enfant, 3 octobre
Anahita Hachemipour, étudiante en psychologie, le 4 octobre à Téhéran
![](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/6th-day-of-nationwide-protests-arrested-min.jpg)
Les femmes iraniennes résolues à faire tomber le régime
Mais la répression du régime iranien ne fonctionnera pas. Le pouvoir de la solidarité entre les peuples est mille fois plus puissant que la répression et la terreur.
De Mahsa Amini à Minou Majidi, Ghazaleh Chalavi, Hannaneh Kia, Nika Chakarami, et Sarina Esmailzadeh, qui ont donné leur vie pour la liberté ces derniers jours, et tous ceux qui ont été arrêtés pour avoir résisté pour la liberté, tous sont les témoins de la détermination inébranlable des femmes et des filles iraniennes, et des jeunes courageux à faire tomber cette tyrannie misogyne.
Dans leur dernier saut vers la liberté, les femmes courageuses d’Iran ont besoin du soutien de leurs sœurs du monde entier.
![manifestations en Iran](https://women.ncr-iran.org/fr/wp-content/uploads/2022/10/Fifth-day-of-Iran-protests-1-min.jpg)